Combattre les idées reçues

Les migrants ne volent pas le travail des français

La question de la migration est, depuis quelques années, au cœur des préoccupations des français et des débats. Les idées reçues sont légion et la confusion est savamment entretenue par les marchands de peur et les médias. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre que les migrants veulent juste profiter de nos aides sociales, l’immigration représente aujourd’hui un quart de la population française, les migrants volent notre travail etc.

Nous allons nous pencher aujourd’hui sur la question du travail.

Le fait de devoir quitter son foyer, son pays n’est PAS agréable, surtout lorsque l’on constate la qualité médiocre du pays d’accueil. Mais alors, pourquoi y a-t-il autant d’immigration aujourd’hui ? Après la guerre, ce sont les causes économiques qui sont responsables de l’immigration. Ces causes économiques résultent souvent de l’action d’organisations mondiales financières, bien occidentales, bien capitalistes, tel que le FMI (Fond Monétaire International) qui appauvrissent la structure économique d’un pays afin d’en tirer le maximum de profit. Plutôt que de tirer sur l’immigration, les occidentaux devraient en rechercher la cause, MÊME SI cela implique une remise en question de notre modèle économique actuel bien aimé !

À leur arrivée, les migrants occupent des postes mal payés, dangereux et éprouvants. Mais cela représente-t-il un « vol de travail », comme le voient beaucoup de français ? Et bien non. Les sources se recroisent en ce sens. D’après Thomas Porcher1, docteur en économie de l’université Paris | Panthéon-Sorbonne, auteur de l’ouvrage Les délaissés, paru en 2020 aux éditions Fayard, les migrants n’occupent que des emplois que les français ne veulent plus exercer. De même, les échos publient le 12 décembre 2023 un article stipulant que « les étrangers sont en poste dans des secteurs bien identifiés, ceux qui sont les plus touchés par le manque de main-d’œuvre. Restauration, bâtiment, aide à la personne, propreté… Autant de métiers qui ne trouvent pas preneur alors que la demande est bien là. ».

Mais si les migrants ne « volent » pas le travail des français, comment expliquer la récurrence de cette idée reçue ? La cause est multifactorielle, mais comme le dit Thomas Porcher dans son ouvrage susmentionné, la confusion règne notamment à cause des médias. Ainsi, CNEWS fait aujourd’hui l’objet d’un examen mené par l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) sur demande du Conseil d’État. Cette demande a d’ailleurs fait l’objet d’une émission satirique de Blast « Rhinocéros » le 25 février 2024. L’objet de cette demande ? Tout simplement la question du pluralisme et de l’indépendance de l’information. En gros, la chaîne n’est pas impartiale et équitable envers tous les partis sur le temps d’antenne attribué. En gros, cette chaîne est d’extrême droite et alimente les discours de cette mouvance, comme le montre le graphique ci-dessous, établi par le professeur émérite en sciences de l’information et de la communication François Jost, sur commande de Reporters Sans Frontières :

Source : https://rsf.org/sites/default/files/rsf_drupal7/rapport_de_francois_jost_pour_rsf_cnews_un_exemple_de_chaine_dopinion__0.pdf

Le professeur nous apprend sur l’émission « C médiatique » du dimanche 18 février 2024 que depuis 2022, date de cette enquête, les pourcentages n’ont pas évolué. D’autant que cette chaîne en particulier a de nombreuses fois été sanctionnée auparavant pour cause d’appel à la haine, de racisme etc.

Dès lors, comment s’étonner que l’opinion politique des français penche dangereusement à droite voire à l’extrême droite ? Il est naturel que les spectateurs se forgent une opinion fausse de la réalité si ce qu’ils entendent est déformé, haineux, raciste, et volontairement partial.

Les chaînes d’information qui appartiennent à des milliardaires ont un parti pris évident. Elles distillent dans la société les idées de la classe dominante. Les journalistes qui ne défendent pas certaines idées ou qui dérangent se font bien vite remettre « dans le droit chemin » par leur direction2.

L’ARCOM a bien du mal à réguler l’activité des chaines de milliardaires. Selon un article du monde3, C8 et CNEWS, toutes deux dirigées par le milliardaire Vincent Bolloré ont reçu entre décembre 2012 et mars 2024 au moins 42 sanctions de l’ARCOM, « avec une nette accélération de leur fréquence depuis quatre ans », notamment pour « provocation à la haine raciale » et « injures publiques à caractère raciste ». Force est de constater que ces sanctions sont inefficaces, que le dirigeant de ces chaines n’en a cure du moment que l’audimat ne périclite pas.

Il faut que les chaînes de milliardaires d’opinions telles que CNEWS, se faisant passer pour des chaînes d’informations au demeurant, soient sanctionnées systématiquement et plus sévèrement par l’ARCOM et ne soient plus autorisées à diffuser sur la TNT, qui est un service public, si elles ne respectent pas leur contrat.

Ces chaînes, au-delà de la propagande raciste dont elles sont friandes, ont également pour effet de diviser les travailleurs. Et oui, diviser pour mieux régner n’aura jamais été aussi bénéfique pour les milliardaires. Si tout va mal, ce n’est pas la faute du capitalisme et des inégalités sociales, c’est sûrement de la faute des assistés, des migrants etc.

En nous divisant entre nous, ils empêchent ainsi la création d’une conscience de classe, pourtant essentielle à la lutte pour nos conditions de vie à nous, les « sans dents » comme nous caractérisait notre ancien président François Hollande. Président soit dit en passant dont le capital estimé en 2012 à 1,8 millions d’euros, à connu une hausse de 8% pendant son quinquennat notamment grâce à la hausse de la valeur de ses biens immobiliers4.

Il est urgent pour nous de nous unir, de nous émanciper de l’addiction de ces chaînes capitalistes en clamant fermement à tous ces fortunés : « c’est fini, nous ne nous laisserons plus avoir par vos mensonges » et de renverser tous ensemble l’ordre établi. Reprendre le contrôle de nos propres vies sera pour nous, membres de la classe populaire, l’enjeu de ces prochaines années.

Péjé

 

1 Thomas Porcher, docteur en économie de l’université Paris | Panthéon-Sorbonne, auteur de l’ouvrage Les délaissés, paru en 2020 aux éditions Fayard

2 Voir l’intervention de M. Jean-Baptiste RIVOIRE lors des auditions parlementaires autour du renouvellement des autorisation de diffusion des chaine TNT par exemple.

3 https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/03/20/retrouvez-toutes-les-sanctions-de-l-arcom-contre-c8-et-cnews_6223105_4355770.html

4 https://www.capital.fr/economie-politique/le-patrimoine-de-francois-hollande-a-grossi-de-250-000-euros-pendant-le-quinquennat-1232804

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