Le résultat du second tour des législatives est un marqueur du renversement qui s’opère. L’arrivée en tête du Nouveau Front Populaire va soulever des espoirs parmi une large partie des travailleurs et de la jeunesse et notamment ceux qui subissent le plus durement les conséquences de la crise du capitalisme. Macron et son gouvernement, gestionnaires des intérêts de la classe capitaliste n’ont fait que mener une politique de casse sociale qui les ont menés à être de plus en plus discrédités. Macron est arrivé au pouvoir en 2017 sous des airs de renouveau politique bouleversant le clivage droite gauche, mais sa politique n’a pas résisté à l’exercice. Il a mené une politique de droite classique et a usé de l’autorité pour étouffer toute contestation à coups de matraques et de 49.3. Si le Parti présidentiel allié à Horizon est en deuxième position, il le doit au désistement des candidats du NFP arrivés en troisième position au premier tour et éligible au deuxième tour. Quant au RN qui se croyait déjà à Matignon, il est vrai fortement aidé par les conséquences du macronisme, s’est vu barrer la route notamment par la stratégie électorale, mais aussi par l’engouement qui grandi derrière le NFP.
Néanmoins il ne faut absolument pas oublier le danger de l’extrême droite car élection après élection le RN s’installe toujours plus durablement dans le paysage politique. Comme nous l’écrivions dans notre article sur les résultats du premier tour la montée constante de l’extrême droite et le dynamisme du NFP sont des symptômes à prendre très au sérieux qui constituent les prémisses d’une situation prérévolutionnaire, mais qui pourrait basculer du côté de la contre révolution . Cette situation résulte de l’impasse des gouvernements successifs, qui, soit mènent une politique de gestion du capitalisme sous les bons conseils du MEDEF, soit se refusent à lancer une véritable offensive contre celui-ci et ne proposent que de soulager les symptômes d’un système en crise. Au final, ils finissent simplement par appliquer une politique légèrement moins brutale que les premiers.
Cette élection n’a pu permettre de dégager une majorité absolue et il ne pouvait en être autrement compte tenue de ce qui est expliqué précédemment. Le système capitaliste est en crise et avec lui le parlementarisme. Les problèmes et les difficultés rencontrées par la population sont bien trop profonds pour être résolus par la voie parlementaire. A en croire les premières déclarations des dirigeants des principaux groupes composant le NFP, il n’est pas question pour le moment de former une coalition afin d’obtenir une majorité absolue. Si le NFP entre au gouvernement comme il le revendique, il rencontrera les mêmes difficultés que ses prédécesseurs. L’application du programme du NFP représenterait une avancée majeure pour les travailleurs et ce au détriment des capitalistes. En défenseur du capital, Renaissance, Horizon, LR et RN s’opposeront systématiquement à toutes les mesures qui, au passage dévoilera encore plus clairement le caractère antisociale et pro capitaliste de l’extrême droite aux yeux de ceux qui pensaient qu’elle était du côté des travailleurs.
Les capitalistes ne resteront pas les bras croisés à regarder une politique qui minera leurs profits. Dans l’hypothèse d’un gouvernement NFP, ils exerceront des pressions sur le gouvernement, mèneront une politique de sabotage économique et pointeront le nouveau gouvernement comme responsable de l’accélération de la crise économique. Soyons sûr qu’ils le feront, l’histoire l’a démontré à maintes reprises. Lors d’un débat télévisé pour la campagne de la présidentielle de 2022, Geoffroy Roux de Bézieux président du MEDEF à cette époque avait clairement menacé Mélenchon qu’il n’y aurait aucune coopération de la part des « entrepreneurs » dans le cas d’une politique qui viserait à augmenter les taxes sur le capital et les profits. Il faut y entendre des manœuvres de déstabilisation économique. Le gouvernement du NFP devra faire face à ce type de pression et ses ennemis tenteront de semer la discorde par le biais des éléments les plus droitiers du NFP notamment l’aile droite du PS, EELV ou Place publique de Raphaël Glucksmann. Ce dernier déjà, lance des appels à l’aide sur sa droite, effrayé par les résultats électoraux. Il y a aussi d’autres éléments isolés tel Sébastien Jumel du PCF qui dans l’entre-deux tours a appelé à un gouvernement d’union nationale embrassant la « droite gaulliste » pour tenter de récupérer des voix afin d’assurer son élection face au candidat RN mais qui se solde par un échec. Une telle union n’aurait fait que poursuivre la politique de destruction sociale. Ceux-là n’ont plus leur place ni dans le NFP ni dans leurs formations politiques.
Il n’y aura pas d’autre choix que de passer de la lutte parlementaire à la lutte extra parlementaire pour sortir de l’impasse de l’Assemblée nationale et briser la résistance des capitalistes. D’autre part, il faudra se débarrasser des éléments droitiers du NFP qui sont pour ainsi dire acquis au capital, renforcer le programme avec des expropriations des grands propriétaires capitalistes et lancer des mobilisations en contre-offensive des attaques des capitalistes en réponse à ce programme révolutionnaire. Si le NFP n’emprunte pas cette voie et capitule face aux pressions du MEDEF, de la droite et aux premières mesures de rétorsion de la part des capitalistes, la déception que cette situation suscitera ouvrira les portes du pouvoir au RN et la gauche sera discréditée pour de longues années à l’image de Syriza en Grèce. Une fenêtre s’ouvre, il faut saisir l’opportunité par une attitude hardie.
La Riposte