Lutte victorieuse pour les éboueurs de SITA de Vitry-sur-Seine

L e 22 décembre 2014, la quasi-totalité des salariés de SITA de l’établissement de Vitry-sur-Seine ont initié une grève afin d’obtenir de meilleures conditions de travail. Si 30 éboueurs sur un total de 35 ont décidé d’arrêter le travail, c’est parce que leur entreprise assoiffée de profit menaçait leur santé et à terme, leurs emplois.

Ainsi, depuis 2010, cette filiale du groupe Suez Environnement a étendu son contrat avec la ville de Paris concernant la collecte de verre. En conséquence de quoi, les travailleurs ont vu leurs équipes réduites et leur travail intensifié. A la place des deux ripeurs par benne nécessaires au bon fonctionnement du service, la direction n’en a affecté plus qu’un. Les masses de déchets traités par ripeur dépassaient désormais les 500 kg, bien au-delà des 350 kg réglementaires. Cela a occasionné des arrêts de travail à cause de nombreux cas de mal de dos. Pire, des licenciements pour inaptitude ont suivi.

De plus, les bennes datent de 2002. Leur vétusté représente de graves risques d’accidents de travail. Par ailleurs, c’est une source de pollution considérable dans une ville qui connaît déjà nombre de pics de pollution en été. Enfin, la moitié des travailleurs sont précaires. Ils ont des contrats de 6 mois maximum, renouvelés parfois durant 6 ans !

Ces éléments sont à mettre en regard des discours creux de l’entreprise vantant sa « responsabilité sociétale et écologique ». Ainsi, dans les bureaux ouatés des experts en communication, il a été décidé de « développer les talents [des] collaborateurs, améliorer leur qualité de vie au travail et leur équilibre vie professionnelle/vie personnelle ». En termes de développement des talents, les travailleurs n’ont connu que cet emploi ingrat qu’ils font depuis de nombreuses années et un enchaînement de contrats courts sans aucun avenir. En termes de qualité de vie au travail, on a vu les conditions catastrophiques auxquelles ils sont soumis. Et comment assurer l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle lorsque les salariés rentrent trop épuisés et démoralisés pour pouvoir profiter de leur famille ?

Sur le papier, SITA se dit favorable au « dialogue social » alors que durant cette grève, la direction a multiplié les provocations vis-à-vis des travailleurs. D’abord, elle a engagé une société sous-traitante pour remplacer les travailleurs grévistes. Cela constitue une entrave à leur exercice du droit de grève. Ensuite, elle a attaqué des grévistes en justice sous le prétexte qu’ils ont empêché les quelques non-grévistes de se mettre au travail. Outre un acte de répression syndicale, c’est un stratagème de la direction destiné à économiser de l’argent. En effet, la seule action en justice permet à l’employeur de ne pas payer les salaires des non-grévistes empêchés de travailler par un piquet de grève.

Mais la direction a perdu le procès et au bout de 43 jours, les salariés en lutte ont vu une partie de leurs revendications satisfaites. Les grévistes revendiquaient l’embauche des intérimaires, le retour des binômes pour les ripeurs et le renouvellement des bennes. Ils ont réussi à obtenir le fait que 45% des tournées soient effectuées par des binômes. En ce qui concerne l’état du matériel, ils ont gagné la mise en place d’un audit sur l’état des bennes avec obligation pour l’entreprise de remplacer celles qui seraient jugées défectueuses. Cerise sur le gâteau, les camarades de l’Union Départementale de la CGT du Val de Marne ont réussi à collecter 11.000 euros pour la caisse de grève auprès de salariés d’autres branches.

Certes, ce n’est pas la victoire complète que les grévistes attendaient. Mais ce mouvement aura permis aux travailleurs de relever la tête et de s’assurer de la solidarité de classe des autres travailleurs, traditionnelle dans le mouvement ouvrier. Cela laisse présager de belles luttes à venir dans le secteur du nettoiement urbain, tellement stratégique pour le fonctionnement du reste de la société.

R.B.

CGT Paris

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