L’industrie de l’armement israélienne profite du carnage à Gaza

L’économie israélienne dans son ensemble s’est effondrée depuis le début de la guerre contre Gaza. Elle s’est contractée 20 % au cours du dernier trimestre de l’année dernière, alors que des centaines de milliers de réservistes ont été appelés et que l’État s’est préparé à une nouvelle guerre. L’agence internationale de crédit Moody’s a revu la note d’Israël à la baisse pour la première fois dans l’histoire de l’État. Cependant, un secteur de l’économie israélienne se porte très bien : son industrie de l’armement est en en plein essor.

En 2022, Israël était le neuvième exportateur d’armes dans le monde, un exploit étonnant pour un pays dont la population ne dépasse pas 10 millions. Ses nombreuses entreprises de défense ont un chiffre d’affaires de plus de 3,5 milliards de dollars par an, exportant vers plus d’une centaine de pays. Historiquement, l’État d’Israël a exporté des armes vers les dictatures les plus violentes, y compris l’Afrique du Sud pendant le régime d’apartheid et le Chili de Pinochet. Elle exporte actuellement vers des régimes autoritaires comme celui du Myanmar, le Maroc et les Émirats arabes unis. Les exportations de produits spécialisés comprennent des cyberlogiciels qui servent notamment à espionner les téléphones et les ordinateurs de dissidents politiques. Les exportations totales d’armes en 2022 ont atteint 12,5 milliards de dollars. Selon Al Jazeera, Israël est actuellement le plus grand exportateur de drones militaires.

Une vidéo d’Al Jazeera particulièrement instructive décrit comment l’industrie israélienne de l’armement a utilisé l’occupation en Cisjordanie et la guerre contre Gaza comme des laboratoires pour tester de nouvelles armes et de nouveaux systèmes. Les entreprises israéliennes vendent ensuite leurs marchandises mortelles dans des salons de l’industrie de l’armement du monde entier, en soulignant qu’elles ont été « mises à l’épreuve au combat ».

Pendant des décennies, Israël a utilisé la Cisjordanie occupée et Gaza comme un terrain d’essai pour tester de nouvelles armes. Des balles en acier, recouvertes de caoutchouc, y sont utilisées depuis des années, sur de jeunes enfants qui jettent des pierres sur des véhicules blindés. L’émission d’Al Jazeera montre l’exemple terrifiant d’un drone, équipé d’un haut-parleur pour avertir les familles palestiniennes en langue arabe de « ne pas résister » quand les unités de Tsahal mènent des incursions dans leurs quartiers.

L’un des pires incidents de meurtre gratuit a eu lieu en 2014, lorsque quatre jeunes enfants, âgés de 10 à 12 ans ont été tués pendant qu’ils jouaient au football sur une plage de Gaza. Cet incident, selon un chercheur de l’émission, concernait le tout premier test d’un nouveau système de guidage de drone. L’armée israélienne a affirmé que cette tuerie était un « accident tragique ». Mais l’incident n’aura pas empêché les fabricants du dispositif de se vanter de sa grande « grande précision ». La guerre à Gaza, comme l’a suggéré l’un des intervenants dans l’émission, est un énorme « laboratoire d’assassinat » pour Israël.

L’armée israélienne affirme que des « systèmes de ciblage sophistiqués » peuvent localiser les militants du Hamas pour les éliminer efficacement. Mais comme le montre le raid du Hamas du 7 octobre, le renseignement électronique et cybernétique a ses limites. Et maintenant, dans la guerre à Gaza, les « armes de précision » du Tsahal tue au moins vingt, trente ou cinquante non-combattants, principalement des femmes et des enfants, pour chaque militant du Hamas tué.

Non pas que le nombre de victimes civiles soit une considération importante pour ce gouvernement israélien. À Gaza, nous avons vu l’assassinat par des tireurs d’élite d’enfants et de leurs parents en pleine rue. Par ailleurs, trois otages israéliens qui avaient échappé à leurs ravisseurs ont été tués par l’armée israélienne, malgré qu’ils brandissaient des drapeaux blancs.

À Gaza et en Cisjordanie, les forces de « défense » israéliennes opèrent sans aucune contrainte légale ou éthique, depuis des décennies. La guerre génocidaire aujourd’hui à Gaza n’est que la conclusion logique de décennies de préparation.

L’ampleur des exportations d’armes israéliennes mises en évidence par Al Jazeera et dans le livre The Palestine Laboratory d’Antony Loewenstein soulève à nouveau la question du boycott, du désinvestissement et sanctions (ou « BDS ») contre Israël. Il faut impliquer les syndicalistes des transports maritimes et aériens pour empêcher les ventes d’armes à Israël, mais aussi pour empêcher l’achat d’armes produites par Israël et testeés sur des Palestiniens innocents et sans défense.

John Pickard (Left Horizons)

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