Régionales, départementales : L’opportunisme comme seule stratégie du PCF

Le dernier congrès du Parti Communiste Français promettait un renouveau dans le parti qui permettait d’en finir avec son effacement sous prétexte de « rassemblement ». Bien avant le lancement de France Insoumise, le PCF soutient Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2012. Il l’a soutenu de nouveau en 2017. Cette stratégie de renoncement a contribué à l’effacement du PCF, même si elle n’en est pas la seule cause. Ainsi, l’équipe dirigeante issue du dernier congrès a promis que le PCF aurait désormais ses propres candidats à toutes les élections. Or, les élections de cette année démontrent que cet engagement n’est pas tenu.

Les communistes sont actuellement en négociation pour préparer les élections départementales et régionales. En Île-de-France, les dirigeants communistes au niveau régional ont décidé de se rassembler avec France Insoumise. Un an auparavant, pour les municipales à Paris, les communistes étaient en alliance avec le PS contre France Insoumise, tandis qu’à Ivry-sur-Seine, en proche banlieue, le Parti Socialiste s’alliait avec France Insoumise pour essayer d’enlever la mairie au PCF ! Comme quoi l’opportunisme l’emporte sur des questions de programme. Actuellement et toujours en Île-de-France, certains départements verront des listes communes PCF-FI, certains verront des listes PCF-PS. Dans d’autres encore, le PCF partira seul. Vous la suivez bien, la stratégie du PCF en Île-de-France ?

Au siège du PCF, on laissait entendre que si les communistes en Île-de-France se rassemblaient derrière FI, cette dernière pourrait soutenir les communistes dans les Hauts de France. Allons donc voir ce qui se passe dans les Hauts de France. Aux dernières élections régionales, le Rassemblement National et la Droite s’affrontaient au deuxième tour. La droite s’est imposée avec l’appui du PS, au nom d’un « front républicain ». Cette expérience a poussé EELV, le PS, FI et le PCF à se mettre d’accord en janvier pour présenter une liste commune au premier tour. La direction du PCF espérait apparemment que cette alliance soutiendrait Fabien Roussel en échange du ralliement des communistes dans d’autres régions, et notamment en Île-de-France au profit de FI et en Nouvelle-Aquitaine au profit du PS. Mais – oh surprise ! – FI et les Verts quitte la table de négociation, début mars, pour faire une liste sans le PCF et le PS ! Après un nouveau rebondissement de dernière minute, le PCF et le PS baissent leur froc et tout le monde se rassemble finalement derrière un chef de file EELV.

En Nouvelle-Aquitaine, lors de la conférence régionale du PCF, la perspective d’avoir Fabien Roussel comme chef de file dans les Hauts de France a été utilisée comme argument pour se ranger derrière le PS en contrepartie. À côté de cela, les Verts disent vouloir partir seuls aux régionales, mais proposeraient une alliance éventuelle avec le PCF. FI ira avec le NPA (eh oui, l’opportunisme touche tout le monde) et propose, elle aussi, une union éventuelle avec le PCF. L’accord proposé par le PS est particulièrement minable – pire encore que la pitoyable proposition des Verts – puisqu’en cas de victoire de l’alliance il n’y aurait aucun élu communiste dans certains départements. Cela montre bien le respect que nous inspirons à nos « partenaires » prospectifs. La conférence régionale trouvait cet accord acceptable et s’est prononcé à 70 % pour l’union avec le PS, et le vote des militants a validé cette option. Ainsi comme le disait un camarade en réunion de section : « Soit nos chefs sont des idiots, soit ils nous prennent pour des idiots ». Il est probable que ce soit un peu des deux. Au niveau des élections départementales en Nouvelle-Aquitaine, c’est également la grande tambouille. Dans la Vienne, le PCF ira avec les Verts. Dans les Deux-Sèvres le PCF ira avec FI. Charente-Maritime, le PCF ira avec le PS. En Bretagne, le PCF se trouve dans une majorité régionale qui, selon son président socialiste, Loïg Chesnais-Girard, « va des communistes aux Marcheurs » (Le Figaro du 17 mars 2021). Et les dirigeants du PCF dans la région insistent pour que cette alliance dont les macronistes font partie soit renouvelée.  Ça va loin ! Pour beaucoup de militants communistes, la ligne rouge à ne pas franchir est « pas d’alliance avec LaREM ». Et bien, en Bretagne, cette ligne est franchie, pour une promesse 4 ou 5 élus régionaux. La soupe est servie mes camarades… et il y en a pour tous les goûts !

Nous pourrions faire le tour de tous les départements et régions et partout ce serait le même constat. Parfois le PCF est avec le PS, parfois avec les Verts, parfois avec FI, parfois il part tout seul. Toutes les configurations sont présentes. L’impression que cela donne est que des questions de programme sont moins importantes que la chasse aux places. Comment se fait-il que le programme du Parti Socialiste soit acceptable dans une région, mais inacceptable dans une autre. C’est le même parti partout. Il en va de même pour France Insoumise ou les Verts. Clairement, la « stratégie » du PCF n’est pas fondée sur des considérations programmatiques ou politiques, mais uniquement sur l’obtention de sièges dans les institutions, où il sera le prisonnier volontaire de ses soi-disant alliés. Il se vend au plus offrant.

Le spectacle désolant de cet opportunisme fait partie des facteurs qui incitent les travailleurs à se détourner de la politique et de s’abstenir lors des élections. La gauche, dans son ensemble, est largement discréditée. Les travailleurs voient bien que ce qui intéresse les appareils politiques, c’est avant tout le pouvoir… et les privilèges qui en découlent. Partageons-nous encore quelque chose avec le Parti Socialiste, après le quinquennat de Hollande ? Ou avec les Verts, qui sont le plus souvent plus proches des macronistes que des communistes ?

Que fallait-il faire ? En 2022, le PCF prévoit de présenter un candidat (c’était en tout cas l’option prise lors de son dernier congrès), et les élections départementales et régionales nous offrent l’occasion de faire connaître le programme et les idées des communistes, d’une part, et aussi de montrer aussi nettement que possible que le PCF n’est pas un parti comme les autres, qu’il n’est pas prêt à renoncer à son programme pour obtenir des places. Et même si le PCF devait soutenir le candidat de France Insoumise en 2022 (comme le souhaite une partie de sa base), les régionales et départementales auraient pu servir à faire connaître le programme de cette alliance. Il fallait déterminer notre stratégie présidentielle avant les régionales et adopter une stratégie cohérente pour 2021 et 2022. Mais ce n’est pas ce qu’il s’est passé. Il n’y a aucune cohérence.

Comment expliquer aux travailleurs et même à nos propres militants que notre programme est moins important que d’avoir des élus ? Comment expliquer que le PCF forme des alliances différentes, d’une ville à l’autre, d’un département à l’autre, d’une région à l’autre et d’une élection à l’autre ? Les travailleurs sont perdus et écœurés devant ces volte-face, comme le sont de nombreux militants.  Il est temps de le remettre sur pied avec des idées clairement communistes et une stratégie cohérente. L’opportunisme ne doit pas être une stratégie acceptable pour les communistes !

Un militant PCF, région Nouvelle-Aquitaine.

 

 

One thought on “Régionales, départementales : L’opportunisme comme seule stratégie du PCF

  1. Pour être clair , il faut faire une union de la gauche autour d’un programme et que tous les signataires de ce programme s’y plient . Et qu’une obligation soit faite d’inclure des gens de chaque parti aux postes de commandement des régions . Et de faire des primaires d’union de la gauche pour choisir les candidats . La démocratie a été écartée des partis , elle doit y revenir .

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