Bien avant la crise du Covid-19, nous avions annoncé que l’électricité du système capitaliste s’accumulait dangereusement et qu’un orage s’annonçait , et que la crise sanitaire allait lui donner plus de vigueur. Les premiers coups de foudre sont tombés et d’autres vont suivre : Airbus, Air France, Sanofi, etc. Mais la foudre s’abat aussi sur de plus petites entités, sur des territoires moins connus.La foudre capitaliste s’abat sur l’usine Borg Warner en Corrèze !
Pourtant ces foudres font des dégâts énormes ! Quand les capitalistes décident de détruire quelques centaines d’emplois dans un bassin de vie éloignée des métropoles, cela aggrave la catastrophe sociale ! Dans beaucoup de départements que certains considèrent comme ruraux, une fermeture d’usine de 400 salariés a des conséquences encore plus importantes ! Ce jeudi 25 juin, la foudre est tombée en Corrèze, plus particulièrement sur l’usine BW d’Eyrein, à quelques kilomètres de Tulle.
L’usine fabrique des électrovannes et des modules pour des boîtes de vitesse, en grande partie pour le groupe Volkswagen. Cette usine est la continuité d’une usine qui date du milieu du XIXe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, elle a été gérée par les ouvriers pendant 2-3 ans. Ensuite, changement de nom, rachat, et elle devient finalement un site de Borg Warner, un groupe américain spécialiste des pièces pour l’automobile. Le président actuel du groupe est français et originaire de Corrèze, mais la direction siège aux États-Unis, d’où elle a décidé de rayer le site d’Eyrein de la carte !
Les salariés s’inquiétaient déjà pour l’avenir du site, car ses deux produits principaux arrivaient en fin de vie, mais rien ne laissait présager une fermeture définitive. Les annonces successives de plans sociaux se traduisent par une addition de chiffres de destructions d’emploi : mille par ci, deux mille par là, mais ces chiffres ne donnent pas la mesure réelle des conséquences. Il y a d’abord la vie même des salariés directement impactés par les licenciements, mais avec eux il y a aussi des conjoints et des enfants, il y a aussi tous les salariés des entreprises extérieures directement impactées (restauration d’entreprise, nettoyage, maintenances, logistiques, sous-traitants directs, etc. Et ensuite tous les emplois indirects dans les services publics, les écoles, les hôpitaux et les commerces.
Quand un groupe annonce 400 emplois en moins, c’est en fait au moins 600 emplois directement ou indirectement concernés.
Il faut rapporter cela à la population active du bassin d’emploi de l’agglomération de Tulle, où il y a environ 20 000 emplois pour plus de 40 000 habitants. Imaginez l’impact de la perte de 1000 à 1500 emplois !
L’usine de Borg Warner est le plus gros employeur privé du bassin. En voulant supprimer l’usine d’Eyrein, le groupe mené par son Pdg F. Lissalde, ferait exploser un bassin de Tulle, déjà bien endommagé par les restructurations successives de la « Manu » (la Manufacture d’armes de Tulle).
Cette nouvelle fermeture rentre dans un plan global du groupe, qui se base sur une évaluation des du marché de l’automobile dans les années à venir. C’est un plan dont le but principal est une augmentation de la rentabilité et la possibilité de baisser les coûts pour concurrencer les autres fabricants d’automobiles. Ce qui est sûr, c’est que ce projet se prépare depuis des années. Le fait de ne pas développer de nouveaux produits sur le site d’Eyrein marquait la volonté du groupe de le délaisser.
Pour autant les salariés ne comptent pas se laisser faire. L’un des points cruciaux de ce plan est la délocalisation en Hongrie de certaines chaînes de montage, ce qui démontre que la production va continuer pendant un certain temps, mais en Hongrie, désormais ! Il n’y a donc aucune urgence à fermer le site qui, en plus, a largement bénéficié d’aides financières publiques. Nos impôts ont contribué à la construction du site, par le biais des collectivités locales et le CICE. Et il faut rajouter toutes les infrastructures locales qui ont profité à BW, comme les routes ou encore la formation des salariés. C’est le travail des salariés qui a enrichi BW, lui permettant ainsi « d’investir ». On ne peut pas laisser disparaître ce site d’un coup de baguette financière, juste pour permettre à des actionnaires de toucher toujours plus de dividendes ! On ne peut pas non plus passer sous silence le rôle du groupe Volkswagen. Le site d’Eyrein travaille à 90% pour VW. Aucune machine n’est modifiée ou même changée d’emplacement sans l’aval de Volkswagen ! De plus, si BW fait référence aux coûts, c’est bien parce que les grands groupes du secteur automobile mettent une pression énorme sur leurs sous-traitants pour baisser le prix, malgré la hausse du prix des matières premières. Il est donc possible de garder la production sur le site d’Eyrein et de conserver tous les emplois directs et indirects, mais pour cela il va falloir s’engager dans une lutte implacable face aux groupes de Borg Warner et de Volkswagen.
Les syndicats sont sur un pied de guerre. La mobilisation se construit et va prendre de l’ampleur. La première chose est de faire reculer BWA. Il faut aussi réfléchir à l’avenir de la filière automobile en France. Dans un système capitaliste, les groupes feront tout pour continuer à vendre un maximum de voitures en faisant baisser les salaires par tous les moyens possibles. Ils veulent engranger un maximum de profits. Le combat devrait s’engager autour de deux mots d’ordre : maintien du site et des emplois chez Borg Warner et socialisation de l’industrie automobile !
Les politiques n’ont pas tardé à réagir, bien sûr. Il leur faut faire croire qu’ils pourront être les « sauveurs » du site. N’oublions pas que Tulle est la base arrière d’un ancien président. Dès l’annonce (qui a été faite aux élus des collectivités avant les salariés !), le maire (PS), le président d’agglomération (PS), le président du conseil départemental (LR) et le député (LREM) ont envoyé des communiqués, qui donnent à voir leurs orientations politiques et leur asservissement au capitalisme. Pour le président du conseil départemental, BW ferme à cause du « coût du travail » trop élevé en France. On lui rappellera que BW a racheté l’usine il y a plus de 25 ans et que ce serait surprenant que sa direction ait mis 25 ans pour se rendre compte que les salaires en France sont (heureusement) plus élevés qu’en Chine. Pour le maire et le président d’agglomération, il faut trouver un repreneur. C’est déjà l’acceptation de la fermeture de BW. On sait comment finit ce genre de démarche ! Soit il y a un repreneur qui vient se gaver d’argent public pendant 2-3 ans et qui met la clé sous la porte, soit on « convertit » le site avec à la clé quelques emplois dans le commerce ou la logistique. Ces politiciens veulent accaparer le dossier sans tenir compte de ce que souhaitent les salariés et leurs représentants.
La Riposte appelle à participer nombreux à la manifestation du samedi 4 Juillet à 10h00, au départ de la Gare de Tulle !
Un militant CGT de Corrèze