L’action contre-productive des « autonomes »

La manifestation du 14 juin contre la loi El Khomri a montré que la CGT n’avait pas encore puisé dans toutes ses ressources pour faire plier le gouvernement. 1,3 millions de salariés d’étudiants et de chômeurs se sont retrouvés autour des organisations syndicales pour dire « non » à la casse du Code du Travail. L’ambiance était à la fête dès le départ dans les cortèges de la CGT, FO et Sud. Cela faisait plaisir de voir les drapeaux des trois organisations syndicales se mélangeant tout au long du cortège avec des concerts d’artistes engagés, des camions aux slogans combatifs et des animations spectaculaires des travailleurs comme les tambours des dockers ou les torches des cheminots.

Il est utopique de croire que cette mobilisation fera reculer, à elle seule, le gouvernement. Malgré des centaines de milliers de personnes dans la rue, les nombreux secteurs en grève, les poubelles qui s’accumulent dans Paris, les raffineries, les dockers et portuaires en grève, les taxis, la SNCF, la RATP, La Poste et de nombreux secteurs privés, le gouvernement s’entête à vouloir faire passer sa loi. Le comportement du Parti Socialiste lui coûtera, assurément, très cher dans les prochaines échéances électorales. Manifestement, c’est le prix qu’il est prêt à payer pour montrer sa soumission au grand capital. Il est utopique de croire que cette mobilisation fera reculer, à elle seule, le gouvernement. C’est sous le slogan « P comme Pourri, S comme Salope » que le défilé a avancé de la place d’Italie aux Invalides.

De nombreux manifestants n’ont même pas pu dépasser Montparnasse à cause des violences policières, mais aussi d’une partie de ceux qui se nomment les « autonomes ». Un nombre important d’autonomes précédaient le cortège syndical. Dès le début, des affrontements ont eu lieu entre plusieurs centaines de casseurs et les CRS. Sur le trajet, des agences bancaires et d’assurances se trouvant sur le trajet ont été endommagés, mais aussi des bars, des restaurants, des arrêts de bus, des cabinets de radiologie, et des magasins d’optique. Même un hôpital pour enfants et un bus de la CGT des camarades de Limoges ont été attaqués.

Quel est le sens de ces attaques ? Nous pouvons trouver un sens – avec une logique bien à eux – à la casse des banques et assurances, symboles du capitalisme, mais aussi aux jets de pierre sur les CRS, symbole du pouvoir de l’État. Par contre, les attaques contre la CGT, les cabinets médicaux, les restaurants et commerces sont incompréhensibles et inacceptables. C’est en réalité la meilleure façon d’aider le MEDEF et le gouvernement à discréditer la contestation. La police et les milices fascistes ne s’amuseraient pas à se déguiser en « casseurs » si cela ne servait pas le pouvoir. Les violences sur les biens et les personnes ne font pas vaciller le capitalisme, sinon la révolution serait une chose facile. Une seule chose le ferait trembler, c’est de s’attaquer à la source même de son pouvoir, à savoir la propriété capitaliste de l’industrie, des banques et des autres piliers de l’économie. Casser les abris de bus, taguer les murs et briser les vitrines coûtent un peu d’argent. Mais c’est un prix que le capitalisme est prêt à investir pour avoir de belles images pour les journaux télévisés. Au JT du soir, le lendemain dans les journaux, les estimations du nombre de manifestants ont été énoncées rapidement. Mais ni les revendications, ni les 600 bus venus des quatre coins de France, ni la lutte des dockers des cheminots et des autres secteurs en grève n’ont été mentionnés. Il n’y a eu que des images des « casseurs ».

Manquer de confiance dans les travailleurs est le chemin le plus court vers le gauchisme. Un révolutionnaire conséquent essaie de convaincre ses camarades et collègues de la nécessité d’un changement de société. Il discute inlassablement les travailleurs pour les engager dans la lutte contre le capitalisme. Il organise les salariés syndicalement et politiquement pour qu’ils puissent se défendre. Il lutte dans son entreprise, il prend des coups du patronat, il rédige des tracts, il organise des grèves, il défend les salariés aux prud’hommes, il participe aux assemblées générales, aux luttes politiques concrètes. Ce travail d’explication et d’organisation est ingrat et difficile, mais il est indispensable. L’impatience et le manque de confiance dans les travailleurs poussent une certaine jeunesse à mener des actions violentes sans rapport avec la lutte des travailleurs. On ne vaincra pas le capitalisme de cette façon. La révolution ne se fera pas sans l’engagement de la masse des travailleurs et de la jeunesse. Elle ne peut résulter des actions violentes de groupements ultra-minoritaires.

Camarades « autonomes » ! Si vous voulez lutter sérieusement contre les ennemis du peuple, mettez vos cagoules et vos pavés de côté et rejoignez les rangs du mouvement ouvrier. C’est ici qu’il est nécessaire de rassembler les travailleurs et de diffuser des idées révolutionnaires.

Fabien Lecomte CGT 78/ PCF 28

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One thought on “L’action contre-productive des « autonomes »

  1. Pourquoi maintenant les syndicats veulent mettre a genoux le gouvernement ou simplement negocier quelques articles de lois et au final faire des barbecue tout les weekend ?

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