Le référendum sur l’Europe et l’assassinat d’une députée travailliste

Nous publions ci-dessous un article par un camarade britannique, Ulrich S., membre actif du Parti Travailliste, dirigé aujourd’hui par Jeremy Corbyn. L’organisation d’un référendum sur la question européenne était une concession faite par la direction du Parti Conservateur à l’aile « anti-européenne » du parti, ainsi qu’à l’extrême droite nationaliste. Les termes du référendum constituent un piège pour les travailleurs britanniques, sommés de choisir entre un vote pour l’UE réactionnaire et un vote qui profiterait à l’extrême-droite chauvine et raciste. L’assassinat de Jo Cox est une expression des tensions sociales et politiques croissantes en Grande-Bretagne.

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Comme tous les jeudis, la députée du Parti travailliste pour Bristall près de Leeds, Jo Cox, finissait sa permanence électorale à la bibliothèque de sa ville dont elle est l’élue. Soudain un homme de 52 ans armé d’un couteau et d’un pistolet l’attaque. Tout en la poignardant à plusieurs reprises, il crie « La Grande Bretagne d’abord » (« Britain First »), puis la traine dans le caniveau avant de l’achever de trois balles dans la tête.

Quand la police arrive à 13h48, Jo Cox est morte.  Plus tard, son assassin est arrêté. Il s’agit de Thomas Mair, un jardinier de 52 ans décrit comme « simple et courtois » par ses voisins qui n’arrivent pas à comprendre son geste. Très rapidement, la presse de droite et conservatrice souligne qu’il était instable et souffrait d’une longue dépression. Son geste serait alors la conséquence d’une longue maladie. Pourtant, lorsqu’il a commis son geste, Thomas Mair a bien crié « Britain First », comme un cri pour justifier son meurtre.

Jo Cox avait 41 ans. Elle était élue députée depuis 2015. Elle était connue pour ses prises de position contre le racisme, en faveur des réfugiés syriens et du peuple palestinien.  Enfin, elle était une militante de terrain très active, connue pour son soutien aux banques alimentaires locales qui aident ceux qui subissent de plein fouet la politique du gouvernement conservateur, et n’ont d’autres moyens que de dépendre de ses structures pour se nourrir.

Récemment, elle avait pris une part très active dans la campagne contre une sortie de l’Union Européenne, en dénonçant le racisme et la démagogie du « Brexit ».  En somme, Thomas Mair, a choisi sa victime non pas au hasard, mais bien parce qu’elle était une militante de gauche antiraciste et internationaliste.

Mais la vraie question est de savoir pourquoi attaquer une députée travailliste aujourd’hui ? La Grande Bretagne est en plein milieu d’une campagne sur la sortie de l’Union Européenne. Depuis des mois, la campagne pour une sortie de l’UE – appelée « Brexit » – s’est construite sur la haine de l’étranger, du travailleur européen accusé de « voler » le travail des Britanniques, de provoquer l’asphyxie de la sécurité sociale, d’être responsable de la crise du logement et enfin d’avoir envahi la Grande Bretagne.

La presse conservatrice et xénophobe britannique n’a pas hésité à relayer cette haine de l’Europe et des travailleurs européens. Trop souvent, ces journaux ont fait la part belle à la haine raciale pour soutenir la campagne du « Brexit » et n’ont pas hésité à décrire la Grande Bretagne comme un pays envahi par l’Europe, puis par des flots de réfugiés venus de Syrie.

Jo Cox s’opposait à tout cela. Elle était, comme beaucoup de militants du parti travailliste, un soutien actif aux réfugiés. Récemment, elle avait même visité les camps de réfugiés à Calais et Dunkerque, et soutenu un appel à une résolution au niveau européen de cette crise humanitaire sans précèdent depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et elle fut l’objet d’attaques personnelles, notamment de l’extrême droite, pour ses prises de position antiracistes.

Ce climat de haine a certainement joué un rôle primordial dans la radicalisation de Thomas Mair, le transformant en un assassin d’extrême droite. Il était lié aux milieux d’extrême droite et soutenait la campagne pour une sortie de l’Union Européenne. Cela pose donc la question de la nature de cette campagne. Brexit n’est autre qu’une alliance entre la droite libérale, l’extrême droite et quelques opportunistes qui ne pensent à rien d’autre qu’à leur propre carrière politique. C’est une alliance entre tous les pires ennemis de la classe ouvrière.  Ce qui les lie entre eux est leur croyance en la résurgence d’une « Grande Bretagne conquérante » qui stopperait le déclin économique sans fin du capitalisme britannique. Le chauvinisme nationaliste de l’UKIP (principal parti nationaliste et xénophobe en Grande Bretagne) a rencontré l’aile ultra-libérale du parti conservateur, qui voit en une sortie de l’UE la possibilité de briser « les soi-disant » restrictions européennes qui empêcheraient le développement de l’économie britannique. Ces derniers ont compris que l’Europe pouvait leur permettre de masquer la faillite de leur propre politique. Ce n’est plus la faute des Conservateurs si l’austérité a été imposée a tous, mais à cause de l’Europe !

Brexit n’est rien d’autre qu’une campagne raciste où l’extrême droite et le fascisme ont pu diffuser leur haine raciale au grand jour, tout en profitant de la respectabilité de politiciens du Parti Conservateur, tel l’ancien maire de Londres Boris Johnson.

N’oublions jamais que le fascisme est le bras armé du capitalisme. Le but ultime de l’extrême droite n’est autre que la totale annihilation de la gauche et des syndicats. Le cri « Britain First » est aussi un appel au soutien à un parti d’extrême droite bien connu pour ses positions anti-Islam. Un parti de fondamentalistes chrétiens qui depuis quelques années a créé des milices « d’auto-défense » dont l’objectif est de se « préparer à libérer » le pays. Ce parti est membre de cette coalition qu’est Brexit. Sur son site, le parti d’extrême droite n’hésite pas à dire que les militants du Parti Travailliste sont tous « des traîtres » à la nation, et que ces derniers devront être punis. Si le lien entre Thomas Mair et cette organisation n’est pas encore complètement établi, il est fort probable qu’il soit militant ou au moins sympathisant de cette organisation. Dès lors, il est essentiel de comprendre qu’une victoire de Brexit jeudi serait une victoire des pires ennemis de notre camp.

Il n’est bien évidemment pas question de soutenir l’Union Européenne en tant que coalition d’Etats impérialistes, et à ce titre le dirigeant du Parti Travailliste Jeremy Corbyn l’a très bien expliqué.  Mais en aucun cas la gauche ne peut se permettre de soutenir la pire coalition de droite de l’histoire de ce pays. Cette coalition doit être battue. De ce fait, il est primordial de soutenir et de faire voter contre Brexit.

Jo Cox était l’une des nôtres. C’était notre camarade et elle a été assassinée par la vermine fasciste. Sa mort doit servir de rappel sur ce qu’est l’extrême droite. A bas le fascisme ! A bas Brexit !

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