Le 14 octobre, les patrons de la Fédération Nationale des Travaux Publics ont décidé d’une journée d’action pour demander aux pouvoir publics d’aider le secteur du BTP en crise. Leurs revendications concernaient le financement public de la construction ou de la réhabilitation d’immeubles ou d’infrastructures routières, ferroviaires ou fluviales.
Ces revendications sont en totale contradiction avec ce que réclame le patronat dans son ensemble ! Leurs discours habituel consiste à expliquer que l’Etat et les collectivités locales doivent « réduire la voilure », qu’il faut, pour libérer les initiatives, qu’il y ait moins d’Etat etc.….et maintenant une partie du patronat souhaite un investissement public soutenu ?
Ce secteur représente environ 170 Milliards d’euros de chiffre d’affaire (130 pour le Bâtiment et 40 pour les Travaux Publics), pour presque 2 millions de salariés directement embauchés dans les entreprises du secteur, et approximativement plus de 3 millions de salariés en comptant tous les emplois directement concernés. Si la France n’a pas connu à proprement parler d’éclatement de la bulle immobilière, la saturation du marché est réelle et la chute de la mise en construction de logements neufs en est la preuve.
Les gouvernements français qui se sont succédés ont réduit la dépense, impactant aussi le secteur de la construction. La principale source de financement du BTP reste l’investissement public. Pour le secteur du bâtiment, cela représente près de 30% du chiffre d’affaire total et 70% pour les Travaux Publics. En clair, environ 70 milliards d’euros du chiffre d’affaire du BTP provient directement de l’Etat et surtout des collectivités locales. Si l’on considère un taux de marge proche de 10% pour les entreprises du secteur (au plus bas), cela fait que l’argent public rapporte au moins 7 milliards d’euros de bénéfice pour le patronat du BTP. Conserver ce pactole pour le patronat du BTP est vital. Il préfère évidemment que l’argent public continue de l’enrichir, ce qui devrait se faire en rognant encore plus sur le fonctionnement de l’Etat et des collectivités (en réduisant le nombre de fonctionnaires et en baissant leurs salaires et le blocage du point d’indice !).
Quand on connait la réalité du travail dans le BTP, un travail pénible (port de charges lourdes, travail en extérieur, risques importants d’accidents ou de maladies professionnelles etc…), un travail dissimulé quasi institutionnalisé (heures supplémentaires non-payées, travail au noir, emploi de sans-papiers) et la difficulté pour les salariés de se défendre efficacement (lutte antisyndicale du patronat, pressions de toutes sortes), on ne voit pas ce qui justifie que ce secteur soit aux mains d’une clique de parasites de plus en plus petite.
Nous avons besoin de logements neufs de qualité, de réhabiliter l’ancien. Nous avons besoin de routes nouvelles et entretenues pour désengorger le trafic et le faciliter. Nous avons besoin de chemins de fer et également de nouveaux canaux pour la circulation de marchandises…
Cela doit se faire en permettant aux salariés concernés de travailler dignement. Pour cela, le moyen le plus efficace est la nationalisation du secteur sans indemnisation des gros actionnaires, et une gestion démocratique par les salariés et les usagers concernés.
Sylvain Roch CGT