A Aulnay, la direction de PSA manipule les chiffres pour mieux faire passer sa politique d’oppression des salariés.
Le 11 décembre 2012, on apprenait que PSA avait décidé à l’avance de supprimer 1 500 postes en plus des 8 000 annoncés en juillet. Le même jour, les syndicats ont rendu un avis négatif sur le plan social proposé par la direction lors du Comité Central d’Entreprise (CCE). Les représentants des salariés ont demandé à un cabinet indépendant, Secafi, de leur remettre un rapport sur la situation économique et financière du groupe. Ils ont convié le président du directoire Philippe Varin pour la remise de ce rapport. Mais bizarrement, celui-ci a décliné l’invitation. Est-ce à cause des 612 millions d’euros qui ont disparu du résultat net grâce à un tour de passe-passe comptable ? Ou bien à cause des surfacturations entre les sociétés du groupe qui, là encore, permettent de cacher la réalité de ses comptes ? Ou enfin à cause de cette politique de rachats d’actions menée depuis maintenant 12 ans, qui a coûté 6 milliards au groupe, et ce pour assouvir la voracité des actionnaires ? Ce qui est sûr, c’est que les capitalistes à la tête de PSA font tout pour prouver aux salariés et à l’opinion publique que s’ils doivent fermer l’usine d’Aulnay, c’est pour sauver le groupe et, au final, les 55 900 emplois restants…
Mais la vérité est tout autre. En réalité, le marché automobile est en pleine restructuration au niveau mondial. Au niveau européen, la chute du mur de Berlin, au début des années 1990, a ouvert les marchés des pays de l’Europe centrale et orientale (Peco) aux capitalistes qui peinaient de plus en plus à écouler leurs stocks en Europe occidentale. Pour optimiser leurs coûts logistiques, ils ont redéployé leurs usines et les usines sous-traitantes dans ces pays. En France, il se produisait 1 million de véhicules en moins en 2008 qu’en 1990.
Le taux d’utilisation des unités de production françaises du groupe PSA tourne autour de 70 %, voire 60 % pour certains modèles. En fermant l’usine d’Aulnay, Philippe Varin va juste augmenter le taux d’exploitation des travailleurs des autres usines françaises du groupe. Le taux d’utilisation des usines restantes va croître de 7 points, ce qui en fera des sites assez rentables aux yeux des actionnaires. En parallèle, les amis de Philippe Varin siégeant au Medef vont continuer à plaider pour une baisse du « coût » du travail, donc des salaires des ouvriers, avec, soyons-en sûrs, l’oreille complaisante du gouvernement « socialiste ». Au final, la direction de PSA va essayer de résorber les 200 euros de différence des coûts de production de leurs modèles avec les usines d’Europe de l’Est, car délocaliser une unité de production automobile peut s’avérer trop coûteux par rapport aux bénéfices escomptés, surtout avec la présence sur le territoire français de 60 % des fournisseurs.
Nous nous retrouvons face à de la destruction de capital pour en augmenter la rentabilité, ce qui en soi est le fonctionnement « naturel » du capitalisme tel que mis en évidence par Karl Marx. Les conséquences en sont gravissimes pour l’avenir des travailleurs laissés sur le carreau – et pour la santé de ceux que le système a bien voulu garder !
La Riposte