Lors d’une récente réunion publique, à Londres, des militants « d’extrême gauche » ont interpellé John McDonnell (photo), un député de la gauche du Parti Travailliste, en lui reprochant d’être membre du même parti que Tony Blair et Gordon Brown. Notre camarade Harry Whittaker, un vétéran du mouvement syndical, leur a répondu de la façon suivante :
« Le Parti Travailliste a été construit grâce au labeur, à la sueur et aux sacrifices de générations entières de militants ouvriers. Pratiquement dès sa naissance, il a été infiltré par des soi-disant “modérés” dont le seul objectif était de pousser le parti vers la droite. Quoiqu’il en soit, personne ne peut nier qu’au cours de son histoire, le Parti Travailliste a beaucoup fait pour améliorer la vie de la classe ouvrière britannique.
« Aujourd’hui, nous faisons face à une situation intolérable. La grande maison travailliste est infestée de rats – des rats de droite ! C’est allé si loin que, dans certains domaines, sa politique est à la droite de celle des Libéraux. En fait, on peut dire sans exagérer qu’il n’y a pas de différence essentielle entre la politique officielle du Parti Travailliste et celle des Conservateurs. Les carriéristes qui dirigent le Parti Travailliste jètent quelques miettes à la classe ouvrière – et, dans le même temps, se plient en quatre pour promouvoir les intérêts du capitalisme.
« Dans cette situation, qu’est-ce que les militants ouvriers sont supposés faire ? Eh bien, que ferait un travailleur qui, après avoir passé des années à se construire une maison, constaterait qu’elle est envahie par des rats ? Est-ce qu’il abandonnerait la maison pour aller vivre ailleurs, laissant sa demeure sous le contrôle des rats ? Bien sûr que non ! Il lutterait contre les rats jusqu’à ce qu’il se soit débarrassé du dernier spécimen de cette vermine ! C’est exactement l’attitude que doivent adopter les honnêtes militants socialistes à l’égard de la maison travailliste.
« ” C’est impossible”, répondra le cynique égaré, ajoutant : “C’est trop tard, le Parti Travailliste est fichu : c’est une cause perdue.” Ce serait une cause perdue, à coup sûr, si on adoptait tous cette attitude ! Et les rats en seraient bien contents ! Mais cela n’arrivera jamais. Les vrais socialistes savent que le capitalisme traverse une crise après l’autre – désormais à l’échelle mondiale. Et ils savent que les travailleurs ne vont pas tolérer indéfiniment les attaques contre leurs conditions de vie. Ils ne vont pas tolérer indéfiniment la paupérisation et le chômage de masse.
« Le jour viendra où la classe ouvrière britannique exigera du Parti Travailliste qu’il se batte pour une société plus juste, une société socialiste. Lorsque cela arrivera – et cela arrivera – la base du parti fera campagne pour révoquer les députés travaillistes qui continuent de courber l’échine devant la classe capitaliste. La lutte pour reconquérir le Parti Travailliste sera immense, et nul ne nourrit l’illusion qu’elle sera facile. Mais c’est le devoir de tout honnête socialiste de mener cette lutte, et de la mener sans relâche jusqu’à ce qu’elle soit victorieuse. C’est pour cela que John McDonnell et d’autres, comme lui, sont toujours au Parti Travailliste. »
Telle est la voix authentique de la classe ouvrière britannique. C’est la réponse adéquate à toutes les sectes qui grouillent aux marges du mouvement ouvrier, et qui passent leur temps à annoncer la création de partis révolutionnaires de masse composés de trois hommes et un chien.
Les sectes gauchistes s’imaginaient toutes qu’après être passés par l’école de Tony Blair et Gordon Brown, les travailleurs se détourneraient du Parti Travailliste et rallieraient la bannière d’un nouveau « parti révolutionnaire indépendant ». Mais comme disait l’autre, « la preuve du pudding, c’est qu’on le mange » ! Or, quel est le bilan des sectes gauchistes, après dix années d’héroïques tentatives de concurrencer le Parti Travailliste ?
Il y a d’abord eu l’Alliance Socialiste, qui était supposée unir toute la gauche dans un irrésistible assaut électoral contre le Parti Travailliste. Qu’est-il advenu de ce glorieux exemple d’« Unité de la Gauche » ? Après avoir lamentablement perdu chacune des élections, l’Alliance Socialiste a scissionné – au milieu du concert habituel de récriminations réciproques. Comme le disait notre camarade Ted Grant : « malheureux en fusions, heureux en scissions ! »
Une fois l’Alliance Socialiste promptement enterrée, une nouvelle force irrésistible est apparue à l’horizon : « Respect ». Avec le député George Galloway à sa tête et le SWP [une secte britannique] tirant les ficelles, c’était à coup sûr le cheval gagnant ! Pourtant, non : tout s’est rapidement effondré. A présent, il y a deux « Respects » – qui n’ont pas beaucoup de respect l’un pour l’autre !
Plus personne ne prend ces gens aux sérieux. Les sectes ont fait lamentablement faillite. La classe ouvrière les ignore, si bien qu’il ne leur reste plus qu’à passer leur temps à s’attaquer les unes les autres – et à attaquer, bien sûr, le Parti Travailliste. Elles sont organiquement incapables de comprendre que la classe ouvrière n’abandonnera pas à la légère les grandes organisations politiques et syndicales qu’elle a créées au cours de son histoire.
Il est vrai qu’en Grande-Bretagne, de nombreux travailleurs sont dégoûtés par la direction du Parti Travailliste. Mais pour marquer leur mécontentement, lors de scrutins électoraux, ils ne se tournent pas vers les 57 variétés de sectes gauchistes : ils restent simplement chez eux.
Lorsque la classe ouvrière britannique se mettra en mouvement – et il y a des signes clairs que cette heure est venue –, ce mouvement s’exprimera comme par le passé : d’abord à travers les organisations syndicales, malgré le caractère droitier et bureaucratisé de leur direction. Or en Grande-Bretagne, les syndicats sont organiquement liés au Parti Travailliste. En conséquence, tôt ou tard, le mouvement trouvera une expression au sein du Parti Travailliste.
Les mots de notre camarade Harry Whittaker expriment bien les aspirations des travailleurs avancés de Grande-Bretagne. Ils montrent la voie : une lutte sans merci contre l’aile droite du Parti Travailliste, une lutte pour purger le mouvement ouvrier des bureaucrates, des opportunistes et des carriéristes, une lutte pour les idées et le programme du socialisme.
Cette lutte n’est pas facile ? Bien sûr qu’elle ne l’est pas ! Mais tous les travailleurs savent que la vie elle-même n’est pas facile, et que toute cause sérieuse implique une lutte sérieuse. Et une chose est sûre : les sectaires gauchistes de tous poils n’ont jamais rien proposé de mieux. La classe ouvrière n’a pas de temps à perdre avec eux. Laissons les morts enterrer les morts ! Quant à nous, construirons la Tendance Marxiste dans le mouvement ouvrier. Il est grand temps de se mettre au travail !
La rédaction du Socialist Appeal