Si vous êtes jeunes ou que vous avez des enfants, vous avez sûrement entendu parler de Shein. Pour ceux qui ne connaitraient pas Shein, il s’agit d’une enseigne chinoise en ligne s’appuyant sur une production massive et rapide et la vente de produits à des prix dérisoires. On appelle ce modèle fast fashion de par la rapidité de la production mais aussi du changement de collection poussant à une consommation continue. Ce sont les marques comme Zara ou H&M qui ont inventé ce modèle mais Shein est allé beaucoup plus loin. Là où les deux enseignes précédemment citées vendent leurs produits à partir d’une dizaine d’euros jusqu’à quelques fois une centaine, les produits Shein dépassent rarement les 10 euros. Par exemple sur le site internet on peut retrouver des robes à quatre euros ou encore des t-shirts à un euro. Certains pourraient se dire que c’est bien, que ça peut permettre aux personnes les moins fortunées de pouvoir suivre la mode comme le font les plus riches. Et c’est d’ailleurs le mantra de l’enseigne : « Tout le monde peut profiter de la mode ». Mais comme vous pouvez vous en douter au vu du prix, tout n’est pas rose. Alors rentrons maintenant dans la machine Shein.
Déjà présentons Shein en quelques chiffres, cela donnera une idée. On estime que Zara ajoute sur son site environ 30 000 nouveau produits par an soit 82 nouvelles références par jour, ce qui est déjà colossal. Shein c’est en moyenne 7 000 nouvelles références par jour. Mais alors comment Shein peut-elle produire autant et réaliser autant de bénéfices ? Rappelons qu’en 2023, l’enseigne a réalisé 2 milliards de dollars de bénéfices.
Comme toutes les entreprises capitalistes, elle s’appuie sur le besoin de chacun de se nourrir et d’avoir un toit sur la tête. Les employés travaillant dans les usines Shein viennent en grande majorité des provinces les plus pauvres de la Chine. Ils peuvent travailler plus de 12 heures par jour et 75 heures par semaine, ce qui fait que leur employeur ne respecte alors aucunement le droit du travail chinois limitant le travail à 8 heures par jour et 44 heures par semaine. Le tout pour un salaire miséreux. Le désastre Shein ne s’arrête pas là, les entreprises exploitant les travailleurs pauvres pour répondre aux besoins consuméristes de l’Occident sont légion dans le monde. Mais en plus Shein pollue énormément. Selon l’ONG Les amis de la terre, l’entreprises émet au moins 20 000 tonnes de Co2 par jour, soit autant que le Paraguay selon l’ONG Stand.earth. En fait, la mode pollue énormément. Elle représente 10% des émissions de co2 mondiales et 20% des eaux usées. Shein quant à lui représente 12% des émissions de co2 des adolescents et même 22% des émissions de co2 des adolescentes. Nous consommons beaucoup trop. Un Français achète en moyenne 46 nouveaux vêtements par an alors que les accords de Paris en préconisent uniquement 5. Selon un rapport de McKInsey, les vêtements issus de la fast fashion que nous achetons seront portés moins d’une dizaine de fois .
Un problème de consommation
La consommation des ménages a énormément évolué depuis le siècle dernier. L’industrialisation des chaînes de production, le taylorisme, le fordisme et les progrès technologiques ont permis dès le début des années 1900 aux ouvriers américains d’augmenter leur niveau de consommation. L’énorme machine productive capitaliste a permis de nombreux progrès technologiques et, dans une certaine mesure a pu en faire profiter même les plus démunis à mesures des conquêtes sociales. Personne ne pourra dire le contraire. Mais sans contrôle populaire des chaînes de production voilà ce qu’il se passe. La production est anarchique car le seul but est d’enrichir les possesseurs du capital quitte à mettre en esclavage des populations entières et à détruire la planète. Nous avons la possibilité de répondre aux besoins de tous mais nous en sommes empêchés car nous sommes entravés par les chaines de la propriété privée. Au nom de cette sainte loi, 25 000 personnes meurent de faim dans le monde chaque jour. Et ça ne va pas en s’améliorant puisque de 2019 à 2023, le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté de 122 millions.
Des personnes meurent encore de froid en France. Le capitalisme n’obéit à aucune règle à part celle du profit quitte à détruire tout ce qui l’entoure. La socialisation des moyens de productions est le seul moyen pour répondre aux besoins de tous sans distinctions et de pouvoir contrôler la machine productive qui est en train de nous mener à notre perte.
CLP