Aux origines du PCF

Le Parti Communiste Français est avant tout une aventure humaine, à laquelle des femmes et des hommes ont participé, parfois jusqu’à en perdre la vie, parfois une partie de leur existence. C’est le Parti de femmes et d’hommes que ni l’Histoire ni son écriture dogmatique ne doivent faire tomber dans l’oubli. C’est également un parti de la lutte des classes, et donc d’une lutte pour les idées que défendent des groupes s’opposant ou s’unissant selon les circonstances. L’apprentissage du communisme comme un dogme n’a jamais été instauré par les premiers penseurs marxistes qui se sont toujours trouvés dans des organisations traversées par de nombreux courants. C’est aussi un parti dont les racines n’ont pas de frontières parce que le mouvement ouvrier n’a pas de patrie, le sort du salariat français étant largement dépendant de celui du salariat au niveau international.

Paysage politique de la France et tendances socialistes

Au début du XXe siècle, le paysage politique est assez différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. Sans que cela en soit l’explication principale, c’est à partir de l’affaire Dreyfus que les nationalistes se fixent définitivement à droite ou à l’extrême droite de l’échiquier politique. Leur idéologie repose sur le militarisme, l’antisémitisme et l’antiparlementarisme, ce dernier thème étant largement partagé par les conservateurs. Auparavant, les nationalistes pouvaient se positionner à gauche, mais la prise de position des partis de gauche en faveur de la révision du procès du lieutenant Dreyfus a fait qu’à partir d’octobre 1898, les nationalistes voteront avec la droite dans tous les scrutins.

La “grandeur de la nation” les amène à voir dans l’armée l’instrument permettant de réaliser cet objectif. L’armée est ainsi mise sur un piédestal, chaque parole d’un haut gradé étant portée aux nues, d’autant plus que bon nombre de gradés passaient par les écoles des jésuites. Les discussions à la Chambre des députés leur paraissent être des discussions empêchant l’action, leur préférant l’autorité de militaires ayant fait leurs preuves sur le terrain. L’antisémitisme se traduit par un mépris pour les étrangers, qui sont présentés comme vivant aux dépens des « Français » prêts à trahir la « patrie ». Quand, dans les rangs de la gauche, l’antimilitarisme, voire le pacifisme, et l’internationalisme vont se diffuser, les nationalistes ont rompu définitivement avec elle.

Charles Maurras a apporté aux nationalistes, dont les activités se résumaient aux manifestations tentant de déstabiliser la République et aux attaques violentes dans la presse, une idéologie faisant la synthèse entre nationalisme et monarchisme.  Dès la création de la Ligue des droits de l’homme, les nationalistes ont réagi en s’organisant dans la Ligue de la patrie française. Fait marquant : les nationalistes remportent les élections du conseil municipal de Paris en 1900.

La droite catholique, par ses positions chauvines prises lors de l’affaire Dreyfus et par son alliance avec les républicains modérés, a favorisé l’offensive des républicains anticléricaux.  La défense de l’Église et de la religion devient le thème principal de leurs actions. Ainsi, les conservateurs font tout pour que la loi sur les associations (loi 1901) ne soit pas votée, loi qui oblige les congrégations religieuses à demander une autorisation pour enseigner ou diriger un établissement d’enseignement.

Les conservateurs étaient également marqués par un certain antiparlementarisme. Les années d’échecs aux élections, et l’impossibilité de s’opposer aux lois anticléricales les ont poussés peu à peu à souhaiter la disparition du régime parlementaire. Les lois contre l’Église sont attribuées aux juifs, aux francs-maçons ou aux protestants dans la presse catholique. Cependant, les conservateurs savent s’allier à des républicains modérés, car les classes moyennes voient dans la République un moyen de stabiliser l’ordre capitaliste dans lequel ils peuvent mener leurs affaires convenablement. Un retour de la monarchie menacerait cette stabilité.

C’est le même sentiment et la même crainte d’un coup d’État mené par les monarchistes et les nationalistes contre la République, qui font que des républicains modérés s’allient à la gauche. Ils forment ainsi un mouvement de défense de la République.

Les radicaux sont presque invisibles lors de l’affaire Dreyfus, mais s’accrochent aux vainqueurs. Leur présence notoire pour défendre la République et leur volonté de pousser au bout l’application des lois anticléricales masquent cependant des divergences importantes sur les questions sociales, entre les radicaux de tendance libérale d’une part, et les radicaux socialisants d’autre part. Les parlementaires jouent un rôle de premier plan dans la direction des radicaux, et les débats entre radicaux sont portés majoritairement sur la préparation des élections, plutôt que sur le programme politique.

Les socialistes luttent pour la suppression de la relation exploiteur-exploité et sont organisés en différentes tendances, avant de finir par s’unir. La Fédération des travailleurs socialistes de France avait été créée en 1879 au congrès de Marseille, par Jules Guesde qui voulait réunir des groupes collectivistes. En 1880, au congrès du Havre, le programme avait été rédigé par Karl Marx, Jules Guesde et Paul Lafargue. Cependant, après l’échec aux élections de 1881, une majorité de militants se voulait réformiste. Les discussions révèlent des différences importantes en ce qui concerne les conditions de la prise du pouvoir et les relations du parti avec la République. Les socialistes « possibilistes », avec Paul Brousse et Jean Allemane en tête, défendent l’idée qu’il faut faire au plus tôt toutes les réformes possibles plutôt que d’attendre une révolution qui apparaît improbable étant données les conditions. Les guesdistes, opposés à tout compromis avec les forces bourgeoises, à toute participation à un gouvernement composé de bourgeois, avaient très rapidement quitté la Fédération et fondé le Parti ouvrier français, seul parti marxiste, qui connaîtra des succès électoraux dans le Nord, dans le Pas-de-Calais, dans l’Allier. Les guesdistes s’affirment collectivistes, internationalistes et révolutionnaires.

De la Fédération des travailleurs socialistes de France était issu également, depuis 1890, le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, dont le dirigeant Jean Allemane prônait l’action directe, le syndicalisme révolutionnaire et la grève générale comme moyen d’action révolutionnaire. Il opposait la fin du pouvoir à la prise du pouvoir, se rapprochant davantage de la lutte contre toute forme d’autorité chez les anarchistes que de la discipline dans les partis marxistes. La dernière tendance était celle des socialistes indépendants, composée notamment d’élus, de parlementaires, dédaignant le fait de se soumettre à des dirigeants de partis politiques, préférant l’action des élus, selon leurs personnalités et les situations locales. On dénombre parmi eux Jean Jaurès, Aristide Briand, Alexandre Millerand et René Viviani.

L’unité des socialistes s’était faite, mais pas sans d’âpres débats entre Jean Jaurès et Jules Guesde.  La question qui divisait était celle de la possibilité pour un socialiste de participer à un gouvernement bourgeois. Il est vrai qu’à l’époque, retrouver dans un même gouvernement le socialiste Alexandre Millerand et le général de Gallifet, le « massacreur de la Commune » avait de quoi alimenter les débats. La position de Jean Jaurès était claire : « l’heure viendra où le parti socialiste unifié, organisé, donnera l’ordre à l’un des siens ou à plusieurs des siens, d’aller s’asseoir dans les gouvernements de la bourgeoisie pour contrôler le mécanisme de la société bourgeoise, pour résister le plus possible aux entraînements des réactions, pour collaborer le plus possible aux œuvres de réforme. »

La réponse de Jules Guesde a été sans appel : « Et la lutte de classe aboutissant ainsi à la collaboration des classes, cette nouvelle forme de coopérative réunissant dans le même gouvernement un homme qui, s’il est socialiste, doit poursuivre le renversement de la société capitaliste, et d’autres hommes, en majorité, dont le seul but est la conservation de la même société, on nous la donne comme un triomphe du prolétariat, comme indiquant la force acquise par le socialisme. Dans une certaine mesure, oui, comme le disait Lafargue. C’est parce que le socialisme est devenu une force et un danger pour la bourgeoisie, à laquelle il fait peur, que celle-ci a songé à s’introduire dans le prolétariat organisé pour le diviser et l’annuler ; mais ce n’est pas la conquête des pouvoirs publics par le socialisme, c’est la conquête d’un socialiste et de ses suivants par les pouvoirs publics de la bourgeoisie. »

Les différences organisations socialistes s’étaient finalement regroupées en deux tendances principales du socialisme : une tendance réformiste et une tendance se présentant comme révolutionnaire. En effet, le Parti socialiste de France était une fusion entre le Parti ouvrier français, de Jules Guesde et le Parti socialiste révolutionnaire, d’Édouard Vaillant, parti blanquiste dans le sens où, à la différence du marxisme, le rôle principal pour la révolution n’est pas attribué à un mouvement ouvrier de masse, mais à une minorité éclairée qui établirait temporairement une dictature et donnerait ultérieurement le pouvoir au peuple.

Quant au Parti socialiste français, il regroupe les socialistes indépendants, avec Jean Jaurès, ce qui reste de la Fédération des travailleurs socialistes de France de Paul Brousse et le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane.

De la fusion des différentes tendances socialistes à la débâcle de la IIe Internationale

Le 18 avril 1904, Jean Jaurès avait fait paraître le premier numéro du journal L’Humanité, « Journal socialiste quotidien », grâce à des fonds prêtés par des banquiers et des hommes d’affaires, afin d’unir les socialistes et de s’en servir comme d’un instrument de lutte contre le capitalisme. L’internationalisme était considéré comme étant indissociable de la lutte contre le capitalisme. La volonté d’associer les prolétaires de tous les pays, unis pour leur émancipation sociale au-delà des divisions créées par les États-nations, s’était traduite par la fondation de l’Association Internationale des Travailleurs, en 1864 à Londres, et dissoute en 1876. Après que Marx s’était imposé contre l’anarchiste Bakounine au sein de cette Première Internationale, les détracteurs des marxistes français leur reprochaient de suivre les idées d’un prussien (Marx) ou les ordres d’une organisation basée à Londres. Sous l’impulsion de Friedrich Engels, le collaborateur de Karl Marx (décédé en 1883), une Deuxième Internationale a été fondée en juillet 1889 à Paris, par des délégués d’une vingtaine de pays.

En théorie, la lutte des classes est un principe fondamental que partagent les organisations qui adhèrent à la Deuxième Internationale, ainsi que la nécessité de socialiser les moyens de production. Cependant, la croissance capitaliste de la Belle Époque avait fait que certaines couches des travailleurs voyaient leurs conditions de vie et leurs conditions de travail s’améliorer. Il s’est formé alors ce que Lénine appelle une “aristocratie ouvrière”. À ces couches un peu moins exploitées que d’autres, il apparaissait qu’exercer un peu de pression sur le patronat suffisait à assurer un certain progrès social. Une forme de conservatisme se développe dans les rangs des socialistes, tandis que le sort des travailleurs semble pouvoir s’améliorer par le biais de réformes sociales défendues par des élus. Les campagnes électorales menées par les socialistes abandonnent la propagation d’idées révolutionnaires chez les travailleurs et se concentrent sur l’obtention d’un maximum d’élus. Les divergences entre réformistes et révolutionnaires ont divisé certains partis comme, en 1903, le Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, entre bolcheviks (majoritaires) et mencheviks (minoritaires). Mais Lénine, à la tête de la tendance révolutionnaire du POSDR, a continué à mener une lutte contre le réformisme au sein de la Deuxième Internationale (dont il était membre depuis 1895), comme le faisait également Rosa Luxemburg. Lénine ne se résoudra à interdire les fractions (nom donné aux tendances à l’époque) que dans le futur Parti Bolchévik qu’en 1921, face aux menaces contre-révolutionnaires qui mettaient en péril la survie même de la Révolution. Il était clair pour Lénine que cette mesure, qu’il considérait comme temporaire et prise sous des menaces extérieures et intérieures, n’était en aucun cas principe organisationnel.

Le congrès d’Amsterdam de la Deuxième Internationale en 1904 avait enjoint les socialistes français à fusionner dans un seul parti. Lors du congrès de l’unification, qui s’est tenu dans la salle du Globe, boulevard de Strasbourg à Paris, en avril 1905, le Parti socialiste français (indépendants, possibilistes, allemanistes) et le Parti socialiste de France (guesdistes, blanquistes) ont fondé la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO).

Fin 1905, la loi, dont le rapporteur est le radical-socialiste Aristide Briand, concernant la séparation des Églises et de l’État, est adoptée et fait de l’État français un État laïc, au grand dam du Vatican qui la critique violemment, ainsi qu’une majeure partie de la droite catholique.

En 1906, une charte, qui prendra plus tard le nom de charte d’Amiens, est adoptée lors du 9e congrès de la CGT. La motion : « La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat » , portée par les syndicalistes révolutionnaires, principalement des allemanistes, se fixe comme objectif la lutte pour les revendications immédiates des salariés et l’expropriation capitaliste, telles des besognes quotidiennes et d’avenir, tout en maintenant leur indépendance vis-à-vis des partis et des sectes. « En ce qui concerne les organisations, le congrès déclare qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérales n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale. » Ceci dit, ce congrès reconnaît la liberté de chaque syndiqué de participer à la transformation sociale par son investissement dans telle association philosophique ou politique. Cette indépendance de la CGT ne signifie pas l’apolitisme de ses membres ni de son action, en définitive.

Une des conséquences de cette « indépendance » est que contrairement à la Grande-Bretagne et à l’Allemagne où les syndicats sont les bases des partis politiques, la SFIO ne dispose pas de moyens financiers et le premier secrétaire général de la SFIO, Louis Dubreuilh, n’exerce qu’une faible autorité sur l’organisation. Celui qui s’impose, parce qu’il est le chef du groupe parlementaire et le directeur du journal l’Humanité, est Jean Jaurès.

Le début des années 1910 voit une forte diminution du champ d’action du mouvement ouvrier, en France comme ailleurs en Europe. Depuis 1908, la CGT a été décapitée. Le congrès de 1908 à Marseille s’est tenu en l’absence de 31 cadres syndicalistes révolutionnaires, arrêtés par Clemenceau après la grève sanglante de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges en Seine-et-Oise (maintenant les Yvelines), et a abandonné le syndicalisme révolutionnaire au profit d’un syndicalisme plus modéré, mais toujours formellement antimilitariste : « Le congrès déclare qu’il faut, du point de vue international, faire l’instruction des travailleurs, afin qu’en cas de guerre entre puissances, les travailleurs répondent à la déclaration de guerre par une déclaration de grève générale révolutionnaire. »

La propagande anti-prussienne se fait jusque dans les écoles. Les programmes et les manuels scolaires sont conçus pour faire de l’écolier un bon patriote. Le tour de France de deux enfants, histoire de deux jeunes lorrains qui découvrent la beauté de leur pays, le Petit Lavisse, manuel d’Histoire et L’instruction primaire, revue hebdomadaire destinée aux instituteurs, participent à cette propagande de la IIIe République sur l’amour de la patrie et le comportement du bon citoyen… et du bon soldat.

Par ailleurs, lors des congrès de la IIe Internationale, la rivalité entre les puissances impérialistes, notamment pour l’appropriation des colonies par les empires britannique, français, allemand et russe, était clairement analysée et intellectuellement comprise. À une déclaration de guerre devait suivre une déclaration de grève générale internationale. Mais, à l’annonce de la guerre en 1914, les dirigeants européens de la social-démocratie ont pratiquement tous soutenu la classe capitaliste de leurs pays respectifs, le chauvinisme l’emportant sur la lutte contre l’impérialisme. Le début de la Première Guerre mondiale marque la fin de la IIe Internationale. Au milieu de cette catastrophe politique, ce sont particulièrement les bolcheviks russes, qui constituaient déjà une aile gauche au sein de la IIe Internationale, qui brandissent l’étendard d’une lutte de classe internationale contre les gouvernements capitalistes. Ainsi, l’histoire de la IIIe Internationale sera liée à l’histoire de la révolution russe. Lorsque le prolétariat prend le pouvoir en Russie, la IIe Internationale, censée transformer le monde pour qu’il n’y ait plus ni exploiteur ni exploité, pour un avenir fraternel et pacifique, n’existait plus et ses anciennes sections nationales soutenaient la guerre impérialiste.

En France, dès 1914, la SFIO et la CGT, malgré la publication d’un manifeste antimilitariste, avaient rejoint l’Union sacrée (de tous les partis politiques et tous les syndicats) en faveur de la guerre. Pierre Monatte, fondateur de la Vie Ouvrière, démissionne des instances confédérales de la CGT, pour dissocier de cette trahison. Son ami Alfred Rosmer, également associé à la Vie Ouvrière, passe presque chacun de ses dimanches à discuter avec Léon Trotsky, exilé russe qui vient régulièrement aux réunions du journal. La position internationaliste du journal de Trostky, Naché Slovo, ne pouvait que rapprocher ces militants dans la lutte révolutionnaire contre la guerre.

Un militant de la Section française de l’Internationale ouvrière, également trésorier national de la Fédération des instituteurs CGT, Fernand Loriot, s’oppose au ralliement de celui-ci à la guerre impérialiste. Il est un des fondateurs du Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI), futur Comité de la Troisième Internationale. Un jeune intellectuel, Raymond Lefebvre, adhérent de la SFIO, rédige de nombreux articles dans le journal Le Populaire, qui diffuse les idées des socialistes minoritaires hostiles à la guerre.

Le souffle de la Révolution bolchevique et de la IIIe Internationale

D’après les dirigeants du monde capitaliste, 1917 est une « l’année terrible ». La révolution éclate dans l’Empire russe. Dès février, les ouvriers dans les villes se soulèvent, suivis par les marins et les soldats. Ils élisent leurs représentants aux conseils (soviets). Les bolcheviks sont le seul groupe politique à leur exposer en toute transparence les objectifs de cette guerre impérialiste, en pointant leur véritable ennemi : le pouvoir russe. Lorsque, en octobre 1917, les soviets désormais sous la direction des bolcheviks prennent le pouvoir en Russie, les rapports de forces changent dans les organisations sociales-démocrates de toute l’Europe.

De nombreux syndicalistes se déclarent favorables à la politique bolchévique, tel Clovis Andrieu qui déclare : « Le bolchevisme est né de la rapacité des capitalistes et sa création est le résultat de l’état social actuel. » et « Qu’on le veuille ou non, la vague bolcheviste déferlera sur la France et nous ferons de Clemenceau, ce qu’ils ont fait du Tsar. ». Il porte des critiques acerbes contre les positions réformistes de la direction de la CGT : « la journée de huit heures accaparées par le patronat, grâce à la veulerie de certains personnages de la CGT que le contact des gouvernants et des bourgeois a infecté du venin capitaliste ». Andrieu souhaite que la base fasse pression sur le congrès de la CGT et que ce dernier appelle à une grève générale contre les conditions de vie et de travail des salariés et pour la paix. Un événement sera déterminant : à la suite du chômage du 1er Mai, onze ouvriers des usines Verdié de Firminy sont licenciés pour abandon de poste et six d’entre eux sont menacés de traduction devant un conseil de guerre pour sabotage. Andrieu se lance dans la bataille : « Nous donnons huit jours pour régler ce problème. Sinon la grève sera générale dans le bassin de la Loire d’un seul coup… ». Les salariés de Firminy font pression sur le congrès, qui vote pour la grève générale. Le 23 mai, Andrieu déclare à Firminy : « Clemenceau m’a dit il y a une semaine qu’il y avait des éléments à la tête du mouvement ouvrier qui étaient capables de faire un mouvement révolutionnaire contre la guerre : c’est vrai ! Ce n’est point pour les jeunes classes, la grève, c’est pour tous les poilus du front. J’estime que les Français ont assez payé de leur sang. Vive la paix ! »

Au congrès impulsé par la minorité pacifiste de la CGT à Saint-Étienne, trois syndicalistes, Miglioterri, Herclet et Richetta annoncent la grève générale dans la Vienne pour le 21 mai. Dès le 23, tous trois sont arrêtés, emprisonnés et seront déférés devant un tribunal militaire pour être finalement condamnés en août à 5 ans de prison et 3000 francs d’amende chacun.

Depuis la faillite de IIe Internationale, en août 1914, Lénine souhaitait la naissance d’une nouvelle Internationale, communiste. En 1917, le n°10 de ses Thèses d’avril stipulait : « Rénover l’Internationale. Prendre l’initiative de la création d’une Internationale révolutionnaire, d’une Internationale contre les sociaux-chauvins et contre le ‘centre’ ».

Il fallait cependant gagner les militants socialistes et syndicalistes d’Europe occidentale à l’idée de créer une nouvelle Internationale et le parti bolchevik ne pouvait pas y arriver seul, malgré des personnalités dirigeantes comme Lénine et Trotsky. Après la fondation du KPD (Parti communiste d’Allemagne) le 25 décembre 1918, Lénine écrit : « Lorsque la Ligue Spartakus se renomme Parti communiste allemand, alors la fondation de la IIIe Internationale, de l’Internationale communiste, véritablement communiste, véritablement internationale, devient un fait. Formellement cette fondation n’a pas encore été consacrée, mais en réalité la IIIe Internationale existe, dès à présent. »

La lettre d’invitation au congrès fondateur de la IIIe Internationale est rédigée par Trotsky, et signée par Lénine et Trotsky pour le parti bolchevik, ainsi que par divers représentants des partis à l’échelle internationale : polonais, hongrois, autrichiens, lettons, finlandais, fédération des Balkans et américains. Elle s’adresse bien entendu aux partis communistes déjà créés (en Allemagne, en Pologne, en Autriche et en Hongrie), mais aux nombreuses tendances révolutionnaires dans les partis socialistes et les syndicats.

Le premier congrès de la nouvelle Internationale, tenu en mars 1919, est relativement peu représentatif du mouvement ouvrier international. Jacques Sadoul, envoyé en mission en Russie en 1917 comme capitaine pour que la Russie continue la guerre, mais finalement gagné à la cause du communisme, déclare lors du congrès que les « puissants leaders Lénine et Trotsky, pleinement à la hauteur de leur tâche grandiose (…) dirigeront à l’avenir le prolétariat mondial ». Concernant ce qui se passe en France, Sadoul dit, montrant par là même l’empreinte dans sa pensée des préjugés de l’époque et ses propres lacunes politiques :  « Non seulement le communisme français ne possède pas, du moins pour le moment, de maréchal, mais il ne dispose même pas de ces généraux révolutionnaires comme il y en a tant en Russie et qui sont dans leur essence un produit purement national, créé par la nature même du pays, les différences aiguës de son climat, l’immensité de son territoire. »

Finalement la plate-forme de l’Internationale sera rédigée par Boukharine. Elle indiquera en conclusion que le chemin vers la victoire passe par la rupture avec les sociaux-démocrates de droite et du centre, et par l’union avec les éléments qui se placent sur le terrain du pouvoir des conseils (soviets). Le rôle de l’Internationale est défini de cette manière : « L’Internationale, qui subordonnera les intérêts dits nationaux aux intérêts de la révolution mondiale, réalisera l’entraide des prolétaires des différents pays (…), soutiendra les peuples exploités des colonies dans leur lutte contre l’impérialisme, afin de hâter l’effondrement du système impérialiste mondial. ».

Le manifeste proclamant la IIIe Internationale est rédigé par Trotsky. Il écrit : « Nous nous considérons, nous, communistes, rassemblés dans la IIIe Internationale, comme les continuateurs directs des efforts héroïques et du martyre d’une longue série de générations révolutionnaires depuis Babeuf jusqu’à Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Si la Ière Internationale a prévu le développement de l’histoire et préparé ses voies, si la IIème Internationale a rassemblé et organisé des millions de prolétaires, la IIIe Internationale, elle, est l’Internationale de l’action de masse ouverte, de la réalisation révolutionnaire de l’Internationale de l’action. La critique socialiste a suffisamment stigmatisé l’univers bourgeois. La tâche du parti communiste international consiste à renverser cet ordre social et à édifier à sa place le régime socialiste. »

Devant l’évidence de l’importance du développement économique, industriel et social de l’Europe occidentale, Zinoviev et Trotsky précisent que le siège de la IIIe Internationale sera déplacé de Moscou à Berlin ou Paris dans les années suivantes. Des communistes français se trouvent en Russie et participent à la fraternisation entre ouvriers et soldats russes et soldats et marins français, à Odessa en Ukraine. Contre cette attaque du monde capitaliste avec à sa tête l’armée française commandée par le général Philippe d’Anselme, la nouvelle Internationale naît dans l’action, mais également dans le sang. L’institutrice française Jeanne Labourbe, pour avoir mené une propagande en faveur de la Révolution d’Octobre auprès des militaires français, est affreusement torturée et fusillée par la police contre-révolutionnaire, aidée par des officiers français.

En France, le début de l’année 1919 est marqué par de nombreux mouvements de lutte, avec les cheminots, les mineurs en Lorraine et les salariés des confections parisiennes. Plus de 2000 grèves mobilisent plus d’un million de travailleurs. Les gouvernants craignent une contamination par le bolchevisme. Le radical Georges Clemenceau sent bien que des concessions sont nécessaires et qu’il faut céder à quelques revendications. La politique française est dominée par la droite patriotique, mais le 25 mars, une loi instaure les premières conventions collectives, et le 23 avril la durée légale de la journée de travail est fixée à 8 heures, pour une semaine de 6 jours. Pour la CGT (seul syndicat à l’époque, jusqu’à la création de la CFTC en novembre), c’est une importante victoire. Les modérés, comme Léon Jouhaux, en sortent renforcés. Clemenceau interdit la manifestation parisienne du 1er Mai et la direction de la CGT décide de ne pas appeler à la manifestation. Cependant, sous la pression d’une base radicalisée grandissante, avec des centaines de milliers de nouveaux adhérents en quelques mois), les dirigeants réformistes se déclarent contre la mobilisation qui se poursuit et condamnent l’intervention en Russie.

Le 1er Mai, 500 000 travailleurs manifestent. L’armée est déployée et tire, rue Royale, place de l’Opéra et place de l’Hôtel de Ville. Charles Lorne, un syndicaliste des producteurs d’énergie est tué. Ses obsèques réunissent plusieurs dizaines de milliers de personnes. Devant cette recrudescence de mouvements de grèves, voire de mutineries au sein de l’armée et de la marine, le Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) se transforme le 8 mai en Comité pour la IIIe Internationale. On y retrouve Fernand Loriot, Alfred Rosmer, Pierre Monatte, Marcel Martinet et Boris Souvarine. Un groupe autour du journal Clarté animé par Henri Barbusse, Paul Vaillant-Couturier, Boris Souvarine et Raymond Lefebvre, réunit notamment des étudiants pacifistes acquis aux idées communistes.

En juin, des marins et des soldats manifestent dans Toulon pour libérer des camarades qui ont défendu la révolution en Russie.  Plus d’une centaine d’entre eux seront condamnés à de lourdes peines de prison. Ces évènements préfigurent pour certains ce qu’ils considèrent comme les signes avant-coureurs de la prochaine révolution française. À contre-courant, la direction de la CGT annule la grève internationale contre l’intervention en Russie prévue le 21 juillet. Raymond Lefebvre, jeune écrivain ayant été blessé à Verdun en 1916, qui anime l’Association républicaine des anciens combattants, adhère en août au Comité pour la IIIe Internationale.

En novembre ont lieu les élections législatives. Les nationalistes, antiparlementaristes, les catholiques, anti-laïques et les républicains progressistes forment un bloc national et mènent une campagne contre la SFIO, qui importerait le bolchevisme en France. Finalement, la SFIO progresse en nombre de suffrages, mais la droite et le centre réunis sortent victorieux des élections en nombre d’élus.

Le deuxième congrès de la IIIe Internationale, réuni en juin 1920 à Moscou, comprend des délégués véritablement représentatifs du mouvement ouvrier international. Zinoviev introduit le débat et défend le rôle du parti communiste comme moteur des autres organisations de la société. Aux syndicalistes révolutionnaires français qui souhaitent l’action des révolutionnaires minoritaires au sein des syndicats, sans former de parti, Trotsky répond :  « Les  syndicalistes français eux-mêmes ne savaient pas très bien ce qu’ils entendaient par ‘minorité’. C’était une anticipation du développement à venir. (…). Que signifie pour eux cette minorité ? Elle signifie la meilleure partie de la classe ouvrière française, qui a un programme clair et une organisation qui débatte de toutes les questions – non seulement débatte, mais aussi décide -, une organisation liée par une certaine discipline. (…) À travers l’expérience de la lutte des classes contre la bourgeoisie, à travers leur expérience propre et celle d’autres pays, les syndicalistes français devront former un parti communiste. »

Zinoviev prévient : « Aujourd’hui, les vieux partis veulent adhérer à la IIIe Internationale. Dans la mesure où les travailleurs ont évolué vers le communisme, il nous faut les admettre. mais nous ne devons pas oublier qu’ils viennent avec toute leur vieille racaille, la vieille direction, qui, pendant et après la guerre, a mené une lutte acharnée contre le communisme. » Marcel Cachin, dont les errements en tant que défenseur de l’Union sacrée étaient considérés par les bolcheviks non pas comme une erreur, mais comme un crime, et L-O Frossard, très réticent à l’idée d’un parti en France obéissant à une organisation internationale, rédigent malgré tout une déclaration, lu par Cachin, dans laquelle ils acceptent les 21 conditions posées et promettent d’appeler la SFIO à adhérer à la IIIe Internationale.

Raymond Lefebvre, présent au congrès et surpris que Cachin et Frossard aient été convaincus aussi rapidement par les idées révolutionnaires, avertit qu’il faudra beaucoup de changements au sein de la SFIO, évoquant la trahison de certains dirigeants. Il dit : « La conversion des camarades Cachin et Frossard est seulement un fait individuel. Ils retourneront en France et feront leurs déclarations devant une foule attentive : il est à craindre que, sous l’influence d’un long passé opportuniste et de leur mode de pensée particulier […] en poussant le parti vers l’Internationale communiste, ils ne l’affublent d’un programme minimum qui aurait, pour nous Français, le désavantage de rendre purement platonique l’adhésion à l’IC, et pour vous, camarades, le désavantage encore plus grand de faire pénétrer dans vos rangs l’esprit de trahison de la II° Internationale. J’affirme que l’atmosphère en France est insupportable. Il faut y mettre fin. Le changement d’opinion de deux individus ne doit exercer aucune influence. Nous devons rester inflexibles, et je vous assure que, si vous tenez bon, les masses en France vous suivront sans hésitation. »

Rakovsky dira, au sujet de la déclaration de Cachin : « Relisant le texte qu’il a lu, je suis surpris non seulement par sa prudence, mais aussi par ses hésitations, ses omissions, et j’ajouterais, par ses restrictions mentales. »  Au retour du congrès, Raymond Lefebvre périt en mer de Barents de façon inexpliquée, avec les syndicalistes Marcel Vergeat et Louis Bertho dit Jules Lepetit, tous deux révolutionnaires honnêtes et réalistes.

Un congrès avec des fondateurs absents

En France, les idées révolutionnaires gagnent une partie de la jeunesse. Au sein du groupe des étudiants socialistes révolutionnaires, des personnalités apparaissent : Jean de Saint-Prix, qui glorifie la révolution russe dans ses poèmes ou Voja Vuyovic, qui anime un groupe de partisans de la révolution, mais également Simone Téry, Vital Gayman ou Ernest Labrousse. D’autres noms se font alors connaître parmi les jeunes militants : Jacques Doriot, marqué par la guerre, Gabriel Péri, engagé très jeune en politique, Henri Lozeray, jeune ouvrier typographe, Rosa Michel, engagée dès la Révolution d’Octobre ou le jeune adhérent Maurice Honel. Le 31 octobre 1920, les Jeunesses Socialistes votent l’adhésion à l’Internationale communiste des jeunes. La majorité des Jeunes socialistes deviennent, à 75 %, Jeunes communistes.

Le congrès de Tours, congrès de la SFIO ayant quitté la IIe Internationale depuis février 1920, se tient du 23 au 30 décembre, à la salle du Manège, et réunit 285 délégués porteurs de 4575 mandats. Arrivée, L’arrivée de Clara Zetkin, figure du communisme allemand ayant clandestinement traversé la frontière franco-allemande, fait forte impression.

Différentes tendances sont présentes lors de ce congrès, mais certaines personnalités marquantes sont malheureusement absentes. Raymond Lefebvre, tout d’abord, l’un des jeunes représentants les plus prometteurs parmi les militants pacifistes, présent au IIe congrès de l’Internationale communiste et acquis aux idées révolutionnaires, avait tragiquement disparu. Ensuite, les deux principaux animateurs du Comité pour la IIIe Internationale, Fernand Loriot et Boris Souvarine, sont en prison. L’adhésion aux 21 conditions est représentée par les anciens centristes Marcel Cachin et L-O Frossard, transformés depuis leur séjour à Moscou. Des concessions sont faites par les partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale, notamment concernant les relations parti-syndicats et au sujet de l’exclusion des éléments réformistes. On parlait de « coopération des syndicats avec le parti » et non plus de « subordination ».

Souvarine écrit :  « Le comité leur fit quelques concessions d’importance secondaire et scella ainsi l’alliance des deux tendances contre l’approbation 21 conditions, la modification de celle qui avait trait aux rapports du parti avec les syndicats, l’ajournement du changement de titre du parti, l’abandon par le comité du droit aux deux tiers des sièges des organismes directeurs, la transformation de l’exclusion a priori de certains centristes en exclusion a posteriori entraînée par le refus d’accepter la résolution du congrès. »

Mais, alors que Zinoviev avait laissé planer la possibilité d’enlever Jean Longuet et Paul Faure de la liste des personnes à exclure, il fait parvenir un télégramme au congrès assurant que l’Internationale ne pouvait rien avoir en commun avec Longuet, et que cette concession serait pour le parti  « un véritable boulet ». Ce texte exigeant l’élimination de Longuet, qualifié d’« agent déterminé   de l’influence bourgeoise sur le prolétariat », signé par Lénine, Boukharine, Trotsky et Rosmer, ne manque pas de provoquer des remous chez les congressistes. Jean Longuet, petit-fils de Karl Marx, conteste la condition 16 : « Toutes les décisions des Congrès de l’Internationale Communiste, de même que celles du Comité Exécutif, sont obligatoires pour tous les Partis affiliés à l’Internationale Communiste. Agissant en période de guerre civile acharnée, l’Internationale Communiste et son Comité Exécutif doivent tenir compte des conditions de lutte si variées dans les différents pays et n’adopter de résolutions générales et obligatoires que dans les questions où elles sont possibles. », qui estime que le parti ne sera plus libre dans ses décisions.

D’ailleurs, Longuet est directement cité dans la condition 7 : «  Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale Communiste ont pour devoir de reconnaître la nécessité d’une rupture complète et définitive avec le réformisme et la politique du centre et de préconiser cette rupture parmi les membres des organisations. L’action communiste conséquente n’est possible qu’à ce prix.

L’Internationale Communiste exige impérativement et sans discussion cette rupture qui doit être consommée dans le plus bref délai. L’Internationale Communiste ne peut admettre que des réformistes avérés comme Kautsky, Hilferding, Longuet, MacDonald, Modigliani et autres, aient le droit de se considérer comme des membres de la IIIe Internationale, et qu’ils y soient représentés. Un pareil état de choses ferait ressembler par trop la III° Internationale à la II°. ».

Cependant, Clara Zetkin ne manque pas d’écrire à Lénine que ce télégramme est « une intervention brutale autoritaire, en l’absence d’une connaissance exacte des circonstances réelles qu’il faut prendre en compte ». Elle voulait notamment parler des exclusions des centristes.

Une troisième tendance, refusant totalement les conditions d’adhésion à la IIIe Internationale, refusant tout simplement la IIIe Internationale, est représentée par Léon Blum. Il déclare, dans un discours de haute volée : « Nous sommes convaincus, jusqu’au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l’aventure, il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison. […] Dans cette heure qui, pour nous tous, est une heure d’anxiété tragique, n’ajoutons pas encore cela à notre douleur et à nos craintes. Sachons nous abstenir des mots qui blessent, qui déchirent, des actes qui lèsent, de tout ce qui serait déchirement fratricide. Je vous dis cela parce que c’est sans doute la dernière fois que je m’adresse à beaucoup d’entre vous et parce qu’il faut pourtant que cela soit dit. Les uns et les autres, même séparés, restent des socialistes ; malgré tout, restons des frères qu’aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de famille, et qu’un foyer commun pourra encore réunir. ».

Charles Rappoport, du Comité pour la IIIe Internationale, écrira dans la Revue communiste, en guise de bilan du congrès : « La motion de Tours, groupant une majorité écrasante, fut un compromis. Les points ne furent pas mis sur les ‘i’. Les 21 conditions ne sont pas acceptées telles quelles, mais « reconstruites » selon la vieille méthode diplomatique de concessions mutuelles. (…) Le nouveau comité directeur, la nouvelle Humanité se trouvent aux mains des anciens reconstructeurs, convertis – pour la plupart de bonne foi – au communisme révolutionnaire. ».

Le vote de la motion, rédigée par Loriot, Souvarine et Monatte, décisif pour l’avenir de la vie politique en France, rend minoritaires, avec plus de 1000 mandats, les tenants de la SFIO (qui conservent cependant la majorité des élus de la République), et majoritaires (plus de 3000 mandats) ceux qui donnent naissance à la Section Française de l’Internationale Communiste et conservent le célèbre journal l’Humanité. Le 30 décembre 1920, le parti, qui sera appelé l’année suivante Parti communiste, est né.

Eric Jouen, PCF Barentin (76)

Bibliographie

« Les élections législatives de 1902 en France », Lucien Mitais, Université Paris-Sorbonne

« Le nationalisme français 1871-1914 », Raoul Girardet

« La droite en France », René Remond

« La république triomphante 1893 -1906 », Jacques Chastenet

« Les grandes batailles du radicalisme », Jacques Kayser

Les deux méthodes. Conférence par Jean Jaurès et Jules Guesde à l’Hippodrome de Lille

« Le mouvement socialiste sous la Troisième République », Georges Lefranc

« Histoire sociale de la Loire », Daniel Jaboulay

« Grandes grèves de 1919 : une nouvelle génération militante », Nicolas Chevassus-au-Louis

« La France de 1914 à nos jours », Jean-François Sirinelli

« Histoire de l’Internationale communiste 1919-1943 », Pierre Broué

« Le début d’une ère nouvelle communiste en France », Charles Rappoport

« Moscou sous Lénine », Alfred Rosmer

« Le Parti socialiste et l’Internationale », L.-O. Frossard

Compte-rendu sténographique du congrès de Tours des 25, 26, 27, 28, 29 et30 décembre 1920 / Parti Socialiste SFIO

 

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