McDonald’s fait partie de ces entreprises dans lesquelles il ne fait pas bon être dans le collimateur de la direction. C’est l’amère expérience de Vincent, élu délégué du personnel dans un McDonald’s de Marseille. Pour son patron, Mr. Serge Melniczuk, « le client est roi ». En effet, sous l’autorité de Melniczuk, le salarié doit être corvéable à merci… et aussi servir de punching-ball aux clients !
Le jeudi 25 août, la file d’attente du « drive » de ce restaurant McDonald’s commence à s’allonger sérieusement. Rien de nouveau. Le manque de personnel est monnaie courante. Melniczuk sait comment se faire du fric : avoir un minimum de personnel et mettre un maximum de pression sur chaque employé. La chaleur est étouffante. La tension monte d’un cran et les clients dans la file d’attente commencent à s’énerver. Un client descend de sa voiture, passe la tête dans la fenêtre du « drive » et demande si quelqu’un s’occupe de lui, avant de crier « bouge ton gros cul, sale clocharde ! » en direction d’une employée. Notre camarade venait de débaucher, mais il vient s’interposer pour demander au client de se calmer et d’être plus respectueux envers sa collègue.
Le client, comprenant parfaitement la politesse, décide de pousser violemment Vincent avant de retourner à la fenêtre du « drive » pour gifler sa collègue ! Cette dernière sort alors de sa cabine et Vincent essaie de calmer la situation en s’interposant entre les deux. Le client attrape notre camarade et le projette contre un poteau.
Vincent porte les stigmates de cette rencontre sur son visage et sur ses bras couverts de bleus. Courageux, le client prend la fuite avant l’arrivée de la gendarmerie. Les victimes n’ont plus qu’à panser leurs plaies. Vincent et sa collègue quittent les lieux pour déposer plainte. Vincent aura trois jours d’accident de travail.
Ce « fait divers » aurait dû aboutir, au minimum, à un dépôt de plainte de la part de Mr. Melniczuk. Ce type d’agression est reconnu par le Code du Travail comme accident de travail. Dans un McDonald’s solidaire, cela aurait même pu aboutir à une fermeture du restaurant avec un droit de retrait de l’ensemble des salariés. Mais non, dans ce McDo de Marseille, le client est roi. Le salarié est un objet de défouloir. Sous la pression des managers, chacun doit continuer le travail comme si de rien n’était.
Vincent sera convoqué dans le bureau du directeur. Le lendemain, il sera mis à pied à titre conservatoire. Trop heureux d’avoir enfin trouvé un motif de potentiel licenciement du délégué du personnel, la direction lui envoie un recommandé pour un entretien préalable au licenciement. Ce n’est pas la première fois que la direction tente le coup. Il y a quelques mois, Vincent avait intenté une procédure pour faire respecter les mesures d’hygiène et de sécurité dans ce temple de la malbouffe. La direction l’accuse alors de violence envers le matériel d’équipement – un motif ridicule – et en profite pour intenter un licenciement. Vincent étant délégué du personnel, il fallait pour cela l’aval de l’inspection du travail, qui refuse la sanction. Aujourd’hui, l’occasion de se débarrasser de lui est trop belle pour notre exploiteur. Il l’accuse maintenant d’avoir provoqué la bagarre avec le client.
Le 6 septembre, Vincent passe en entretien préalable au licenciement. À l’heure où ces lignes sont publiées, nous ne connaissons pas encore le résultat. La procédure de licenciement ira jusqu’au bout et le cas de Vincent sera représenté à l’inspection du travail. Le cas de ce camarade est loin d’être isolé. Il peut compter sur le soutien de la CGT. Nous ne le laisserons pas tomber. La page Facebook Ma vie chez McDonald’s regroupe les soutiens de Vincent et une pétition est actuellement en cours. Nous vous encourageons à lui apporter votre soutien !
Fabien Lecomte CGT 78 et PCF