Après 816 jours de lutte, les chercheurs de Sanofi ont pu savourer une belle victoire.
L’entreprise prévoyait la suppression de 709 postes dans la Recherche et le Développement. Finalement, la justice a une nouvelle fois condamné l’entreprise et annulé le plan de restructuration injustifié. La lutte n’est cependant pas terminée. Sanofi a déjà largement profité des 3 années de procédure judiciaire pour commencer à licencier : 250 sont déjà partis à Montpellier et 400 sur le site de Toulouse. Cependant, les camarades, forts de cette victoire, ne comptent pas en rester là. Ils réclament l’embauche de jeunes pour remplacer les salariés licenciés et ces embauches sont d’autant plus nécessaires qu’il y a de nombreux trous dans l’organigramme. Beaucoup de choses restent encore à arracher des mains de cette multinationale mais ce jugement est déjà « une sacrée belle victoire ».
Sanofi fût créée par deux ex-pontes de Total
Sanofi est une entreprise créée en 1972 par deux haut-gradés de chez Total, qui voulaient diversifier leur CV. Or, rien de mieux pour s’enrichir, quand on vient de l’industrie pétrolière, que de se lancer dans l’industrie pharmaceutique ! Aujourd’hui le groupe comporte une multitude d’usines de fabrication de produits chimiques et de vaccins, mais aussi des laboratoires de recherche. De 1972 à 2009, l’entreprise grossit énormément avec l’acquisition de nombreux autres petits groupes. La politique de l’entreprise était alors de ne pas licencier. L’un des deux fondateurs, Mr Dehecq, prit alors le départ et fut remplacé par Mr Viehbacher, qui n’avait pas la même vision des choses.
Les licenciements boursier
L’objectif est alors d’augmenter les dividendes pour les actionnaires de 35 à 50% par an. Dès son arrivée, il annonce la nécessité de faire 2 milliards d’euros d’économie. Pour ce faire, il compte sur les départs volontaires, qu’il obtiendra facilement. Après cette belle coupe, il annonce dès 2011 une nouvelle fois un plan mondial de fermetures avec le licenciement des employés des sites de Bridgewater, aux Etats Unis, puis ceux de Milan, Budapest, la fermeture d’une usine en Espagne et la restructuration du site de Francfort. Aux Etats Unis, où la loi ne protège aucunement les travailleurs, ceux-ci ont appris qu’ils étaient licenciés par un message sur un répondeur. En effet, un mail a été envoyé aux employés afin qu’ils appellent un numéro et à l’autre bout du fil un répondeur leur annonce leur licenciement. Le cynisme de l’entreprise est assez incroyable.
la résistance s’organise
En 2012, Sanofi décide de s’attaquer à la France et en particulier au secteur Recherche et Développement de Toulouse et Montpellier, avec le projet de licencier 709 salariés. Très rapidement, la résistance s’organise avec, dans un premier temps, l’organisation des « jeudis de la colère », afin de faire de la communication vers l’extérieur et d’informer les citoyens et les élus. Les camarades de Sanofi s’attèlent à fédérer les luttes des chercheurs. CNRS, l’INRA, Sanofi et Etudiants, même combat. Ils distribuent alors des tracts dans les universités et les établissements publics, ils participent à des soirées-débats et font connaître massivement leur lutte. Du coté de Toulouse, ils sont rapidement soutenus et rejoints par les salariés de l’aérospatiale comme Airbus. Le Maire de Montpellier, le conseil général et les différentes structures politiques apportent leur appui moral mais rien ne change. Quant à A.Montebourg, il n’a de cesse de changer de discours pour finalement ne rien faire du tout. Les salariés ont alors vite compris qu’il n’y avait rien à attendre de ce côté-là et ont alors enclenché tous les leviers de la lutte.
Grâce à leur imagination, ils ont créé de nombreux slogans et affiches. Ils ont alors créé rapidement un carnet de chansons militantes et mis en place de quoi organiser des stands à chaque manifestation avec boissons, autocollants et tracts. Les travailleurs ont alors vite compris qu’un syndicat sans base militante ne pesait pas lourd face à une multinationale comme Sanofi. Partout en France, les camarades ont fait connaître leur lutte grâce à l’organisation d’événements très structurés. Chaque décision est prise à l’issue d’un vote et chaque déplacement est financé par les dons. Ceux qui le peuvent donnent un peu plus pour aider ceux qui sont le plus dans la nécessité. A côté de cela, les camarades de Sanofi s’arment aussi de patience et placent leur espoir dans la justice. L’entreprise ne peut pas justifier un licenciement de plus de 15% de l’effectif alors qu’elle fait d’excellents résultats. Elle le sait pertinemment mais elle se moque royalement des lois et a de toutes manières pléthore d’avocats. Et c’est pourtant de la justice que viendra la victoire des travailleurs de Sanofi.
En mars 2013, la cour d’appel de Paris annule le plan de restructuration de l’entreprise.
Le 1er Octobre 2014 c’est au tour de la cour d’appel de Versailles qui annule également les licenciements pour motif économique faute d’accord collectif majoritaire. En effet, l’entreprise avait fait signer un accord collectif par les syndicats bien connus : CFDT et CFTC. Or le pouvoir des deux délégués datait de 2005 et 2008 alors que le plan de licenciement est de 2012. Ils ne disposaient donc pas de mandat syndical valide lors des signatures.
Si cette victoire est bien entendu importante, malheureusement elle ne résout rien en soi de la situation des salariés. Sanofi a annoncé début septembre la vente de son site de production. Le 25 septembre, la direction de Sanofi a officialisé l’ouverture du pôle Recherche et Développement en Chine où travaillent 1400 salariés. En réalité, ce que Sanofi a fait est une pure et simple délocalisation afin d’augmenter ses bénéfices.
L’histoire de la lutte des travailleurs de chez Sanofi est une belle histoire. Elle montre que par la lutte, les travailleurs peuvent relever la tête. Même si la victoire n’est pas totale, elle montre qu’en se battant il est possible de vaincre les plus puissants. Elle montre aussi que la victoire totale ne peut pas s’obtenir juste sur le plan syndical mais aussi par un changement politique. Tant que les salariés toléreront les délocalisations en particulier et le capitalisme en général, il n’y aura pas de victoire définitive. Nos camarades n’en n’ont pas encore fini avec Sanofi et nous suivrons cela de très près.
Vive les salariés de Sanofi, Vive la lutte.