La lutte des salariés de NEUHAUSER Maubeuge : « on ne lâchera rien » !

u 28 février au 11 mars, les 168 salariés du site de NEUHAUSER à Maubeuge (département du Nord) étaient en grève. Le groupe est le leader européen de la boulangerie viennoiserie industrielle.

Bernard Belle, délégué syndical CGT du site de Maubeuge, et Régis Fischer, délégué central syndical CGT, ont accepté de répondre à nos questions.


La Riposte : Quel a été l’élément déclencheur de la grève des salariés de NEUHAUSER sur le site de Maubeuge ?

Bernard Belle : Il faut savoir que groupe NEUHAUSER est en pleine expansion et se porte très bien : un chiffre d’affaires de 260 millions d’euros avec 50 % de la production vendue à l’étranger, sur les cinq continents, dans 51 pays. Il détient 19 sites sur le plan national, soit environ 3 000 salariés. Et la famille NEUHAUSER pointe à la 321e place des familles les plus riches de France : son patrimoine a progressé de 25 % en 2012, passant à 100 millions d’euros.

Récemment le groupe a racheté un de ses concurrents (le groupe BCS) ainsi que la chaîne de distribution « Pomme de Pain » dans les galeries d’hypermarchés (110 restaurants).

Pendant un an, les salariés du site de Maubeuge avaient la possibilité de travailler s’ils le souhaitaient le samedi en étant payés en heures supplémentaires. Mais en début d’année, la direction a décalé la semaine de travail, obligeant tous les salariés à travailler le samedi, mais payé au tarif horaire normal.

Donc les salariés ont trouvé légitime de demander une hausse de salaire de 150 euros nets par mois pour compenser cette perte de salaire. La réponse de la direction a été un mépris affiché. Ils n’ont rien voulu entendre ni sur l’augmentation de salaire, ni sur l’amélioration des conditions de travail, ni sur la révision des rythmes de travail et la répartition des horaires à la semaine.

Le jeudi 28 février, les 168 salariés, réunis en assemblée générale, se sont mis en grève générale reconductible à l’unanimité.

LR : Au bout de 11 jours de grève, avez-vous eu gain de cause ?

Régis Fischer : Pas encore. La direction, qui jusqu’à l’entrée en grève du site de Folschviller (en Moselle) refusait toute négociation sur les salaires avec Maubeuge, jugeant que ce point des revendications ne pouvait se traiter qu’avec les délégués syndicaux centraux, a finalement accepté d’ouvrir les NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) avec 2 mois d’avance. Elle a également accepté de revoir la classification d’une quarantaine de salariés de Folschviller, ainsi que la mise en place d’un groupe de travail afin d’améliorer les plannings et les temps de repos. Les salariés grévistes de Folschviller ont donc décidé de suspendre la grève en attendant l’issu des NAO, et pour se réorganiser avec les collègues de Maubeuge.

LR : C’est donc la propagation de la grève sur d’autres sites qui a poussé la direction à la négociation ?

Régis Fischer : Folschviller est le site « historique » du groupe NEUHAUSER. C’est là que la première usine a ouvert ses portes en 1970. Aujourd’hui, il y a 3 usines de production à Folschviller et 2 usines à Maubeuge. L’effet boule de neige est inévitable, surtout que les conditions de travail et les revendications sont identiques d’un site à l’autre. Nous sommes déjà en contact avec des sites d’autres départements. Car les 19 sites de production sont presque chacun dans un département différent.

LR : Y a-t-il un syndicat CGT sur chacun d’entre eux ? Comment se passe la coordination entre les syndicats des différents sites ? Et quelles sont vos perspectives ?

Régis Fischer : Même si la CGT n’est pas forcément présente sur tous les sites (je ne peux pas vous répondre exactement sur sa présence effective), cela n’empêche pas les salariés d’être solidaires et attentifs au déroulement du mouvement. Nous ferons tout notre possible pour coordonner les actions et les revendications. La CGT est un syndicat qui a été créé dans cet objectif, nous avons des instances locales, départementales, régionales et nationales, comme en l’occurrence la Fédération CGT de l’agro-alimentaire.

Bernard Belle : C’est d’ailleurs peut-être la peur de cette organisation qui a fait que la direction du Groupe a tenté de nous empêcher de créer notre syndicat, sur le site de Maubeuge. Ils nous ont assignés en justice en contestant la création du syndicat CGT et mon élection en tant que délégué syndical. Ils ont bien évidemment perdu le procès, mais c’était une sorte d’intimidation. Et l’effet est inverse : on ne lâchera rien ! On va rester vigilants sur le déroulement de la NAO, et en fonction du résultat, on déterminera ce qu’on fera, avec les salariés, en assemblée générale.

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