Elections italiennes : une crise du système

Les élections législatives en Italie, fin février, n’ont pas dégagé de majorité parlementaire constituée autour d’un parti dominant. Le Parti Démocratique (PD), qui défend un programme d’austérité, a perdu 3,5 millions de voix depuis 2008. La « liste civile » de l’ex-Premier ministre Mario Monti a fait un mauvais résultat (10,5 %), au regard des espoirs qu’elle suscitait dans la classe dirigeante. Le parti de Berslusconi, le PDL, a perdu 6,5 millions de voix en cinq ans. La Ligue du Nord a perdu 1,6 million de voix sur la même période. La droite ne progresse pas ; c’est le « centre gauche » (le PD) qui a perdu ces élections.

L’appréciation que les capitalistes portent sur ces résultats est bien résumée par le Wall Sreet Journal : « du point de vue des marchés, c’est le pire des scénarios ». Dès l’annonce des résultats, la Bourse de Milan a dévissé et les coûts d’emprunt de l’Etat ont augmenté. Sur fond de fragmentation parlementaire, le gouvernement italien sera fragile et instable, au moment où Bruxelles exige des coupes drastiques dans les dépenses et de nouveaux sacrifices pour la masse de la population.

Le succès du « Mouvement des 5 étoiles »

L’Italie compte huit millions de pauvres. Le chômage dépasse les 12 %. Quatre millions de travailleurs vivent de contrats précaires payés 800 euros par mois (en moyenne). Tous les grands partis traditionnels, y compris le Parti Démocratique, ont été discrédités par les politiques réactionnaires qu’ils ont mises en œuvre ou soutenues au cours des vingt dernières années. Dans ce contexte, le succès du récent « Mouvement des cinq étoiles » (25 % des voix), autour de Beppe Grillo, n’est pas surprenant. Son mot d’ordre – « Qu’ils s’en aillent tous ! » – touchait juste : la classe politique italienne, qui charrie depuis tant d’années les mêmes personnalités plus ou moins corrompues, est détestée par de très nombreux Italiens.

Le programme du « Mouvement des cinq étoiles » est amorphe et petit-bourgeois. Par exemple, il propose de défendre les « honnêtes » capitalistes – notamment petits et « moyens » – contre les grands patrons voyous. Il s’en prend également au mouvement syndical. Mais la plupart de ses propres électeurs ne le suivront pas sur ce terrain réactionnaire. Beppe Grillo a cristallisé un vote de protestation qui peut et doit, à l’avenir, revenir à la gauche – à condition que celle-ci défende un programme de lutte contre le système capitaliste.

La débâcle du PRC

A l’occasion de ces élections, le Parti de la Refondation Communiste (PRC) s’est fondu dans une liste intitulée « la révolution civile », en alliance avec plusieurs petites formations – et avec à sa tête un magistrat, Antonio Ingroia. Son résultat (2,2 %) représente un plus bas niveau historique du PRC, qui est menacé de complète marginalisation. De fait, le programme de la « révolution civile » ne contenait aucune référence au mouvement ouvrier italien, avec lequel Ingroia n’a d’ailleurs pas de liens. Quelques formules « antilibérales » et un mot d’ordre creux – « le courage » – ne pouvaient pas aboutir à autre chose.

Nos camarades de Falce Martello, courant marxiste du PRC, avaient annoncé cet échec inévitable. Ils avaient proposé que le PRC défende un programme révolutionnaire qui prolonge les grandes luttes syndicales de ces dernières années. C’est en effet la seule voie pour que la gauche italienne se relève. L’intensification de la lutte des classes qui se prépare, en Italie, doit trouver une expression politique plus nette, du point de vue de son contenu de classe, que le « Mouvement des 5 étoiles ».

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