Perspectives pour la France 2007

Extrait :

Les perspectives économiques, sociales et politiques élaborées ici ont nécessairement un caractère général et conditionnel. Mais elles constituent néanmoins un élément indispensable de l’arsenal idéologique d’un marxiste. Il s’agit d’une analyse des processus fondamentaux à l’œuvre dans la société française, et qui nous permet de prévoir, dans la mesure du possible, le cours général le plus probable des événements dans la période à venir. Les perspectives nous servent de boussole pour nous aider à mieux nous orienter dans notre appréciation des événements et dans notre travail militant, à mieux distinguer le fondamental du secondaire, l’essentiel de l’accidentel.

L’intégration progressive des économies « nationales » en une seule économie internationale, brillamment mise en évidence par Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste, a été réalisée d’une façon si complète qu’aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut s’y soustraire. La division internationale du travail, le niveau de développement de la technologie – et donc de la productivité du travail – constituent un accomplissement historique majeur, qui forme la base matérielle sur laquelle reposera la future société socialiste. La prépondérance du marché mondial signifie également que les perspectives pour la France sont, plus que jamais, indissociables des perspectives mondiales.

Le système capitaliste est partout en crise. Sur tous les continents, y compris les Etats-Unis, le capitalisme signifie la régression sociale et la généralisation de la « grande pauvreté ». Même dans les pays les plus riches, les statistiques disponibles, prises dans leur ensemble, indiquent une dégradation constante des conditions de vie de la majorité, que ce soit dans le domaine de l’emploi, du logement, de la qualité des services publics et de la protection sociale, des systèmes éducatifs, de la santé publique ou encore de l’endettement des ménages. Dans les pays sous-développés, cette dégradation est beaucoup plus grave. En Afrique et en Asie, des centaines de millions d’êtres humains sombrent chaque année dans une misère absolument écrasante. L’accroissement des tensions et des conflits dans les domaines économique, diplomatique et militaire, les guerres et massacres, les soulèvements révolutionnaires – particulièrement en Amérique latine – sont autant d’expressions de l’impasse dans laquelle se trouve le système capitaliste, à l’échelle mondiale.

Les causes fondamentales de cette situation résident dans la contradiction entre, d’une part, la propriété privée des moyens de production et la rivalité des Etats nationaux, et, d’autre part, le caractère social et international de la production elle-même. La course au profit et l’exploitation de l’homme par l’homme restreignent le développement des forces productives et étouffent la culture humaine en général. Le capitalisme ne peut plus exister qu’au détriment de la vaste majorité de la population mondiale. Le renversement du capitalisme, le remplacement de la propriété capitaliste et de l’Etat-nation par la propriété sociale et la coopération socialiste internationale constituent la tâche fondamentale de la révolution à venir. La réalisation du socialisme est une nécessité historique tout aussi incontournable que ne l’était, en son temps, le renversement de l’ordre féodal. Elle est désormais la condition sine qua non du progrès économique, de l’émancipation sociale et politique de l’espèce humaine, et même de la sauvegarde des grands équilibres écologiques de la planète.

Le processus révolutionnaire est un processus international. Il ne sera pas un processus linéaire, allant de succès en succès. La lutte contre le capitalisme sera inévitablement ponctuée par des défaites, voire par des périodes de réaction. Les événements tumultueux qui se déroulent au Venezuela, en Bolivie, au Mexique et ailleurs en Amérique latine, montrent au continent européen son propre avenir. A terme, les mêmes causes produiront les mêmes effets. A des degrés divers, tous les pays européens connaissent une instabilité sociale et politique croissante.

La position du capitalisme français est aggravée par son déclin, en tant que puissance impérialiste, sur l’arène internationale. Il perd du terrain sur le marché mondial, en Europe, et même sur le plan intérieur. La réunification de l’Allemagne a considérablement affaibli le poids relatif de la France dans l’Union Européenne. En Afrique centrale et occidentale, dans les pays du Maghreb et en Asie, il recule face à ses rivaux. L’invasion américaine de l’Irak a porté un coup sévère au peu d’influence qui lui restait au Moyen-Orient. Après le retrait de l’armée syrienne du Liban, en 2005, l’impérialisme français espérait renforcer sa position dans la région. Mais l’échec de l’invasion israélienne, en juillet 2006, fut tel que l’intervention militaire française s’est réalisée dans des conditions bien plus désavantageuses que celles espérées par Chirac.

L’affaiblissement de la position mondiale du capitalisme français contribue à façonner ses perspectives sur le plan intérieur. La diminution régulière de ses parts de marché, dans le monde, rend d’autant plus impérieuse la nécessité de démolir les acquis sociaux en France. La sauvegarde de la richesse et du pouvoir de la classe dirigeante française, et la défense de ses intérêts à l’étranger, passent inéluctablement par une réduction draconienne la part de la richesse créée par les travailleurs qui leur est restituée, sous une forme ou sous une autre. Toutefois, cette politique de régression sociale ne peut être entreprise qu’au prix de provoquer une série d’affrontements majeurs entre les classes, dont les phases critiques fourniront au salariat et à la jeunesse l’opportunité d’en finir avec le capitalisme.

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