Contre le sectarisme de “l’extrême gauche”

Cet article date d’octobre 2002.

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La défaite de la gauche aux dernières présidentielles 
et législatives était la conséquence de l’impasse dans laquelle se trouve 
le réformisme face à la crise du capitalisme. Cette crise n’interdit 
pas la réalisation de réformes sociales, mais signifie qu’il est 
désormais impossible, dans le cadre du système capitaliste, d’empêcher
durablement la dégradation du niveau de vie de la population par le 
biais de mesures parlementaires et partielles
. Même pendant la 
reprise (1997-2001), les mécanismes de l’économie capitaliste tendaient 
à annuler les acquis du passé et les effets des quelques réformes positives 
réalisées par le gouvernement Jospin. L’actuelle récession économique 
est en train d’accélérer la dégradation du niveau de vie des travailleurs, 
les poussant dans une situation où il faudrait, simplement pour limiter 
cette dégradation, qu’ils engagent une lutte quasiment ininterrompue. 
C’est précisément la précarité croissante des conditions d’existence 
de la population, et l’impossibilité d’y remédier par le biais de réformes, 
qui constituent les prémisses de notre perspective révolutionnaire. 
Les bases économiques sur lesquelles reposait le “réformisme” 
n’existent plus, et, dans ce contexte, les ondes de choc créées par 
la défaite de la gauche ont provoqué de profondes crises au sein du 
PS et du PCF, conformément aux perspectives que notre organisation avait 
préalablement élaborées. L’autorité politique des directions de ces 
deux partis s’est largement effondrée.

Le comportement du gouvernement Jospin a de nouveau amplement démontré 
que les dirigeants du PS sont attachés par mille liens au système capitaliste. 
Ce sont des agents conscients des intérêts de la classe capitaliste. 
Quant aux membres de la nomenklatura municipale et parlementaire 
du PCF, si les avantages matériels dont ils bénéficient sont moins flagrants 
que ceux de leurs homologues socialistes, leur ralliement honteux à 
“l’économie de marché” – qui est allé jusqu’au cautionnement 
des privatisations massives mises en œuvre par le gouvernement 
Jospin – indique que les différences entre leur politique et celle des 
dirigeants socialistes sont plus apparentes que réelles. Dans les années 
20, Trotsky prédisait que l’acceptation, par l’Internationale Communiste, 
de la théorie utopiste et réactionnaire du “socialisme dans un 
seul pays” mènerait à la dégénérescence nationaliste et réformiste 
de toutes ses sections. Cette prévision brillante s’est avérée tout 
à fait exacte. L’obéissance aveugle aux zigzags successifs de la “ligne” 
stalinienne a fait place à un “réalisme” fatigué et démoralisant. 
Le réformisme insipide des dirigeants du PCF a empêché le parti de se 
distinguer nettement du PS, ce qui a rendu impossible la défense des 
positions acquises dans le passé. Au terme de cinq années marqués par 
une croissance régulière de luttes sociales remettant directement ou 
indirectement en cause la politique de Jospin, c’est-à-dire dans un 
contexte où un parti “communiste” digne de ce nom aurait pu 
s’attendre à une croissance importante de sa base sociale, électorale, 
et militante – le PCF a réalisé le score le plus bas de toute son histoire.

Les directions réformistes du PS, du PCF et des organisations syndicales 
constituent l’obstacle principal sur la voie de la transformation socialiste 
de la société. Pour que la situation révolutionnaire en cours de maturation 
puisse aboutir à une conclusion victorieuse, le mouvement ouvrier devra 
préalablement se libérer de leur emprise et se doter d’une direction 
révolutionnaire authentique. L’un des éléments fondamentaux de nos perspectives 
porte ainsi sur la question de savoir comment cette nouvelle direction 
émergera au cours du processus révolutionnaire et quelle doit être, 
en conséquence, l’attitude des marxistes envers les principales organisations 
politiques et syndicales du salariat.

Pour les groupements dits d’ “extrême gauche”, comme la LCR 
et LO, les conclusions qui sont à tirer des événements récents sont 
les suivantes : le PS et le PCF sont historiquement “finis”. 
La défaite des principaux partis de gauche ouvre un “espace” 
pour l’émergence d’un mouvement révolutionnaire en dehors de ces partis 
et en concurrence avec eux. En conséquence, disent-ils, tout ce qui 
tend à renforcer le PS ou le PCF doit être combattu. Aucun accord électoral 
avec eux n’est acceptable, quitte à laisser passer la droite. Quant 
aux militants socialistes ou communistes oppositionnels, ils devraient 
sans tarder quitter ces partis et participer à la construction d’une 
“alternative révolutionnaire”. Pour l’extrême gauche, la marque 
du trotskiste authentique est la position de “rupture” avec 
les partis réformistes et l’adhésion aux partis révolutionnaires “indépendants”.

Cependant, l’empressement de l’extrême gauche à enterrer le PCF et le 
PS ne correspond à aucune réalité. Nous avons expliqué ailleurs, et 
notamment dans nos dernières Perspectives pour la France, que 
les mois et les années à venir verront la maturation d’une confrontation 
majeure entre les classes. Mais les dirigeants de l’extrême gauche n’ont 
visiblement pas la moindre idée de comment se passe – non pas dans leur 
imagination, mais dans les faits matériels et historiquement avérés 
– une véritable mobilisation de masse. Pratiquement toutes les situations 
révolutionnaires qui se sont produites depuis un siècle – et elles sont 
nombreuses – démontrent la chose suivante, qui peut être considérée 
comme une loi historique : quand la masse de la population entre en 
action, elle se tourne toujours vers les grandes organisations politiques 
et syndicales traditionnelles
, c’est-à-dire vers les organisations 
qui ont émergé historiquement comme l’expression organisée du salariat, 
et qui, par conséquent, occupent une place prépondérante dans la conscience 
collective, non pas d’une bande de “révolutionnaires” autoproclamés, 
mais de la masse de la population. Même dans les pays où l’installation 
de dictatures avait presque totalement détruit les partis socialistes 
ou communistes, ce sont ces mêmes partis qui resurgissent avec le mouvement 
de masse. Ce fut le cas en Espagne, lors de la chute du régime franquiste, 
en 1975, soit 36 après la victoire du fascisme, dont la traîtrise des 
dirigeants socialistes et communistes était responsable. En Grèce, le 
Parti Socialiste (PASOK) est devenu, en l’espace de quelques jours, 
le principal parti de la classe ouvrière, suite à la chute de la dictature 
des généraux, en 1974.

Dans toute l’histoire de la lutte des classes, à l’échelle internationale, 
il n’y a pratiquement aucune exception à cette loi, pourtant totalement 
ignorée ou passée sous silence par l’extrême gauche. La mobilisation 
massive qui se produira tôt ou tard passera par-dessus de la tête des 
formations d’extrême gauche et se tournera vers le PS, le PCF, et les 
grandes confédérations syndicales. Les jeunes et les travailleurs, une 
fois massivement entrés en action contre la puissance du patronat et 
de l’Etat, ne verront pas l’utilité d’une secte ou d’une quelconque 
organisation marginale, et ce quelle que soit la “pureté” 
de ses idées. Et pour cause : de telles organisations n’ont, en 
effet, aucune utilité dans un pareil contexte
. En conséquence, 
au cours de la maturation de la crise pré-révolutionnaire, il s’avérera 
que le PS et le PCF disposent de réserves sociales incomparablement 
plus importantes et puissantes que tous ces groupements prétendument 
“révolutionnaires” réunis.

Il y aurait beaucoup à dire sur la nature politique des principaux groupements 
d’extrême gauche, dont l’existence et la viabilité apparente est une 
sorte de châtiment pour le conservatisme qui domine pour l’instant les 
grands partis de gauche. Dans le fond, les programmes respectifs de 
ces groupements n’ont rien de “révolutionnaires”. La LCR, 
par exemple, s’est montrée prête, au fil des années, à adapter son programme 
à celui de n’importe quelle tendance réformiste, de Pierre Juquin aux 
écologistes, en passant par ATTAC et les innombrables variantes de la 
“mouvance alternative”. A partir du moment où ces tendances 
sont “en rupture” avec le mouvement socialiste et communiste, 
tous les compromis sont possibles ! L’objectif du socialisme ne figure 
ni dans le programme présenté par LO, ni dans celui de la LCR, ni dans 
celui du PT, et on chercherait en vain la moindre allusion au socialisme 
dans les discours et les publications de leurs candidats. Abstraction 
faite de la terminologie à connotation marxiste utilisée occasionnellement 
par ces organisations – qui peut servir à tromper des militants sans 
expérience ou sans connaissances théoriques – le contenu réel de leurs 
programmes n’est autre chose qu’une variante du réformisme de gauche, 
qui ne diffère guère, dans ses traits essentiels, du contenu du programme 
actuel du PCF.

Nous reviendrons sur les programmes politiques de ces organisations. 
Pour l’heure, nous nous bornerons à la question de leur attitude vis-à-vis 
des grands syndicats et partis de gauche, laquelle a semé une confusion 
considérable, non seulement dans l’esprit de leurs propres militants, 
mais auprès d’une fraction significative de la jeunesse en général. 
Nous n’aurons aucune difficulté à démontrer que cette attitude se trouve 
en contradiction complète avec les idées de Marx, d’Engels, de Lénine 
et de Trotsky, qui n’ont eu cesse de combattre le positionnement sectaire 
qui caractérise ces groupements “trotskistes”.

La question de l’attitude que doivent adopter les marxistes envers l’ensemble 
du mouvement ouvrier n’est pas un problème nouveau, et les théoriciens 
marxistes les plus éminents nous ont laissé une abondante littérature 
à ce sujet. Après tout, s’il suffisait de proclamer la supériorité du 
socialisme par rapport au capitalisme, ou de dénoncer le réformisme, 
pour que la masse des salariés rallie la cause révolutionnaire, il y 
a longtemps que le capitalisme aurait été renversé. La question est 
de savoir comment les maigres forces du marxisme peuvent, tout d’abord, 
aider la couche la plus combative et consciente du salariat à comprendre 
la nécessité de la révolution, et, ensuite, comment et dans quelles 
conditions cette couche peut obtenir l’adhésion de la masse de la population. 
Dépourvues d’une réponse sérieuse à cette question, les idées du socialisme 
ne seraient que lettre morte. Il est donc d’une importance primordiale 
de rétablir les positions fondamentales du marxisme sur ces questions.

Dans le Manifeste du Parti Communiste, publié en 1848, Marx 
et Engels traitent de la manière suivante la question du rapport que 
doivent entretenir les communistes avec l’ensemble du mouvement ouvrier : 
“Quelle est la position des communistes par rapport à l’ensemble 
des travailleurs ? Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé 
aux autres partis ouvriers. Ils n’ont point d’intérêts qui les séparent 
de l’ensemble de la classe ouvrière. […] Pratiquement, les communistes 
sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les 
pays, la fraction qui stimule toutes les autres ; théoriquement, ils 
ont sur le reste de la classe ouvrière l’avantage d’une intelligence 
claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement 
ouvrier.”

Marx et Engels fustigeaient sans cesse les groupements sectaires qui 
se tenaient à l’écart des grandes formations politiques et syndicales 
prenant forme en Europe et aux États-Unis dans la dernière partie du 
XIXe siècle, et mettaient constamment en garde les travailleurs qui 
embrassaient les idées du socialisme de ne pas les transformer en “dogme”. 
Ils répétaient sans cesse que le marxisme n’était pas une doctrine académique 
ou une profession de foi sectaire, à porter comme un badge ou une cocarde 
pour se distinguer de la “masse” inculte, mais “un 
guide pour l’action”
, un “instrument de travail dans 
le mouvement de masse.”
 (Lettre d’Engels à F.A. Sorge, le 
29 novembre 1886.) “Ce que Marx et Engels critiquent avec le 
plus de véhémence, dans le socialisme anglo-américain
, écrivait 
Lénine en 1907, c’est son isolement du mouvement ouvrier[ …], 
c’est de ne pas savoir s’adapter au mouvement ouvrier théoriquement 
désarmé, mais vivant, massif, puissant.”

“Où en serions-nous maintenant si, de 1864 à 1873, nous avions 
persisté à ne vouloir agir de concert qu’avec ceux qui adoptaient ouvertement 
notre programme ?”
 demande Engels dans sa lettre à Sorge du 
27 janvier 1887. L’attitude d’Engels sur la nécessité de participer 
activement aux formations politiques les plus importantes du salariat, 
indépendamment du caractère politique de leurs directions, était très 
clairement exposée dans ses écrits au sujet du Parti Ouvrier américain 
dirigé par le “socialiste” Henry George. Engels ne mâchait 
pas ses mots concernant le caractère des idées défendues par Henry George, 
qu’il qualifiait de “socialiste-réactionnaire” et 
“idéologue de la bourgeoisie radicale.” Cependant, 
disait-il, il ne fallait pas pour autant que les tenants du socialisme 
authentique se tiennent à l’écart de ce parti, en se mettant dans un 
rapport de concurrence avec lui. “Un ou deux millions de voix 
ouvrières pour un véritable parti ouvrier ont aujourd’hui infiniment 
plus de valeur qu’un centaine de milliers de voix en faveur d’un programme 
parfait au point de vue théorique. […] Tout ce qui pourrait retarder 
ou empêcher la consolidation du Parti Ouvrier – sur quelque programme 
que ce soit – je le considérerais comme une grave erreur.” 
(Lettre 
du 28 décembre 1886).

Pour le marxisme, le “sectarisme” n’est pas une simple injure, 
ni un terme dont on se sert allègrement dans une polémique. Le sectarisme 
désigne un phénomène précis. Le programme est élaboré de manière scientifique, 
à partir des conditions matérielles créées par le capitalisme, et non 
pas à partir des schémas moraux et abstraits. Mais l’adoption de ce 
programme par une minorité éclairée ne suffit pas pour changer la société. 
Encore faut-il qu’il soit adopté par les forces sociales colossales 
qui seules peuvent le mettre en œuvre. Le sectaire, tout en attachant 
une immense importance au fait qu’il ait lui-même “compris” 
le programme du socialisme, sous-estime, voire néglige totalement la 
nécessité de lier celui-ci aux organisations des travailleurs. Sa fierté 
est dans tout ce qui le distingue des “masses”, de leurs “illusions” 
et autres défauts. Au lieu d’intervenir activement dans le mouvement 
ouvrier réel, tel qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses, il se 
contente de proclamer, de l’extérieur, ce que le mouvement ouvrier devrait 
être.

Les traits psychologiques fondamentaux du sectaire sont son impatience 
et sa crainte devant les grandes tâches
. Comme le disait Engels, 
il “érige son impatience en programme politique”
Le sectaire refuse, “par principe”, de participer au mouvement 
ouvrier tel qu’il est – massif, vivant, traversé par toutes sortes de 
courants, y compris des courants réactionnaires – et donc forcément 
imparfait et “hors cadre” par rapport à l’idéologie “parfaite” 
de son “dogme”. Reculant devant la tâche qui lui paraît trop 
immense, à savoir la nécessité de gagner ce grand mouvement aux idées 
révolutionnaires, le sectaire préfère se tenir confortablement à l’écart, 
dénoncer les défauts du mouvement, et ce jusqu’au jour où, pense-t-il, 
la “masse” prendra enfin conscience de son erreur, abandonnera 
ses organisations et se mettront à l’école de la perfection où il règne 
en maître incontesté !

Combien de fois, sur des manifestations, avons-nous eu à faire à des 
partisans de l’extrême gauche, dont l’agacement les empêche presque 
de respirer quand ils apprennent que nos militants participent aux activités 
du PCF ? “Comment pouvez-vous, par votre appartenance 
à ce partis et par vos consignes de vote en leur faveur, cautionner 
la politique de ses chefs
 ?” Pourtant, nous sommes en très bonne 
compagnie dans cette démarche “aberrante”. Dans son remarquable 
livre La maladie infantile du communisme, ou le “gauchisme”
écrit en 1920, Lénine insistait sur le fait qu’une organisation communiste 
doit non seulement regrouper des éléments les plus instruits sur le 
plan théorique et les plus dévoués à la cause révolutionnaire, mais 
aussi démontrer “son aptitude à se rapprocher, à se lier, et 
à se fondre jusqu’à un certain point avec la masse la plus large des 
travailleurs.”
 Il demandait avec insistance aux groupements 
se réclamant du communisme de se tourner résolument vers les organisations 
réformistes, d’y participer activement, et de les soutenir dans les 
élections. En s’appuyant sur de nombreuses expériences en Russie et 
en Europe occidentale, Lénine dénonçait la nocivité de bon nombre d’idées 
et d’attitudes qui sont, hélas !, monnaie courante chez nos “gauchistes” 
contemporains.

En évoquant le travail des communistes dans les syndicats, Lénine critiquait 
le “dogmatisme de gauche” qui, prenant pour prétexte ” 
l’esprit réactionnaire des milieux dirigeants syndicaux,[…] concluent 
à la sortie des communistes des syndicats”
. Cette “bêtise 
impardonnable rend un immense service aux capitalistes”, car le 
refus de participer aux syndicats sous prétexte qu’ils sont dominés 
par des éléments conservateurs revient à abandonner les salariés à l’influence 
de ces mêmes dirigeants.

Le raisonnement de Lénine était le même à l’égard des partis politiques 
réformistes. En réponse aux révolutionnaires britanniques comme Willie 
Gallagher, qui, dans la perspective de former un Parti Communiste, refusaient 
d’avance tout soutien au Parti Travailliste, Lénine, après avoir salué 
“l’esprit révolutionnaire admirable” des militants en question, 
leur expliquait que cette qualité ne suffira pas pour faire avancer 
la cause du communisme en Grande-Bretagne. “Que les Henderson, 
les McDonald et les Snowden soient irrémédiablement réactionnaires, 
cela est exact. Il n’est pas moins exact qu’ils veulent “administrer” 
selon les vieilles règles bourgeoises et se comporteront forcément, 
une fois au pouvoir, comme les Scheidemann et les Noske. Mais il ne 
suit point de là que les soutenir, c’est trahir la révolution. Il s’ensuit 
que les révolutionnaires de la classe ouvrière doivent, dans l’intérêt 
de la révolution, accorder à ces messieurs un certain soutien parlementaire.” 
Si les communistes veulent porter leurs idées à l’attention de 
la classe ouvrière, “faute de quoi nous risquons de n’être 
plus que des bavards” écrit Lénine, “nous devons d’abord aider 
Henderson ou Snowden à battre Lloyd George et Churchill.”

Contre l’argument qui consistait à refuser tout “compromis” 
avec les dirigeants travaillistes, Lénine insistait, au contraire, sur 
la nécessité de proposer un compromis avec ces dirigeants dans le cadre 
des élections législatives. Les communistes devaient demander une entière 
liberté de propagande en faveur de leurs idées, disait-il, en échange 
de leur soutien électoral. Dans le cas où les dirigeants travaillistes 
refuseraient ce compromis, poursuivait Lénine, les communistes pouvaient 
présenter des candidats dans un nombre infime de circonscriptions, et 
uniquement dans celles où la présence d’un candidat communiste n’empêcherait 
pas la victoire du Parti Travailliste. Dans toutes les autres circonscriptions, 
les communistes devaient appeler haut et fort à voter travailliste. 
Lénine estimait que, malgré le caractère pro-impérialiste des dirigeants 
travaillistes – qui avaient soutenu sans réserve le carnage impérialiste 
de la guerre de 1914-18 – il fallait soutenir le principal parti des 
travailleurs britanniques pour qu’ils fassent eux-mêmes l’expérience 
de leurs dirigeants au pouvoir, ce qui les aiderait à prendre conscience 
de la véritable nature des ces dirigeants et à s’émanciper de leur influence. 

Lénine évoquait également la situation en Allemagne, où les communistes 
“de gauche”, repoussés par l’opportunisme des dirigeants du 
Parti Social-démocrate Indépendant (Kautsky, Hilferding, Crispien, Ledebour) 
refusaient tout compromis avec ce parti. Lénine considérait que cette 
attitude était une grave erreur. Dans ce parti, disait Lénine, existe 
une aile gauche “qui suit une progression singulièrement rapide”, 
et “redouter un compromis avec cette aile du parti serait tout 
bonnement ridicule … Au contraire, les communistes se doivent de 
chercher et de trouver une forme appropriée de compromis susceptible, 
d’une part, de hâter la complète et nécessaire fusion avec cette aile 
et, d’autre part, de ne gêner en rien la campagne idéologique et politique 
des communistes contre l’aile droite opportuniste des “indépendants””.

Léon Trotsky se retournerait dans sa tombe s’il pouvait voir le comportement 
actuel de ceux qui agissent en son nom. Il a lutté toute sa vie contre 
le sectarisme. Jusqu’en 1933, malgré les persécutions et les méthodes 
répressives de la direction stalinienne, l’Opposition de Gauche dirigée 
par Trotsky s’est considérée comme partie intégrante de l’Internationale 
Communiste et luttait pour redresser la politique de l’Internationale 
en y défendant les principes et le programme de l’internationalisme 
révolutionnaire. Après l’arrivée au pouvoir de Hitler, en 1933, Trotsky 
et l’Opposition ont dû abandonner cette orientation. Cependant, pour 
Trotsky, il fallait à tout prix éviter la séparation des révolutionnaires 
d’avec les courants principaux du mouvement ouvrier
. En France, 
en Grande-Bretagne, et ailleurs, il s’est battu inlassablement pour 
convaincre les sections nationales de l’Opposition de la nécessité de 
s’orienter vers les organisations politiques et syndicales les plus 
importantes du mouvement ouvrier : “Si notre organisation reste 
à l’extérieur [de la SFIO ], écrivait-il en juin 1934, et concentre 
ses efforts sur une critique de l’extérieur, elle court le danger d’irriter 
les travailleurs au lieu d’attirer leur attention. C’est dans l’unité 
de leurs rangs que les travailleurs voient aujourd’hui l’unique voie 
de salut. Ne pas tenir compte de cet état d’esprit des masses, puissant, 
et en définitif sain, le contrecarrer, ce serait la mort. Lors de la 
montée d’un mouvement, la tâche des marxistes consiste, tout en se faisant 
porter par la vague, à apporter la clarté nécessaire de pensée et de 
méthode. Notre organisation est trop faible pour prétendre à une place 
indépendante. Cela signifie qu’elle doit prendre une place dans l’un 
des deux partis qui ont conclu l’accord [du Front Unique]. Pour nous, 
il n’existe pas de différence de principe entre les deux partis, ou 
presque aucune. Mais, dans la pratique, c’est seulement l’entrée dans 
le parti social-démocrate qui est possible.”

En matière d’orientation stratégique, la préoccupation constante de 
Lénine et de Trotsky, comme de Marx et d’Engels avant eux, a été de 
rapprocher autant que possible les marxistes des organisations les plus 
importantes du salariat. A notre avis, n’importe quel militant qui se 
donne la peine de lire La maladie infantile du communisme ou 
d’étudier les nombreux écrits de Trotsky sur ce même thème comprendra 
aisément que leur approche se situe à mille années-lumière de l’attitude 
de notre extrême gauche contemporaine vis-à-vis du PS et du PCF.

Par exemple, lors des dernières élections présidentielles et législatives, 
LO, la LCR et le PT, ainsi que pratiquement tous les groupements d’extrême 
gauche de moindre importance, ont tout bonnement déclaré que puisqu’il 
n’y avait “aucune différence” entre les partis de droite, 
d’une part, et le PS et le PCF, d’autre part, qu’on ait un gouvernement 
de gauche ou un gouvernement de droite n’a aucune importance. Pour le 
deuxième tour des présidentielles, par exemple, dans le cas d’un duel 
entre Jospin et Chirac, toutes ces organisations avaient déclaré d’avance 
qu’elles prôneraient l’abstention. Elles se sont donc contentées d’encaisser 
les voix de leurs électeurs au premier tour – et d’encaisser aussi, 
soit dit en passant, les généreuses subventions gouvernementales correspondantes, 
qui ne sont autre chose qu’une forme “officielle” de corruption 
politique.

Examinons cette attitude à la lumière de l’approche adoptée par Lénine. 
Lorsque les organisations d’extrême gauche disent que les dirigeants 
socialistes et communistes ont capitulé devant le capitalisme, qu’ils 
ne peuvent pas résoudre les problèmes des travailleurs, étant donné 
le caractère pro-capitaliste de leur politique, et que, sur toutes les 
questions fondamentales, dans la pratique, le gouvernement de gauche 
s’est comporté comme un gouvernement de droite, ils ont raison. Seulement, 
comme le disait Lénine, il ne découle nullement de cette appréciation 
qu’il ne faut pas soutenir les principaux partis du salariat, dès 
lors que nous avons l’objectif de convaincre la masse des salariés de 
cette vérité.

Or, précisément du point de vue de cet objectif, il y a une différence 
très importante
 entre un gouvernement de gauche et un gouvernement 
de droite. En 1981, au lendemain de la victoire de la gauche, François 
Mitterrand, ainsi que l’ensemble des dirigeants du Parti Socialiste 
et du Parti Communiste, jouissaient d’un énorme prestige et d’un soutien 
extrêmement enthousiaste de la part de l’électorat de gauche. Au sein 
du PS, il était pratiquement impossible de faire entendre une voix dissonante 
vis-à-vis de la direction du parti et du gouvernement. Dans le PCF, 
l’autorité morale de la direction, et la puissance de l’appareil à sa 
disposition, étaient telles qu’elle pouvait, d’un coup de téléphone, 
faire éjecter des dissidents sans que ce genre de mesure soit sérieusement 
contesté par les militants du parti. Aujourd’hui, la crédibilité des 
directions socialiste et communiste a connu un véritable effondrement 
par rapport à cette époque, à l’intérieur des partis comme dans leur 
électorat. L’explication de ce phénomène n’est pas difficile à comprendre 
 : sur les 21 ans qui nous sépare de 1981, la gauche a été au pouvoir 
pendant plus de 15 ans
. Par conséquent, aujourd’hui, les millions 
de travailleurs et de jeunes – c’est-à-dire la masse – qui 
ont vécu et ressenti cette expérience concrète du 
réformisme commencent à tirer des conclusions au sujet de ceux qui prétendent 
les défendre. Les deux partis ont été plongés dans une crise interne, 
avec le développement de courants oppositionnels significatifs de part 
et d’autre. Par ailleurs, parmi de larges couches de l’électorat de 
gauche, il y a de toute évidence un profond mécontentement vis-à-vis 
des instances dirigeantes de ces deux partis.

Or, il faut se poser la question suivante : la défaite de la gauche 
va-t-elle accélérer cette remise en question des dirigeants réformistes 
ou, au contraire, aura-t-elle tendance à la freiner ? Clairement, le 
fait que les dirigeants socialistes soient aujourd’hui dans l’opposition 
leur ouvre une nouvelle marge de manœuvre dans leur tentative de 
restaurer leur crédibilité, les autorisant à s’adapter en paroles 
à l’humeur critique de la base du parti et de l’électorat, alors que 
s’ils étaient encore au pouvoir, surtout dans le contexte économique 
actuel, ils seraient dans une position extrêmement difficile. Ainsi, 
une heure après la manifestation du 3 octobre, François Hollande a découvert 
qu’il était “fermement opposé à l’ouverture du capital d’EDF-GDF”
alors qu’il disait le contraire avant les élections. Avec la gauche 
au pouvoir, la même mobilisation syndicale contre la privatisation d’EDF-GDF 
aurait été dirigée, non pas contre Raffarin, avec des dirigeants socialistes 
faisant mine de l’approuver, mais contre les dirigeants socialistes 
eux-mêmes
. Marie-George Buffet, pour sa part, exige un “retour 
aux sources du communisme” et une politique “résolument anti-capitaliste”, 
se dissociant des “adaptations et compromis” de la direction 
du PCF pendant la période … de sa participation comme ministre 
au gouvernement ! Du point de vue de la prise de conscience du salariat 
quant à la véritable nature et fonction des dirigeants socialistes et 
communistes, la victoire de la gauche aux législatives de 1997, 
qui a les a remis à l’épreuve du pouvoir, était le meilleur résultat 
possible
. Du même point de vue, la portée historique d’une victoire 
pour la gauche aux dernières présidentielles, et surtout aux législatives, 
aurait été infiniment plus importante que ne le sont les savantes comparaisons 
de l’extrême gauche entre les propositions politiques de la droite et 
celles de la gauche, qui aboutissent à la conclusion abstraite qu’il 
n’y a “pas de différence” entre un gouvernement de gauche 
et un gouvernement de droite.

Notons que Lutte Ouvrière a soutenu Mitterrand et l’alliance PS-PCF 
au deuxième tour des élections de 1981, en disant qu’il fallait que 
les travailleurs en fassent l’expérience. Cependant, cette politique 
a été abandonnée dès 1986. Pour Lutte Ouvrière, l’expérience de la gauche 
au pouvoir ayant été négative, il fallait faire une croix sur le PS 
et le PCF, et il était désormais hors de question de leur renouveler 
son soutien. La question de savoir si le salariat dans son ensemble 
allait, de son côté, abandonner les partis traditionnels, n’avait manifestement 
aucune importance pour les dirigeants de Lutte Ouvrière, lesquels, à 
la manière classique d’une secte, mesure le processus historique à l’échelle 
de ses propres désirs, alors qu’une organisation marxiste se doit, au 
contraire, de prendre sa propre mesure et celle des orientations qui 
s’imposent à elle sur la base du processus historique objectif. “Le 
sectaire
, écrivait Trotsky, veut toujours avoir son mouvement 
ouvrier à lui. Il pense qu’en répétant des formules magiques, il va 
obliger une classe toute entière à se grouper autour de lui.”
 
Le PS, on le sait, a perdu les élections de 1986, mais dans l’espace 
de deux ans
, à la suite d’une série de mobilisations sociales et 
de grèves de grande ampleur, il a été de nouveau propulsé au pouvoir
Il y avait là une leçon précieuse, que l’histoire ne nous donnait ni 
pour la première ni pour la dernière fois, mais que Lutte Ouvrière, 
en tant que secte complètement pétrifiée, s’est avérée totalement incapable 
de comprendre.

Suivant un raisonnement similaire, la LCR, qui avait soutenu Jospin 
et la “gauche plurielle” en 1997, a refusé de la soutenir 
en 2001, puisque elle-même, en tant qu’organisation, “en avait 
assez” du PS et du PCF. Et l’attitude de la masse du salariat ? 
La direction de la LCR ne se pose même pas la question. L’ironie de 
la situation était que, après avoir expliqué, avant le premier tour, 
qu’il fallait s’abstenir au deuxième, et que l’argument du “moindre 
mal” en faveur de Jospin était irrecevable, la LCR est passée d’une 
position incorrecte à une autre, en acceptant finalement de participer 
à la campagne du deuxième tour en faveur d’un “moindre mal” 
nommé … Jacques Chirac !

Le sectaire est constamment désappointé par le fait que les travailleurs, 
malgré tout ce qu’ils ont vécu, “ne comprennent toujours pas” 
qu’il faut abandonner le PS et le PCF, et se mettre sous ses ordres 
à lui. Cette irritation permanente peut parfois le rendre quelque peu 
hystérique. Il est incapable de comprendre que les travailleurs, face 
aux énormes moyens de leurs adversaires, et même quand ils sont profondément 
déçus par leurs organisations, ne peuvent pas se permettre de chercher 
l’adresse de tel ou tel groupement marginal et “tout recommencer”. 
Dans la pratique, ils n’ont pas d’autre choix que de se tourner 
vers le PS, le PCF et les organisations syndicales les plus importantes 
et représentatives, vers des drapeaux visibles et reconnus par des forces 
suffisamment importantes pour infliger une défaite à l’ennemi. C’est 
ce qui s’est produit en 1997 et, n’en déplaise à l’extrême gauche, ce 
qui se reproduira inévitablement aux prochaines élections
.

Dès lors qu’ils s’engagent dans une lutte sérieuse et de grande échelle 
contre leurs adversaires, que ce soit à travers des grèves ou sur le 
plan politique, les travailleurs sentent instinctivement la nécessité 
de la plus grande unité possible, et considèrent ceux qui empêchent 
cette unité comme un obstacle. Ainsi, au lieu d’abandonner les organisations 
de masse – c’est-à-dire reconnues comme une force immédiatement accessible 
et potentiellement puissante dans la conscience collective de la masse 
de la population – en faveur d’une secte marginale, le mouvement social 
exerce, et exercera davantage à l’avenir, une pression sur ces grandes 
structures afin de les transformer, et afin de les soumettre aux exigences 
de sa lutte. Pour tous ceux qui ont des yeux pour voir, ce processus 
est déjà engagé, dans le PS, dans le PCF et dans les syndicats, et prendra 
nécessairement une ampleur et une puissance incomparablement plus fortes 
à l’avenir.

Les organisations sectaires justifient leur démarche par la nécessité 
de maintenir à tout prix “l’indépendance du parti révolutionnaire”. 
Elles confondent la nécessaire indépendance idéologique, organisationnelle 
et financière du mouvement révolutionnaire avec une séparation physique 
de celui-ci par rapport aux organisations les plus importantes du salariat. 
Tout en étant inflexible sur nos principes, les prémisses théoriques 
et le programme de notre mouvement, nous devons au contraire nous orienter 
résolument vers les organisations traditionnelles du salariat, ce qui 
signifie, concrètement, le Parti Socialiste, le Parti Communiste et 
les organisations syndicales.

A ce stade, nous ne sommes qu’au début de notre travail. Nous devrons 
nécessairement passer, pendant un certain temps, par une phase préparatoire, 
dans laquelle la formation de nos militants et le propagandisme occuperont 
une place prépondérante dans notre activité. Sans un minimum de militants 
formés, une action cohérente dans le mouvement social est impossible. 
Cependant, un révolutionnaire ne se forme pas seulement avec la discussion 
et l’étude théorique. Il doit aussi s’efforcer de se lier au mouvement 
social, que ce soit une section du PCF ou du PS ou une section syndicale, 
et apprendre comment y intervenir correctement. Notre but n’est pas 
de former des théoriciens en vase clos, “prêchant aux convertis”. 
Si nous insistons tant sur la théorie, c’est pour pouvoir intervenir 
efficacement auprès de la jeunesse et des travailleurs. Dans une certaine 
mesure, des comportements et des réflexes “sectaires” sont 
inévitables dans une organisation révolutionnaire de taille modeste, 
étant donné qu’elle s’attaque avec des moyens apparemment dérisoires 
contre des tendances infiniment plus puissantes. Cependant, en se tournant 
le plus possible vers l’extérieur, notre mouvement facilitera sa transition 
vers l’étape suivante, au cours de laquelle elle deviendra un courant 
plus conséquent et aux moyens d’action plus importants.

Dans le cadre d’une orientation générale vers les organisations politiques 
et syndicales les plus importantes des travailleurs, il faudra faire 
preuve d’une très grande souplesse tactique dans notre activité au jour 
le jour. En nous dirigeant vers les meilleurs éléments, là où ils se 
trouvent – c’est-à-dire, pour l’instant, en dehors des organisations 
traditionnelles – nous trouverons les effectifs qui nous permettront 
d’agir de manière efficace lorsque, en conséquence des mobilisations 
successives des jeunes et des travailleurs, la situation à l’intérieur 
de ces organisations deviendra plus favorable. Au cours des années à 
venir, à condition de mener à bien notre travail, par une combinaison 
de formation théorique et d’activité publique, nous jèterons les bases 
d’une puissante tendance marxiste, non pas à l’extérieur des grandes 
organisations du salariat, mais fermement ancrée au cœur de celles-ci. 

A partir de là, les grands conflits de classe qui se préparent en France 
ouvriront la voie à l’émergence d’un véritable mouvement révolutionnaire, 
non pas à l’image des sectes opportunistes qui grouillent en marge des 
partis de gauche et des syndicats, mais, au contraire, avec l’avantage 
colossal – et qui s’avérera décisif – d’en faire partie intégrante. 
Les sections de l’Internationale Communiste ont été créées, au lendemain 
de la première guerre mondiale, à partir des anciens partis sociaux-démocrates. 
Il en sera de même pour les partis révolutionnaires qui se formeront 
à l’avenir, en Europe et ailleurs. Concrètement, en France, l’expression 
organisée des forces vives, massives et puissantes, et donc réellement 
capables
 d’en finir avec le capitalisme et son cortège de souffrance 
et d’horreurs, prendra forme à partir des organisations existantes, 
c’est-à-dire à partir du PCF, du PS et des grandes structures syndicales, 
et non pas à partir d’une quelconque “alternative” concurrente. 

A un certain stade du processus, sous l’impact des événements, une lutte 
décisive s’engagera, au sein des partis de gauche et des grandes organisations 
syndicales, entre le mouvement révolutionnaire en cours et les appareils 
bureaucratiques conservateurs qui ont définitivement lié leur sort à 
celui du système capitaliste, et qui chercheront, en conséquence, à 
garantir sa survie. A l’issue de ce combat, moyennant l’existence d’un 
courant révolutionnaire authentique, le mouvement vers le socialisme 
parviendra enfin à consigner les directions qui lui font obstacle là 
où sera dorénavant leur place, à savoir la poubelle de l’histoire. Ainsi, 
les puissantes forces sociales qui ont été jusqu’ici bridées, trompées 
et trahies par elles, seront enfin dotées de représentants dont le programme 
et la volonté répondront aux grandes tâches de notre époque, et qui 
leur permettront de s’émanciper définitivement du carcan de l’exploitation 
capitaliste.

La Rédaction

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