Lutte décisive à la Fonderie de Bretagne !

Les salariés de la Fonderie de Bretagne, filiale de Renault à Caudan (Morbihan), entrent dans leur 4e semaine d’occupation et d’actions. Le piquet de grève est tenu 24h/24h, chacune des trois équipes se relayant non seulement sur ses horaires de travail, mais aussi les week-ends. Les grévistes multiplient les actions : opérations escargots, directeurs du site empêchés de sortir, blocage de la route nationale et de la voie ferrée, dépôt de pièces devant le siège de l’agglomération ou la sous-préfecture, ou encore, plus récemment, blocage de l’équipe du FC Metz avant sa rencontre contre le FC Lorient, dans le cadre du championnat de Ligue 1. Depuis le 27 avril, aucune pièce n’est sortie du site. Cela se fait ressentir dans d’autres usines du groupe. La première chaîne impactée a été celle du Mans, qui produit la Zoé, véhicule électrique phare de la marque au losange.

C’est important, car cela démonte l’argumentation de la direction de Renault et de ses relais gouvernementaux dans les médias. À les entendre, il faudrait se faire une raison : les pièces en fonte que produisent les ouvriers de la FDB sont vouées à disparaître en raison du passage au tout électrique. Or, comme le rappelle non sans ironie cette vidéo de la CGT, tant qu’il y aura des voitures qui roulent et qui auront besoin de tourner, certaines pièces  comme les boîtiers de différentiels seront nécessaires. À ce jour, un véhicule aura beau être électrique, il n’en reste pas moins un véhicule qui roule et qu’on préférerait pouvoir le faire tourner.

Certes, une partie des pièces en fonte seront amenées à être fabriquées en aluminium, afin d’alléger le poids des véhicules. Mais ce n’est pas le cas de toutes : certaines ne peuvent pas être produites en aluminium, qui résiste moins bien aux contraintes. Et quand bien même, sous condition d’investissement, le site pourrait produire des pièces en aluminium. Et si jamais la demande de pièces spécifiques aux véhicules thermiques devait diminuer, il serait toujours possible de diversifier la production. Le site pourrait aussi produire des pièces pour équiper des moyens de transport collectif, par exemple.

L’autre argument qui condamnerait la FDB est son déficit, corollaire de l’insuffisance de son volume de production. Après l’incendie du site en 2019, le groupe a expatrié la production en Espagne et en Turquie. Des salariés de Caudan sont allés former leurs collègues dans ces usines. Sur le papier, la production devait revenir à la FDB après la remise en état du site. La ligne de  production est neuve et le savoir-faire des salariés permet d’atteindre un taux de rebut inférieur à 4%, ce qui témoigne de la qualité de leur travail. Mais depuis les annonces d’il y a un an, le volume de production stagne et la direction n’a rien fait pour l’augmenter. Leur fameuse “transition écologique” n’est en fait qu’un prétexte : on assiste ni plus ni moins à une délocalisation pour baisser le coût de production en réduisant la masse salariale. Au passage, la direction de Renault se débarrasserait de sa dernière usine ou la CGT est majoritaire.

Depuis la mobilisation de l’année dernière, les salariés n’auront pas eu de répit. Et comme à l’époque, la stratégie de la direction repose sur un  silence insupportable, entrecoupé d’informations livrées au compte goutte. Comme intermédiaire, elle peut compter sur les représentants de l’État et du gouvernement. Ces derniers doivent absolument montrer qu’ils font quelque chose… tout en évitant de faire quoi que ce soit. Ils semblent donc missionnés pour mener les salariés en bateau. Dernier épisode en date : en contrepartie de la levée du blocage du FC Metz, le dimanche 16 mai, le sous-préfet de Lorient avait promis une rencontre le 17 mai. Un journal local rapportait l’impuissance docile du sous-préfet : « Le préfet a travaillé tout le week-end avec le ministère de l’Économie. Il y aura des avancées, je ne sais pas lesquelles, mais il y aura des avancées. » Paroles en l’air ! Le lendemain, le convoi des fondeurs a été bloqué à l’entrée de Lorient par les forces de l’ordre ! En guise de rendez-vous, les salariés ont eu droit au gaz lacrymogène !

Stratégie industrielle ou stratégie commerciale ?

la CGT ne veut même pas discuter de l’option d’un repreneur. Quelle logique y aurait-il à se séparer du groupe Renault, alors que 90% des pièces produites sont destinées aux véhicules du groupe Renault ? Et, comme le rappelle Mael Le Goff, secrétaire CGT de l’usine, cela reviendrait assurément à la fermeture du site à court terme. À ce titre, l’exemple des fonderies du Poitou est parlant : reprise en 2019 par un groupe britannique, l’usine est aujourd’hui en redressement judiciaire.

C’est pourquoi les travailleurs se battent pour rester dans le groupe. Les salariés ont arraché une réunion à la préfecture du Morbihan le mercredi 19 mai avec des représentants du siège national, avec un seul point de discussion, à savoir le redémarrage de l’activité de la fonderie. Cet ordre du jour a été jugé inacceptable par les grévistes. La CGT a fait une contre-proposition que voici :

Ainsi donc, qui défend l’outil de travail ? Qui se préoccupe d’une stratégie industrielle de long terme ? À lire ces documents, on se fait aisément une idée. L’État dispose de 15% de participation au capital de Renault. C’est une participation minoritaire qui ne lui permet pas de s’imposer par rapport aux autres actionnaires. C’est du moins la règle du jeu dans le cadre du système capitaliste et cela témoigne bien d’une chose : le pouvoir économique s’impose au pouvoir politique. Mais si nous ne limitons pas nos revendications aux cadres du capitalisme, des alternatives peuvent exister.

Pour définir une stratégie industrielle sérieuse, on doit pouvoir avoir le contrôle de l’industrie en question. Or, on ne contrôle que ce que l’on possède. Pourquoi l’État devrait-il se limiter à une participation de 15% ? La filiale a bénéficié d’argent public des collectivités locales. Le groupe, lui, bénéficie d’un crédit de 5 milliards d’euros garanti par l’État, sans parler du CICE ou des montages financiers permettant d’échapper à l’impôt. Tout cet argent public, pour finalement licencier et délocaliser ! Et même pour licencier et délocaliser, les grands groupes trouvent à Bercy une oreille attentive : l’État promet 30 millions d’euros pour la reconversion des fonderies qui ferment. Les chômeurs sont pointés du doigt tandis que ceux qui créent le chômage sont récompensés. Cela doit cesser. Des voix s’élèvent pour réclamer des contreparties aux aides publiques. Mais nous devons aller plus loin encore : le pouvoir économique doit être libéré de l’emprise du secteur privé. Nous ne proposons pas de les aider à s’enrichir, mais d’acquérir ce qui les enrichit.

Sans mobilisation, la France verra ses fonderies fermer une à une. Les actionnaires de Renault n’ont plus besoin de fonderies en France ? En bien, répondons que nous n’avons plus besoin d’actionnaires ! L’outil de travail est défendu par les salariés et la population, il doit appartenir aux salariés et à la population. Que les grands actionnaires soient expropriés sans indemnisation, que la démocratie investisse le champ économique, que les salariés aient un pouvoir décisionnel dans les entreprises afin que la production réponde aux besoins du plus grand nombre, que la production soit libérée de l’impératif de rentabilité à court terme, notamment pour pouvoir tenir compte de l’impact écologique : voilà ce que défendent les communistes.

Pour soutenir la lutte des fondeurs, la cagnotte est ici :  https://www.leetchi.com/c/soutien-aux-salaries-de-la-fdbex-sbfm?fbclid=IwAR1mS1-2M3ACcz6yg799ijtyxj-Hnjbnbr_27cOCyuXZd9Imf4m-b3DomWI#.YI-q_u4wVz1.facebook

Pour suivre leur combat, voici leur page Facebook : https://www.facebook.com/seb.fdb.96

Solidarité avec les fondeurs de la FDB !

Ni fermeture ni revente !

En finir avec des aides publiques sans contrepartie et sanctionner les grands actionnaires par l’expropriation !

Boris Campos, PCF 56

 

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