Après 45 jours de lutte exemplaire, les 84 grévistes du nettoyage des gares du réseau Paris-Nord de la SNCF ont gagné contre la SNCF et la multinationale du nettoyage ONET.
En effet, malgré la répression que les grévistes ont subi de la part de la SNCF et la police (évacuation des piquets de grève de Saint-Denis/Ermont-Eaubonne, attaques judiciaires de la part de la SNCF), soutenus par une intersyndical hétéroclite allant de la CFDT, à SUD-Rail en passant par FO cheminots, les 84 salariés ont su tenir jusqu’au bout une grève pour leur dignité. Grâce à des convergences avec d’autres grévistes du secteur (par exemple ceux de l’hôtel Holiday Inn de Clichy) et par des manifestations d’information aux abords de la gare et au centre-ville de la commune, ils ont réussi à médiatiser le mouvement et maintenir la mobilisation.
L’entreprise ONET, connue pour être particulièrement maltraitante envers ses employés, souvent issus de l’immigration, a été récemment condamnée aux Prud’hommes de Paris pour harcèlement. Ceci n’a pas empêché l’entreprise donneuse d’ordre – la SNCF – de renouveler son contrat pour les gares du réseau Paris Gare du Nord. La sous-traitance permet aux grandes entreprises de ne pas se préoccuper du sort des salariés et de les exploiter à outrance sans avoir à subir les conséquences juridiques et sociales. Dans les derniers jours de la grève, la SNCF a intenté une action juridique d’intimidation, réclamant des milliers d’euros de compensation pour fait de grève. Mais l’action était tellement mal préparée que non seulement la SNCF a été déboutée, elle a également été condamnée à verser neuf grévistes accusés injustement à hauteur de 500€ par personne.
Les grévistes ont gagné l’annulation de la clause de mobilité à l’origine de la grève et qui leur imposait de se déplacer aux quatre coins de l’Île-de-France, l’embauche en CDI, d’un travailleur sans papiers (indispensable pour entamer des démarches de régularisation) et enfin l’alignement de leurs statuts sur la convention collective de manutention ferroviaire au lieu de celle du nettoyage. La convention collective de manutention ferroviaire implique de meilleures conditions de travail et plus de protection sociale.
Malgré cette victoire importante, les grévistes d’ONET n’ont pas oublié la solidarité de classe. Ils ont contribué à la caisse de grève des salariés de l’hôtel Holiday Inn de Clichy, en grève depuis le mois d’octobre.
JSB. Paris.