« Le temps du commun » : la médiocrité réformiste à la place d’une politique communiste

Le temps du commun, dont le contenu se propose d’être la base politique de l’activité et de la propagande politique du PCF, est un texte d’une pauvreté politique et intellectuelle affligeante. Il faudrait écrire un livre entier pour critiquer son contenu de façon exhaustive. Nous nous limiterons ici aux aspects qui nous paraissent les plus importants.

Le titre, déjà, laisse perplexe : Le temps du commun. Est-ce une description de notre temps, d’un temps à venir, ou est-ce tout simplement une phrase vide comme tant d’autres dans ce texte ? La société est divisée en classes aux intérêts diamétralement opposés. Elle n’a jamais été aussi profondément inégalitaire. Des fortunes immenses s’amassent chez les capitalistes, alors que les conditions de vie de l’immense majorité se dégradent. Qu’y a-t-il de « commun » entre exploités et exploiteurs ? Près de six millions de personnes n’ont pas de travail. La loi El Khomri vide le Code du Travail de sa substance. Le nationalisme et le racisme gagnent du terrain. Sous l’Etat d’urgence, les libertés fondamentales sont violées ou supprimées. À quoi peut-il bien faire référence, ce soi-disant « temps du commun » ?

Le texte veut surtout donner « de l’espoir ». Il nous assure qu’« au cœur du désastre, surgissent des potentialités nouvelles ». Mise à part le fait qu’on ne sait absolument pas de quelles « potentialités » l’on parle, cette idée typiquement brumeuse pourrait être inversée pour dire qu’au milieu des nouvelles potentialités, c’est le désastre ! Dans l’une comme dans l’autre formulation, cela ne veut rien dire. Mais si l’on passe des phrases aux réalités, il est clair que la France s’enlise progressivement dans une crise économique, sociale et politique sans précédents. La perspective qui se dessine sous le capitalisme n’est pas celle du « partage », de « solidarités nouvelles », du « mieux vivre » ou des autres notions saccharinées qui parsèment Le temps du commun, mais d’une aggravation à l’extrême des inégalités et des oppressions, et d’une exacerbation des tensions entre les Etats et entre les classes.

Selon le texte, les choses iraient beaucoup mieux si seulement « les femmes et les hommes de France » se mettaient à « repenser » la société. Or, l’évolution de la situation est déterminée non pas par des « pensées », mais par les caractéristiques fondamentales du système capitaliste et son incapacité à répondre aux besoins de la société, quelles que soient les idées des gens à ce sujet. Le but des communistes n’est pas de « repenser » le système capitaliste, mais de le combattre et de le renverser. On notera aussi que la catégorie des « femmes et les hommes de France », inclut tout le monde et fait abstraction de la division de la société en classes. Sarkozy est un « homme de France » et Marine Le Pen est une « femme de France ».

Phrases vides, notions mystérieuses

Le temps du commun est extrêmement pénible à lire, parce que les auteurs, soucieux de masquer le manque de contenu réel, ont étoffé le texte d’une quantité impressionnante de phrases qui n’ont ni queue ni tête. Nous ne fatiguerons pas nos lecteurs, ici, avec un catalogue complet des phrases fumeuses dont le texte regorge d’un bout à l’autre. Bornons-nous plutôt à quelques exemples :

« … il y urgence de penser l’avenir et de construire un nouveau récit émancipateur. »

« Penser l’avenir, c’est redonner espoir dans une nouvelle ère… »

« Faire une place nouvelle des savoirs et de la création un outil d’émancipation individuelle et collective devient une priorité pour le développement de toute la société. »

« Il faut donc voir grand et de façon neuve pour favoriser ces germes d’alternative au tout-marchand comme les logiques de partage avec les nouveaux outils numériques, et leur implication dans des luttes diversifiées. »

« Le big data brouille la frontière entre le travailleur et le consommateur qui devient aussi producteur de valeur…. »

« Le numérique est le champ de bataille d’une lutte de classes opposant capitalisme de plateforme et prolétaires du digital alliés aux partisans d’une économie de la contribution fondée sur les communs… »

« Au moment où les forces politiques et sociales se réclamant de la transformation sociale sont en difficulté, et où nombre d’actrices et d’acteurs de la révolution numérique se réclament du partage, de la coopération et ont l’ambition de « prototyper » la société de demain en hackant celle d’aujourd’hui, il est nécessaire que ces deux mondes se rencontrent pour débattre, se confronter, lutter et construire ensemble. »

« Un  des   chantiers   prioritaires   pour   renouer   avec   l’espoir   est   bien   de  consolider   et   d’élargir   le mouvement  populaire et  citoyen, de reconstruire une hégémonie culturelle progressiste et la remise en mouvement du peuple. »

« Un monde de mise en commun des besoins fondamentaux frappe à la porte. »

« Il est grand temps de reprendre l’offensive des idées, et l’offensive culturelle face à la crise totale et permanente conjuguée à l’absence de perspectives émancipatrices qui bouscule les repères  qui  entretient  le  clair-obscur  et  ses  monstres  qui  cherchent  à  semer  la  peur  et  le désarroi. »

Et ainsi de suite.

Écrire de cette façon, c’est s’assurer d’avance de ne pas être compris, pour la simple raison qu’il n’y a pas grand-chose à comprendre. Les travailleurs de ce pays sont confrontés à des problèmes bien concrets. Ils ont l’habitude de politiciens professionnels qui cherchent à les embrouiller et ne vont certainement pas prêter attention aux dirigeants d’un parti qui emploient un langage ambigu et mystificateur de ce genre.

Le programme ne touche pas à la propriété capitaliste.

La première partie de leur texte concerne le problème du chômage. Si l’on fait abstraction des propos purement décoratifs pour ne conserver que la substance de l’argumentation, il en ressort que pour atteindre l’objectif de « zéro chômage », il faudrait créer un service public de la formation continue pour faire bénéficier aux salariés d’une sécurité emploi-formation. Ceci revient à dire que pour parvenir  à « zéro chômage », il faudrait donner du travail (ou une formation rémunérée) à tout le monde ! C’est une idée brillante. On se demande pourquoi personne n’y a pensé jusqu’à présent.

Ces emplois garantis seraient dans quels secteurs, dans quelles entreprises ? Que les services publics aient besoin de personnel ne fait aucun doute. Mais puisque le texte ne propose aucune nationalisation et aucune autre mesure susceptible de remettre en cause la propriété capitaliste (ce sont là des idées « archaïques » peu compatibles avec le communisme « modernisé »), on peut supposer qu’une bonne partie des emplois et formations seraient dans le secteur privé, mais financés par de l’argent public. En fin de compte, ce projet propose la subvention – à une échelle absolument massive – de la classe capitaliste. Le service public lui fournira des salariés formés, et donc plus rentables. À chaque fois que les capitalistes suppriment des emplois, l’État interviendrait pour garantir un emploi ou une formation aux salariés concernés. Compte tenu du nombre de chômeurs que ce dispositif aura à prendre en charge, il impliquerait une dépense annuelle d’environ 200 milliards d’euros, dans un contexte où la dette publique de l’État français s’élève déjà à 2000 milliards d’euros. D’où viendra cet argent n’est pas précisé. Pourquoi laisser la plus-value aux capitalistes et ruiner les finances publiques pour pallier aux conséquences de leur système ? Ne serait-il pas plus intelligent de nationaliser les banques, l’ensemble du secteur financier, l’industrie et la grande distribution, et d’instaurer une planification démocratique de l’économie pour que l’État finance l’emploi et la formation à partir de la plus-value créée par le travail ?

Lutte des classes ou lutte des concepts ?

Le texte propose la réduction à 32 heures du temps de travail hebdomadaire. Il propose également de  nouveaux droits pour les salariés. Il s’agit d’un droit de véto sur les décisions patronales et un droit d’intervention dans l’organisation du travail, les choix de gestion et de production. Ce sont de bonnes revendications et nous y sommes absolument favorables. Mais si nous prenons ces revendications au sérieux, il faudrait tenir compte des réalités de l’économie capitaliste. Actuellement, le MEDEF, la Bourse, le gouvernement et tous les partisans du capitalisme sont unanimes pour considérer la semaine de 35 heures comme un anachronisme dont il faudrait se débarrasser. C’est l’un des objectifs de la Loi El Khomri. L’argument des capitalistes est que la semaine de 35 heures réduit la rentabilité du capital, et réduit en conséquence l’intérêt d’investir dans l’économie. Selon la même logique, les capitalistes considèrent que les salaires sont trop élevés, et que le Code du Travail donne trop de droits aux salariés. Le seul et unique intérêt des capitalistes, c’est le profit. Comment vont-ils réagir s’ils se voient imposer une réduction importante de la semaine de travail et des droits et pouvoirs très étendus des travailleurs proposés dans ce texte ? Comment surmonter leur hostilité ?

Contrairement à l’idée véhiculée dans Le temps du commun, nous ne sommes pas engagés dans une lutte de « concepts » qui seraient à « repenser » par « les hommes et les femmes de France », mais dans une lutte de forces vives – une lutte de classes – dans laquelle les capitalistes sont très puissamment armés. En vertu du pouvoir économique qu’elle possède grâce à la propriété des banques, de l’industrie, du commerce et de pratiquement tous les rouages de l’économie nationale, la classe capitaliste dispose de moyens matériels considérables pour se défendre contre des réformes qui lui seraient nuisibles. Cette réalité ne doit pas être perdue de vue, sous peine de nous condamner à l’impuissance et de sortir des « propositions » qui ne sont que des mots.

Autrement dit, si les nouveaux droits des travailleurs ne sont pas accompagnés de mesures décisives pour briser le pouvoir des capitalistes, ils ne pourront pas être mis en pratique et maintenus. S’ils conservent leur pouvoir économique, les capitalistes procéderont au sabotage de l’économie, comme ils ont fait à l’époque du Front Populaire, ou encore en 1981-1984. En réponse aux réformes sociales du gouvernement socialiste-communiste de 1981, les capitalistes ont organisé une grève d’investissement. Les capitaux quittaient le pays massivement. Le chômage montait en flèche. Finalement, le gouvernement a abandonné ses projets de réforme, et a capitulé aux pressions capitalistes. Rien n’a changé depuis à cet égard si ce n’est que la réaction des capitalistes serait certainement encore plus virulente qu’à l’époque. C’est pourquoi nous affirmons, dans notre texte alternatif Pour une politique communiste, que « plus que jamais, la lutte contre l’austérité et pour de nouvelles avancées sociales et démocratiques doit être liée à la lutte contre la propriété privée des moyens de production, seul moyen de briser la capacité de résistance des capitalistes. »

En phase avec la politique de la direction actuelle du parti, Le temps du commun rejette ce point de vue. Il ne propose aucune mesure d’expropriation, et cherche à résoudre les problèmes créés par le capitalisme en laissant le système intact. Il ne répond pas à la question de comment briser la capacité de résistance des capitalistes. Il ne la pose même pas. Or, aucun capitaliste n’accepterait d’investir dans une entreprise dans laquelle les travailleurs ont un pouvoir de véto sur ses décisions, où il est impossible de licencier, où la semaine est de 32 heures, et où ses profits seront lourdement taxés. Le programme présenté par la direction signifie une réduction massive de la rentabilité du capital, mais n’ose pas toucher à la propriété capitaliste de l’économie. Il semble être fondé sur l’« espoir » que les capitalistes cesseront de se comporter comme tels et accepteront de faire tourner l’économie en assurant le plein emploi, malgré une rentabilité et un pouvoir de décision massivement réduits.

C’est un programme qui n’est pas crédible. Dans Pour une politique communiste (texte alternatif n°2), nous écrivons : « La réintégration de l’expropriation des capitalistes dans le programme du PCF donnerait beaucoup plus de force et de cohérence à l’ensemble de sa plate-forme revendicative. Lorsque nous présentons nos revendications pour l’augmentation des salaires, la réduction de la semaine de travail sans perte de salaire, l’extension des droits des salariés, le droit de véto des organisations syndicales relatif aux restructurations et aux licenciements, les salariés nous répondent souvent qu’il suffirait d’appliquer ne serait-ce que le quart de ce programme pour que les employeurs mettent la clé sous la porte ! Quelle est notre réponse à cet argument ? Quel capitaliste, après tout, va investir dans une entreprise où ses décisions peuvent être annulées par les salariés et ses marges de profit réduites par des augmentations de salaire et des réductions d’horaires ? La force motrice du capitalisme, c’est le profit. Porter atteinte au profit, c’est s’exposer aux représailles, menaces de licenciements, délocalisations et fermetures. Il faut pouvoir désarmer le capitaliste, le priver de ses moyens de résistance. C’est pourquoi nous devrions réintégrer dans notre programme la nationalisation – ou « socialisation » si l’on préfère – des grandes entreprises industrielles et commerciales, ainsi que la prise de contrôle par les salariés de toute autre entreprise qui menace de supprimer des emplois, de délocaliser ou de fermer. »

Bonus-malus fiscal, répartition des richesses

La direction du parti considère qu’il n’est pas nécessaire d’exproprier les capitalistes parce qu’il est possible, selon elle, de leur laisser le contrôle de l’économie tout en les « poussant » à agir pour le bien de la société en leur versant un « bonus » fiscal s’ils se comportent bien, et en leur imposant un « malus » dans le cas contraire. Le texte explique que le fond de cette réforme de bonus-malus « serait de pénaliser la distribution de bénéfices sous forme de dividendes contre l’emploi et la croissance réelle ou contre l’environnement » et ce système servirait à « pousser les entreprises à financer des investissements porteurs de créations d’emplois et de formations correctement rémunérés. » En somme, le capitaliste qui crée des emplois payera moins d’impôts que celui qui n’en crée pas. Cette idée n’a rien de nouveau. Depuis 30 ou 40 ans, au moins, des incitations et pénalisations fiscales ont été mises en place sous différentes formes. Elles ont toujours échoué. La réduction du chômage au moyen de mesures fiscales est une vieille idée réformiste et complètement discréditée, que le PCF a souvent dénoncée par ailleurs.

La direction du parti souhaiterait une répartition plus équitable des richesses. Mais si nous ne remettons pas en question la façon dont les richesses sont produites, cet objectif restera au stade d’une idée sympathique. On touche ici à un problème fondamental qui parcourt l’ensemble de ce texte et du programme actuel du parti. Si Marx s’est donné la peine d’écrire Le Capital, c’est pour démontrer que l’inégalité sociale, la concentration du capital, ainsi que les différentes formes d’oppression et d’exploitation qui caractérisent la société capitaliste sont des conséquences nécessaires et inéluctables de ce système. Hélas, on dirait que Karl Marx a travaillé pour rien ! Imaginer que l’on puisse parvenir à une juste répartition des richesses sans passer par l’abolition de la propriété capitaliste des moyens de production n’est pas une idée qui relève d’un quelconque « communisme de nouvelle génération », comme le prétend le texte. C’est un retour aux idées fantaisistes et archaïques des « socialistes utopistes » d’avant Marx.

Avec leur jargon si particulier, les auteurs du texte parlent de vouloir « changer le logiciel » de la société. Mais ce qu’ils proposent est plutôt une simple reprogrammation d’une partie du logiciel. Nous n’avons rien contre des réformes sociales. La lutte pour défendre les acquis et améliorer les conditions de vie des travailleurs constitue le quotidien de l’activité des communistes. L’impasse du réformisme ne réside pas dans sa volonté de lutter contre les conséquences du système capitaliste. C’est qu’il se limite à cette lutte, sans expliquer la nécessité de s’attaquer aux causes des problèmes. Le texte affirme que « l’entreprise n’est pas la propriété des seuls apporteurs de capitaux qui auraient de ce fait tous les pouvoirs ». Peut-être pas dans les rêves des auteurs, mais dans la dure réalité, si, justement ! La propriété de l’entreprise est celle des capitalistes, des « apporteurs de capitaux ». En tant que communistes, nous considérons non pas qu’ils ne devraient pas être les « seuls » propriétaires, mais qu’ils ne devraient pas en être les propriétaires du tout ! Sans cela, les appels à « renverser la dictature du profit » ou à « changer de logiciel » ne peuvent que sonner que comme des phrases vides de sens.

L’Union Européenne

La différence entre notre position et celle de la direction sur la question européenne est traitée dans Pour une politique communiste. En substance, la position de la direction du parti à ce sujet est un prolongement de son approche réformiste en ce qui concerne le capitalisme français. Au lieu de voir le vaste appareil de l’Union Européenne comme faisant partie intégrante du dispositif  bureaucratique et financier du système capitaliste, c’est-à-dire comme un ennemi à combattre et à renverser, la direction du parti se contente de proférer quelques suggestions de réformes qui pourraient, selon elle, transformer l’UE – et la Banque Centrale Européenne en particulier – en un instrument de lutte pour la justice sociale. Il serait souhaitable, nous dit-on, que la BCE, au lieu de défendre les intérêts des capitalistes et imposer l’austérité, « change de mission » et se mette à défendre l’emploi et le progrès social. Dans la même veine, on pourrait dire que la vie serait infiniment plus sympathique si les places boursières cessaient d’être des lieux de spéculation financière, si les capitalistes cessaient d’être motivés par le profit, ou si le Pentagone œuvrait pour la paix. Ce sont des vœux pieux, et rien d’autre. Nous n’avons absolument aucune prise sur la BCE, pas plus que sur le Conseil Européen ou l’Eurogroupe.

Le conflit entre l’Union Européenne et la Grèce est un épisode majeur dans l’histoire récente du continent. Alors que le texte n°2, Pour une politique communiste, s’efforce d’en tirer les conclusions qui s’imposent, Le temps du commun n’en dit rien. Ceci ne doit rien au hasard, car l’expérience grecque nous démontre clairement la dure réalité de l’Union Européenne, les intérêts qu’elle défend, et son caractère fondamentalement antidémocratique. Comme on peut lire dans le texte alternatif n°2 : « L’Union Européenne constitue un ennemi implacable à l’égard de tous ceux qui se mobilisent contre la régression sociale. Ceci découle de sa nature de classe. Les instances qui la dirigent ne se laissent pas impressionner par des expressions de souveraineté populaire, comme en témoigne le refus de prendre en compte la volonté du peuple grec lors des élections du 25 janvier et du référendum du 5 juillet 2015. Il en avait déjà été de même pour le « non » français en 2005. Les travailleurs qui représentent l’écrasante majorité de la population de l’Europe n’ont absolument aucune prise sur la politique de l’UE, au service exclusif de la classe capitaliste. Par conséquent, au lieu d’entretenir l’illusion d’une impossible réforme, le parti a besoin de s’armer d’une stratégie de lutte contre l’Union Européenne, sur la base d’un programme frappant au cœur même des intérêts capitalistes qu’elle représente. »

Le cirque des « primaires »

Le temps du commun cherche à justifier la tenue de « primaires » pour désigner le ou la candidat(e) à l’élection présidentielle que soutiendra le PCF. Nous reviendrons plus amplement sur cette question dans un prochain document, mais disons d’emblée que ce projet ne promet rien de positif pour le PCF. Malgré plusieurs résolutions et articles prétendant « clarifier » ses contours, il est toujours aussi flou – et toujours aussi inacceptable. Qui désigne les « candidats à la candidature » ? On prétend que ceux-ci vont « émerger » mystérieusement de « débats citoyens ». En réalité, si jamais des primaires ont lieu (ce qui est loin d’être certain), les candidatures seront le produit des tractations au sommet qui sont déjà en cours. Que font les dirigeants « socialistes » réactionnaires comme Cambadélis dans ces tractations ? Dans tout le texte, la question des alliances électorales avec le Parti Socialiste est soigneusement évitée. Et puis, qui a le droit de voter – et qui ne l’a pas ! – dans la soi-disant « votation citoyenne » pour désigner le vainqueur ? Rien n’est clair dans cette affaire, sauf une chose : il s’agit d’une manœuvre, proposée à l’origine par des gens qui sont hostiles au PCF, afin de mettre le parti à l’arrière plan, derrière un candidat et un programme non communistes, en plaçant les adhérents du parti dans l’obligation de mener campagne pour un candidat qu’ils n’auront pas choisi.

Pour notre part, nous sommes pour une candidature communiste sur la base d’un programme communiste. L’objectif stratégique du PCF dans une élection présidentielle est avant tout de convaincre le plus grand nombre possible de citoyens de la justesse de notre programme et de nos idées communistes.

La guerre, l’État d’urgence, la démocratie interne

Le communiste qui cherche une clarification de la position du PCF sur la question de l’État d’urgence ou la guerre au Moyen-Orient restera sur sa faim. Si le texte laisse vaguement entendre que la Vème République n’est pas assez démocratique, il passe sous silence le fait que les députés du PCF ont bruyamment approuvé l’État d’urgence qui a l’a rendue encore moins démocratique qu’avant. Il passe sous silence également les appels des députés et de nombreux dirigeants nationaux à l’intensification de la guerre au Moyen-Orient, ainsi qu’à la formation d’une « grande coalition » de puissances impérialistes pour multiplier les bombardements.

Ces prises de position, qui ont choqué de nombreux communistes, posent la question de la démocratie interne et de la manière dont les dirigeants du parti sont désignés. Pour une politique communiste appelle à une démocratisation en profondeur du PCF. Il faut en finir avec l’auto-désignation du Conseil National, qui concocte une liste de noms dans le plus grand secret, l’annonce pendant le congrès, et organise dès le lendemain une « élection » en trompe-l’œil. Les délégués peuvent voter pour la liste, mais ne peuvent pas voter contre. En conséquence, sa validation à l’unanimité est garantie d’avance. Le texte de la direction ne dit rien de concret au sujet de la démocratie interne. Mais on ne trouvera pas grand monde – en dehors des membres du CN qui y trouvent leur compte – pour qualifier ce système de démocratique. Il permet de placer les amis du groupe dirigeant et d’écarter les voix critiques. Il favorise la docilité et la médiocrité. Le réformisme insipide du texte Le temps du commun, avec ses formulations vagues et parfois mystérieuses, noyant ses quelques propositions au milieu d’un torrent de verbiage, est l’une des expressions de cette médiocrité.

Il est grand temps de réorienter la politique du parti. Nous en appelons les membres du PCF à voter pour le texte alternatif n°2 Pour une politique communiste, et à rejeter massivement le texte du Conseil National.

Greg Oxley et Boris Campos.

PCF

 

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2 thoughts on “« Le temps du commun » : la médiocrité réformiste à la place d’une politique communiste

  1. Le PCF a définitivement entéré Max, il doit s’en retourner dans sa tombe surtout à l’heure de la mondialisation capitaliste, si vous voulez un vrai programme de changement étudiez celui du PARDEM de Jacques Nikonoff tout ce qu’il faut faire est dedans, nationalisations des groupes capitalistes du CAC 40, nationalisation des banques et des assurances, dépérissement de la bourse jusqu’a sa suppréssion, un livret A pour le public, un livret B pour le financement des entreprises. La fin du chômage avec la mise en place d’undroit opposable à l’emploi.
    PARDEM, Parti de la Démondialisation……www.PARDEM.ORG

  2. En clair Le Ché (dont le véritable doit se retourner dans sa tombe) tu nous propose de garder le capitalisme pour le faire tourner socialement. C.a.d un RESUCÉE des idées de Proudhon et de Keynes mélangés… rien de très neuf, ni de très convaincant quand on voit L’EFFONDREMENT IDÉOLOGIQUE du réformisme. Il n’y à pas que le PCF qui à abandonné Marx, tu le fais aussi,en toute NAÏVETÉ. Marx est pour la mondialisation de l’économie, seul a même de préparer les requis du socialisme, c’est pour cela qu’il à toujours soutenu les traités de libre echanges même si il en soulignait les méfaits. Marx ne propose pas un dépérissement de la bourse mais son abrogation et la planification de l’économie en lieu et place de la régulation anarchique capitaliste. Ce que les stalinistes ont traduit par dirigisme et qui fut bien INEFFICACE. Car le planification doit se comprendre par la régulation de la production en fonction des besoins humains, c’est a dire la suppression de la recherche capitalistique dans les flux de marchandises, mais pas de la RÉGULATION des flux eux-mêmes comme l’ont interprétés les “Marxistes etroits”. Les histoires de livrets a, b ou c n’ont aucune importance tant que l’économie dans ses grands leviers n’est pas socialisé. Là encore Nikonoff réchauffe le passé en le faisant PARAÎTRE avenir… quel PIÈTRE magicien

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