Tunisie : l’UGTT se mobilise contre la dérive autoritaire du régime

5 septembre 2025

En Tunisie, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le principal syndicat du pays, qui a contribué à la chute du régime de Ben Ali en 2011, se mobilise contre la dérive autoritaire du régime.

Elu président de la République, en octobre 2019, avec un large soutien populaire (72,7% des voix), le président Kaïs Saïed a progressivement mis en place un régime de plus en plus autoritaire et répressif.

En juillet 2021, il a prononcé l’Etat d’exception, gelé puis dissous le parlement et suspendu la Constitution. Il s’est fait octroyer les pleins pouvoirs et a légalisé son coup de force un an plus tard en faisant adopter une nouvelle Constitution par un référendum auquel seulement 12 % des électrices et électeurs ont participé.

Depuis 2021, la justice a été mise au pas : le Conseil supérieur de la magistrature a été dissous et les juges réputés hostiles au pouvoir ont été mutés d’office. Les arrestations d’opposants politiques, de magistrats ou de journalistes se sont multipliées.

Près d’une quarantaine d’opposants condamnés

En avril 2025, près de 40 personnalités de l’opposition tunisienne ont été condamnées à l’issue d’un procès jugé inéquitable par Amnesty International :

« Les premières audiences (à partir du 4 mars 2025) se sont déroulées sans la présence physique des accusés, en violation de leur droit à être présents à leur procès. […] Lors de l’audience du 11 avril, les journalistes tunisiens et étrangers ainsi que des observateurs de la société civile, dont Amnesty International, se sont vu interdire l’accès à la salle d’audience. […] L’enquête repose sur des preuves faibles : échanges de messages à propos de rencontres diplomatiques ou de discussions internes sur une opposition pacifique au président. Aucune preuve tangible d’activité criminelle ou de plan violent n’a été avancée publiquement. »

Les accusés, dont Rached Ghannouchi (président du parti islamiste Ennahdha), Nejib Chebbi (dirigeant du Front de salut national), mais aussi des avocats et des défenseurs des droits humains ont été reconnus coupables de « complot contre la sûreté de l’État » et « appartenance à une organisation terroriste » et condamnés à des peines allant de 13 à 74 ans de prison.

La riposte de l’UGTT

Le 7 août dernier, le siège de l’UGTT était attaqué par des partisans de Kaïs Saïed. Le président Saïed a apporté son soutien aux assaillants qui dénonçaient une prétendue « corruption » du syndicat.

Pour la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), la manifestation contre l’UGTT était en réalité une « tentative de tarir l’expression libre et d’affaiblir l’espace civique par le biais de l’intimidation, de la diffamation et de la déformation ».

L’UGTT a riposté en appelant à une marche jeudi 21 août pour la défense des libertés syndicales et de la démocratie qui a rassemblé plus de 2 000 adhérents et sympathisants dans le centre de Tunis, malgré la mobilisation massive des forces de police qui ont empêché des centaines de Tunisiens de rejoindre le cortège.

Dans une déclaration commune publiée en soutien à l’UGTT, la CFDT, la CGT, l’Unsa, Solidaires et la FSU ont vivement dénoncé « la campagne d’intimidation menée par les autorités tunisiennes et expriment leur solidarité avec leurs homologues de l’UGTT ». En outre, les syndicats « appellent le gouvernement français, et plus largement les décideurs européens, à condamner les dérives autocratiques du régime de Kaïs Saïed et à dénoncer le mémorandum UE-Tunisie ».

David NOËL

PCF Méricourt

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