SNCF : 94,97 % de “oui” pour la démocratie en entreprise !

Les Lois Macron de 2017 avaient prévu de faire rentrer le référendum dans l’entreprise ; mais seulement lorsque le patron le décide. En effet, la démocratie est un jeu dangereux pour les capitalistes. Nous l’avons vu pour le traité de Lisbonne et la victoire du NON malgré le matraquage télévisuel, nous l’avons vu plus récemment avec la fessée infligée au président d’Air France Jean Marc Janaillac. L’objectif de cette consultation était alors de contourner les syndicats qui refusaient de signer un accord salarial de fin de conflit : êtes-vous favorable à l’accord salarial proposé le 16 avril 2018 ? Cet accord proposait 6 % d’augmentation de salaire sur 5 ans. Le résultat fut sans appel : 55 % étaient contre la direction et le président a donc dû démissionner.

Mais pourquoi alors ne pas organiser un référendum sur les ordonnances Macron dans la SNCF ? Les dirigeants étaient alors vent debout contre cette idée. Guillaume Pepy, président de la SNCF, avait déclaré sur France Inter qu’un tel référendum n’aurait aucune valeur… Bien sûr la démocratie n’a de valeur que lorsque les puissants le décident. Les syndicats ont tout de même organisé ce référendum dans l’entreprise et ceci avec un taux de participation de 61 %. Le résultat, là encore, est sans appel : 95 % des travailleurs de la SNCF sont contre les ordonnances Macron. Qu’attend le gouvernement pour retirer ses lois ? Face à un tel désaveu de la part de ses salariés, qu’attend Pepy pour démissionner comme son homologue d’Air France ? Manifestement, la direction de la SNCF ainsi que le gouvernement ont une peur bleue de la démocratie et il ne lui trouve de la légitimité que lorsque ça les arrange.

Fort du résultat du référendum, la détermination des cheminots reste intacte pour lutter contre la casse totale du service de la SNCF

Ce jeudi 24 mai, nous sommes à l’aube du 22e jour de grève des cheminots. Fort du résultat du référendum, la détermination des cheminots reste intacte pour lutter contre la casse totale du service de la SNCF. A travers toute la France, des capitalistes perdent des millions d’euros à chaque journée de grève. Mais le gouvernement ne veut ni assouplir ni retirer son ordonnance. Bien avant la SNCF, les gouvernements de droites et gauche successifs ont brisé les PTT, puis France Télécom, La Poste, EDF, GDF, Air France, aéroports, ports, etc. Rien ne doit résister aux rouleaux compresseurs libéraux. Malgré ces précédents, les cheminots résistent.

En s’attaquant aux cheminots, Macron essaye de reproduire le bras de fer engagé par Thatcher en Angleterre pour écraser les mineurs au début des années 1980. Il essaie de faire plier la branche la plus mobilisée, la plus forte et la plus syndiquée des travailleurs. Une fois celle-ci mise à genoux, le message aux travailleurs sera passé : inutile de vous battre, les cheminots ont essayé et ils n’ont pas réussi, vous n’avez donc aucune chance de succès. Il pourra alors s’attaquer sans trop de résistance aux fonctionnaires, aux 35h et au système de retraite. Il ne s’agit pas de prévisions tirées d’une boule de Cristal : Macron le dit lui-même et PSA a déjà préparé le terrain en l’imposant dans l’une de ses usines. En cas de défaite des cheminots, la généralisation de la fin des 35h ne tardera pas. En cas de victoire des cheminots, ce sera le message inverse qui sera dans toutes les têtes : ils l’ont fait, ils ont tenu, nous aussi nous pouvons le faire.

Un revirement inattendu pour le gouvernement

Le gouvernement n’avait pas prévu que les cheminots tiendraient aussi longtemps. Ce qu’il n’avait pas prévu non plus, c’est le soutien populaire qui accompagne la lutte des cheminots. En effet, si les cheminots tiennent aussi longtemps c’est grâce à leur détermination, mais aussi grâce aux caisses de grève alimentées par tous les travailleurs solidaires…  Le gouvernement n’aura bientôt pas le choix : reculer ou faire perdre encore des millions aux entreprises. Mais puisque Macron est si sûr de lui, de ses réformes et de leur soutien populaire, qu’il mette en place un référendum dans l’entreprise, ou mieux encore, un référendum ouvert aux usagés : sont-ils pour ou contre les ordonnances de la SNCF ? Si le résultat lui était favorable, il aurait un argument imparable pour marginaliser les syndicats, mais si le résultat lui était défavorable, il n’aurait plus qu’à abandonner ses réformes et démissionner.

Le problème avec les capitalistes, c’est que la démocratie, bien qu’ils n’aient que ce mot à la bouche, est légitime seulement lorsque ça les arrange

Le problème avec les capitalistes, c’est que la démocratie, bien qu’ils n’aient que ce mot à la bouche, est légitime seulement lorsque ça les arrange. Or dans une société réellement démocratique, celle-ci devrait être pratiquée tous les jours, dans les entreprises, en faisant voter les salariés sur les décisions importantes, mais aussi dans les communes, dans les départements et même au niveau national pour les décisions importantes engageant l’État, en faisant voter tous les citoyens. De quoi ont-ils peur ? Du débat public ? Que la voix d’un pauvre compte autant que celle d’un riche ? Macron se vante de gérer la France comme s’il s’agissait d’une entreprise ; ne serait-il pas préférable de gérer les entreprises comme s’il s’agissait d’un pays démocratique, en remplaçant la dictature des actionnaires par la démocratie des travailleurs ?

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