L’exploiteur du mois : Les supermarchés Aldi

« Nous ne saurions accepter que cette situation soit l’occasion de ternir l’image de notre entreprise qui emploie plusieurs centaines de salariés dans la région. » s’exprimait Alain Ledru, directeur d’Aldi de Bois-Grenier dans le Nord. Il a raison, personne n’aimerait qu’on ternisse son image. Ce que Mr Ledru oublie, c’est que ceux qui ternissent leur image, ce ne sont ni les salariés, ni les journalistes qui mettent à jour leurs abus mais ce sont les Ledru et consorts.

 Le principe même des supermarchés comme Aldi repose sur la surexploitation.

En plus d’être payées au SMIC horaire, les hôtesses de caisse doivent être multitâches. En plus de la caisse, elles doivent mettre les produits en place, nettoyer le magasin et le surveiller. Grâce à cette méthode de choc, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 58 milliard d’euros. Selon une enquête de 2012 du Spiegel (Site d’information allemand), l’entreprise réalise même d’importants profits grâce à la surveillance permanente et à l’intimidation de ses salariés. Elle licencie les employés qui ne sont pas assez flexibles ou qui ne sont pas suffisamment conformes à son modèle. Elle utilise même des caméras pour surveiller les salariés.

 Licenciements abusifs et harcèlement moral sont donc monnaie courante chez Aldi.

Mais parfois les directeurs tombent sur des salariées qui ne se laissent pas faire. C’est le cas de Sandra Georges, 36 ans, mère de 2 enfants, qui a installé un fauteuil devant l’entrée de la zone d’Aldi et qui est rentrée en lutte contre sa direction. Depuis le 25 août, elle a entamé une grève de la faim pour dénoncer l’injustice dont elle est victime. Le 12 août dernier, après treize ans d’ancienneté, elle a été licenciée pour « faute grave » sans préavis ni indemnités. Selon la direction, Sandra s’est montrée coupable de pause « pipi » à répétition et donc de tricherie sur le rendement. En effet, Sandra travaille comme préparatrice de commandes pour fournir chaque supermarché Aldi-Nord en marchandises. Elle s’occupe de la chambre froide, travaillant ainsi de 6h à 15h en ayant le droit à seulement quatre pauses    « pipi ».

 Existe-t-il une seule personne pour ne pas voir qu’il y a ici clairement un licenciement abusif et que la véritable cause n’est pas celle invoquée ?

En janvier et février 2014, dix salariées de l’entrepôt ont fait grève pour réclamer de meilleurs salaires. Alain Ledru leur avait alors signifié que « les grévistes devront répondre de leurs actes ». Sandra est la deuxième à être licenciée pour faute grave. Les syndicats sont alors sur le coup et défendront notre camarade devant les prud’hommes. Sandra poursuit tout de même sa grève de la faim, malgré des problèmes de santé. Elle dénonce les injustices dont les salariés d’Aldi sont victimes. Il n’est pas seulement question d’argent. Le directeur ironise ainsi sur la situation : « les motifs de son licenciement peuvent être contestés devant les instances compétentes ». Ledru sait qu’au pire il devra payer une amende. L’objectif était surtout d’intimider de cette manière ceux qui restent afin qu’ils supportent leur fardeau sans se rebeller.

Sur Facebook, beaucoup de camarades apportent leur soutien à Sandra Georges et la DRH de l’entreprise a dû réagir rapidement. Elle a alors lancé un bref communiqué de huit lignes, dans lequel la direction d’Aldi Marché Bois-Grenier dit « regretter la situation présente » mais, « soucieuse de trouver une solution rapide » à la situation, la direction a proposé à Sandra Georges « de la rencontrer accompagnée d’une déléguée syndicale selon son souhait ». A l’heure où le journal est publié, nous ne connaissons pas encore l’issue de cet entretien mais nous ne manquerons pas de vous tenir au courant sur www.lariposte.org.

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