Pour la nationalisation des banques !

Les banques sont responsables de la grave crise financière de 2008. Les causes en sont connues. L’objectif de rentabilité financière immédiate a conduit les banquiers à utiliser l’argent des épargnants, de leurs clients, pour spéculer et prendre des risques inconsidérés. Par des mécanismes complexes, les banques se sont retrouvées en possession d’une immense quantité d’actifs « toxiques » qu’elles ont dû dévaloriser. Cela a réduit leurs bénéfices et entrainé la nécessité de renforcer leurs fonds propres pour assurer la garantie de leurs liquidités. C’est l’Etat qui a assumé un « sauvetage » public des banques, par une aide directe remboursable et des garanties à hauteur de 360 milliards d’euros.

En 2010, deux ans après le début de la crise, les banques affichent des profits insolents : 21 milliards d’euros sur l’année, dont 7,8 milliards pour la seule BNP. Rien n’a changé dans leur fonctionnement. Elles continuent de capter l’épargne des Français qu’elles utilisent, non pour financer l’économie, l’emploi, les salaires, mais pour continuer à rechercher des niches de rentabilité contraires à l’intérêt du plus grand nombre.

De plus, grâce à l’aide publique qu’elles ont reçue, elles exercent un chantage sur le financement de la dette des Etats et pratiquent des taux d’intérêt insupportables pour les pays, alors qu’elles sont en partie responsables de l’accroissement de l’endettement des Etats.

Tous les éléments d’une nouvelle crise financière sont à nouveau réunis. En effet, après la Grèce et l’Irlande, le Portugal est incapable de faire face à ses échéances. D’autres pays pourraient suivre : l’Espagne – et à terme la France.

Conséquence : les plans d’austérité, imposés par l’UE et le FMI de Strauss-Khan, se succèdent sans que les économies parviennent à se redresser. En revanche, ces plans exigent des réductions drastiques des salaires, des suppressions d’emplois massives et le démantèlement des services publics, pour tenter de diminuer les déficits publics. Mais ils ne font qu’enfoncer un peu plus les pays dans la crise et font subir des conditions de vie indignes aux populations. La pauvreté se développe rapidement. Tout cela pour enrichir les spéculateurs, les marchés et les actionnaires des banques qui se gavent de profits. Ceux-ci résultent des forts taux d’intérêt, et les capitalistes se les partagent sous forme de dividendes.

Au fond, cette crise financière n’est qu’un élément de la crise du système capitaliste, qui est grave et durable. Le PCF doit présenter une alternative crédible et radicale au capitalisme en crise. Son programme pour les élections présidentielles doit comprendre des mesures destinées à priver le capital de son pouvoir de nuisance. Au regard des enseignements de la crise financière, il est indispensable de placer toute l’activité bancaire sous contrôle public. En clair, cela signifie la nationalisation de tout le système bancaire, afin de contrôler la ressource (l’épargne) et son utilisation (le crédit). Cela concerne aussi le secteur dit « mutualiste » – Crédit Agricole, groupe Banque Populaire-Caisse d’Epargne, etc. – dont la gouvernance est pilotée par des structures capitalistiques cotées en bourse, et qui agissent de la même façon parasitaire que les autres banques privées, tout en tenant un discours mutualiste dans leurs unités de proximité. Les capitalistes du secteur « mutualiste » exploitent leurs salariés de la même façon qu’ailleurs, et les clients y subissent le même sort.

La nationalisation des banques est essentielle pour changer la donne en matière de financement de l’économie. Et les grands actionnaires ne doivent pas être indemnisés, au regard des dividendes qu’ils ont perçus depuis de nombreuses années. Par ailleurs, les banques nationalisées devront être placées sous le contrôle commun de l’Etat, des collectivités territoriales, des salariés et des usagers eux-mêmes, avec la mise en place d’une véritable démocratie lors, notamment, d’Assemblées Générales. Si on veut changer le système capitaliste il faut une transformation radicale du fleuron de ce système : le système bancaire.

Jean-Pierre Papot (PCF Niort)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *