Présidentielles de 2012 – Lettre de la fédération du Puy-de-Dôme à la direction nationale du PCF

Le 4 février, la fédération PCF du Puy-de-Dôme a adressé une lettre à la direction nationale du parti, pour protester contre le traitement particulier dont la candidature d’André Chassaigne fait l’objet.
Nous pensons que cette lettre devrait être connue de tous les militants communistes. Nous invitons nos lecteurs à la faire largement circuler parmi les adhérents du parti.


A Pierre LAURENT, Secrétaire national du PCF
Aux membres du Conseil National
Aux Secrétaires Fédéraux

Chers camarades,

La convocation de notre Conférence Nationale des 4 et 5 juin prochain ouvre officiellement le débat sur la question de l’élection présidentielle et celle de l’accord politique que nous souhaitons au sein du Front de Gauche. La discussion sur notre projet et sur celui ou celle qui portera à cette occasion notre parole collective est posée. Ainsi l’adresse du Conseil National aux communistes «  invite toutes les fédérations à prendre le maximum de dispositions pour permettre à chaque communiste d’être partie prenante de ce débat essentiel ».

André Chassaigne s’est adressé aux communistes dans une lettre ouverte rendue publique à l’Assemblée des animateurs de section dans laquelle il fait le bilan d’un tour de France débuté en septembre au lendemain de son offre de candidature.

Cette lettre ouverte, pourtant riche d’enseignements, n’a pas été portée à la connaissance des communistes.

Il est de plus en plus évident que la candidature d’André Chassaigne n’est pas et ne sera pas soutenue officiellement par le Parti. La résolution de notre dernier Congrès indiquait que « dans la perspective des élections présidentielles, des personnalités communistes étaient légitimes à s’engager comme candidat  », une lecture particulière conduit à privilégier des candidatures individuelles excluant, de fait, la possibilité pour notre Parti de désigner un candidat à la candidature.

Sans soutien officiel ni appui du parti (notamment du point de vue du travail collectif, de l’accompagnement matériel et humain, de la communication autour de la démarche d’André…), c’est sur son équipe parlementaire, sur la Fédération du Puy-de-Dôme et sur des individualités que reposent le poids et la gestion de cette précampagne.

Précampagne dont André montre bien dans sa lettre ouverte toutes les difficultés. N’étant pas soutenue, cette candidature apparaît comme isolée face au poids lourd médiatique Mélenchon. Comment André peut-il lutter à armes égales sur ce terrain en n’étant pas soutenu par son propre Parti ?

Depuis le mois de septembre dernier qu’il s’est déclaré disponible, l’Humanité n’a guère donné d’échos à sa démarche, à la différence du traitement dont a bénéficié Jean-Luc Mélenchon notamment lors de l’officialisation de sa candidature. En trois jours, trois articles sont parus dans l’Humanité dont une pleine page où Jean-Luc Mélenchon pouvait expliquer le sens de sa candidature. Dans cet article daté du 27 janvier 2011, la journaliste interroge Jean-Luc Mélenchon sur la visibilité du PCF et de la GU s’il était choisi pour représenter le Front de Gauche. Mais elle ne l’interroge pas sur une autre hypothèse, celle où il ne serait pas choisi. Il aurait été intéressant que Jean-Luc Mélenchon puisse répondre à cette question ayant déclaré au journal Libération que, s’il n’était pas choisi, « alors, les compteurs seraient remis à zéro ».

De nombreux communistes se sont inquiétés de cette situation. Après une rencontre avec le secrétaire national, notre Fédération s’est adressée le 25 novembre dernier à l’exécutif national à travers une motion de son Conseil Départemental. Cette motion exprimait notre crainte de voir une absence de soutien à la candidature d’André se dessiner. Elle expliquait le handicap que cela constituait pour que cette candidature puisse se développer et demandait des éclaircissements sur les conditions dans lesquelles cette candidature allait se poursuivre. A ce jour, nous n’avons toujours pas de réponse à nos interrogations.

Nombreux sont les communistes qui attendent de la Direction Nationale le maximum de dispositions pour permettre à chaque communiste d’être partie prenante de ce débat essentiel, comme l’indique l’adresse du CN.

Un débat doit avoir lieu dans le Parti. Au-delà des hommes, il doit porter sur le fond, sur la démarche, sur l’avenir du Front de Gauche. Mais comment avoir un débat serein, franc, qui n’exclut aucun élément à disposition, qui n’écarte aucune hypothèse a priori, qui n’omet aucune information si tous les éléments de ce débat ne sont pas donnés aux communistes et surtout si le débat n’est pas organisé nationalement ?

Les faits énoncés plus haut, mis bout à bout, amènent de plus en plus de communistes à penser que le choix est déjà fait, que la Direction Nationale a d’ores et déjà choisi de présenter Jean-Luc Mélenchon comme candidat du Front de Gauche. Nombreux sont aussi les communistes à reprocher cette situation à notre direction faisant peser un danger sur notre Parti.

Mais comment ce choix pourrait-il être fait alors même que les communistes débutent cette discussion ? Le rôle d’une direction n’est pas de décider puis de demander aux adhérents s’ils partagent le choix fait. Sa responsabilité est de permettre un débat de qualité entre les communistes pour que ceux-ci soient les véritables décideurs des choix de leur Parti.

Toutes les opinions doivent être respectées, car c’est par le débat, la confrontation saine et sereine que nous avancerons ensemble. Il faut accepter ce débat, il faut accepter qu’il n’aboutisse pas obligatoirement là où on le souhaiterait. C’est accepter les règles démocratiques dont nous nous sommes dotés et que nous avons tous acceptées en adhérant à ce parti.

La Direction nationale doit donc organiser ce débat. Elle doit faire confiance à l’intelligence des communistes et mettre tout en œuvre pour que les choix que nous ferons soient des choix partagés parce que débattus.

Le Secrétariat Fédéral
Cyril CINEUX, Secrétaire Départemental
Boris BOUCHET ; Roger BOURDOULEIX ; Julien BRUGEROLLES ; Germaine CUERQ ; Jacques LANOIR.

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