Le programme et la stratégie du PCF – Critique du premier texte du 35e Congrès

Le premier des deux textes adoptés par le Conseil National du PCF, en vue du Congrès d’étape de juin prochain, a pour titre : Pistes de travail sur l’évaluation de nos choix de congrès et la poursuite de leur mise en œuvre. Des deux documents de congrès, c’est celui qui est censé traiter de la situation politique et des tâches du parti.

Le système capitaliste traverse sa plus grave crise depuis les années 30. C’est un tournant de l’histoire mondiale. Dans ce contexte, un document de congrès du PCF devrait s’efforcer de dessiner – ne fut-ce qu’à grands traits – les principales perspectives économiques, sociales et politiques qui découlent de la crise. Il devrait également proposer de grandes orientations programmatiques et stratégiques, pour la période à venir. Or, c’est un texte d’une tout autre nature que la direction du parti nous propose de discuter. Il s’agit pour l’essentiel d’une succession de formulations abstraites, de généralités confuses et de questions sans réponses. Les travailleurs qui liront ce document en sortiront soit avec l’idée (fausse) qu’ils sont trop bêtes pour comprendre, soit avec l’impression (justifiée) que la direction du PCF ne sait ni ce qu’elle veut, ni où elle va.

Il nous faut un programme communiste !

La toute première partie du texte est la plus concrète. Ses auteurs soulignent la contradiction entre le rejet massif, dans la population, de la droite au pouvoir, et l’absence d’une alternative crédible à gauche. D’où l’abstention massive aux élections régionales, entre autres causes. Puis le texte en vient à ce qui constitue le fil conducteur de ce document – les élections de 2012 – et affirme qu’il faut « créer les conditions pour réussir 2012, c’est-à-dire battre la droite en ouvrant une réelle perspective de changement progressiste. »

Tout ceci est plutôt clair, et on se dit que la suite du texte va nous expliquer ce qu’il faut entendre par« changement progressiste », c’est-à-dire quelles sont les grandes réformes qu’un futur gouvernement de gauche devrait mener. Mais non. Le texte parle de « changements structurels et durables », d’une « profonde transformation » du « mode de développement », d’une « nouvelle ère politique, sociale et démocratique », mais il ne donne aucun contenu concret à ces formules extrêmement vagues. Le texte pose la question : « quelle ambition […] de projet alternatif se donner ? » Mais, curieusement, il n’y répond pas. C’est l’une des nombreuses questions sans réponses du texte. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la direction du parti semble nous dire qu’elle n’a pas d’idées précises sur les grandes réformes à mettre en œuvre pour en finir avec le chômage, la misère, la précarité, le racisme et tous les fléaux du capitalisme. Si nous voulons « réussir 2012 », il faut absolument combler cette grave lacune !

Pour être tout à fait juste, précisons que les auteurs du texte donnent une justification à ce vide programmatique. En effet, ils nous proposent d’engager le parti dans « de grandes campagnes politiques d’actions et de projets, qui tout en étant des fronts de ripostes au gouvernement nous permettent de co-élaborer avec les citoyens et les salariés en lutte, les grandes réformes que mettraient en œuvre une majorité de changement. » Plus loin, suivant la même logique, le texte identifie « trois publics » – « syndicalistes », « militants des quartiers populaires » et « intellectuels de gauche » – et propose d’engager « de nombreuses auditions de personnalités représentatives de ces trois publics », lesquelles auditions « pourraient nous permettre d’échanger sur les grands repères d’une politique transformatrice et de mieux appréhender la façon de rassembler une majorité autour de ces repères. »

Cette méthode est complètement erronée. Certes, lorsque le PCF apporte son soutien à des salariés en lutte, il doit écouter très attentivement ce qu’ils ont à dire. Cela va de soi ! Mais tout en partant des revendications et des aspirations des travailleurs, et tout en luttant énergiquement à leurs côtés, le parti doit s’efforcer de les convaincre qu’il n’y a pas de solution durable à leurs problèmes sur la base du capitalisme. La classe ouvrière doit renverser ce système et en bâtir un nouveau, fondé sur la propriété publique des grands leviers de l’économie. Ce programme – un programme communiste – ne surgira pas d’on ne sait quel processus de « co-élaboration » et « d’auditions » de « représentants de trois publics », quelque part entre 2010 et 2012. Ce programme découle de toute l’expérience accumulée du mouvement ouvrier international depuis près de deux siècles. Il était à l’origine de la création du PCF, en 1920. Il a trouvé sa plus haute expression scientifique dans les écrits de Marx, d’Engels et des autres grands théoriciens marxistes qui les ont suivis (et qui, hélas, ne peuvent plus être « auditionnés »). Bien sûr, le marxisme n’est pas un dogme intemporel qu’il suffirait de répéter bêtement, indépendamment du lieu et de l’époque. Comme l’écrivait Engels, c’est un « guide pour l’action » qui nécessite une approche créative et une étude attentive des processus à l’œuvre à tous les niveaux de la société. Mais la crise du capitalisme valide une fois de plus les idées fondamentales du marxisme. Il est le socle solide sur lequel le PCF doit fonder son programme et son action.

Outre qu’elle affaiblit le contrôle des militants communistes sur leur parti, la méthode que proposent les Pistes de travail ne pourra jamais aboutir à l’élaboration d’un programme communiste sérieux. Parmi les« trois publics » désignés par les auteurs du texte, il y a beaucoup d’enthousiasme et de bonne volonté, mais il y a aussi beaucoup de confusion. Chez les « représentants des syndicalistes », par exemple, les préjugés réformistes sont courants. Quant à ceux qui ont été considérés comme des « intellectuels de gauche », ces 20 dernières années, ils ont passé beaucoup de temps à proclamer la mort du communisme et la disparition de la classe ouvrière. Ils subissaient – et subissent encore – la pression idéologique de la classe dirigeante et des classes moyennes. Dans l’ensemble, ils se sont contentés de réchauffer de vieilles idées pré-marxistes et plus ou moins petites-bourgeoises. On pourra les « auditionner » autant de fois qu’on voudra : il n’en sortira pas grand-chose de valable. Commençons plutôt par présenter un programme communiste offensif à l’ensemble des jeunes et des salariés.

Communisme et « développement humain »

Ce qui complique les choses, c’est que les auteurs du document ont eux-mêmes une conception assez vague du communisme. Dans la partie intitulée L’enjeu des transformations du Parti communiste français, ils écrivent : « Nous inscrivons [notre] combat dans une visée de longue haleine qui est le sens profond de notre engagement communiste : contribuer à ouvrir de nouveaux chemins au développement humain au XXIème siècle, pour qu’émerge une société d’émancipation humaine, une société débarrassée de toutes les exploitations, aliénations, dominations des êtres humains et de la nature qui marquent la crise actuelle. »

C’est le seul passage du texte qui aborde la question du communisme. Malheureusement, ces quelques lignes sont passablement confuses et abstraites. Il est exact que le communisme a pour objectif de débarrasser l’humanité « de toutes les exploitations, aliénations et dominations des êtres humains ». Mais pour que cela sonne « écolo », sans doute, les auteurs du texte se prononcent aussi contre « les dominations […] de la nature ». Or, tous les progrès de la civilisation ont découlé d’une domination toujours plus poussée de l’homme sur la nature, depuis l’outillage paléolithique le plus rudimentaire jusqu’aux accélérateurs de particules modernes. La base matérielle du communisme, ce sont précisément les énormes moyens scientifiques et technologiques accumulés dans le cadre du capitalisme. La fin de l’exploitation de l’homme par l’homme et la satisfaction des besoins de tous ne sont possibles, en dernière analyse, que grâce au très haut niveau de domination de la nature auquel l’humanité est parvenue – et dont le communisme, en retour, repoussera sans cesse les limites. Quant à la pollution et à la destruction de l’environnement, auxquelles le texte faisait sans doute allusion, elles ne sont pas la conséquence de la « domination de la nature », mais de la domination du système capitaliste, dont le seul moteur est la course au profit.

On éprouve de la gêne à devoir rappeler des idées aussi élémentaires à des dirigeants du parti. On en éprouve également à la lecture de formules aussi vagues que : « contribuer à ouvrir de nouveaux chemins au développement humain au XXIème siècle ». Que faut-il comprendre, au juste, par« développement humain » ? Personne, à droite comme à gauche, ne se prononcera jamais contre le« développement humain » en général ! Cette formule est à la mode jusque chez les politiciens bourgeois, car elle présente à leurs yeux le précieux avantage de ne strictement rien vouloir dire. Ils sont, eux, pour un « développement humain » dans le cadre d’un système qui écrase, exploite et humilie l’écrasante majorité de la population mondiale. Et ils prétendront toujours ouvrir de « nouveaux chemins » – autant de « chemins » qu’on voudra, même, du moment qu’ils sauvegardent la propriété capitaliste. Nous sommes, nous, pour un chemin précis : en finir avec la propriété capitaliste et libérer l’humanité de son esclavage, par le socialisme. Marie-George Buffet parle de « socialisme d’émancipation ». C’est plus clair ! Pourquoi n’est-ce pas dans le texte ? Disons les choses clairement, précisément – et laissons les formules creuses à nos adversaires !

Enfin, pour être plus concret, ce passage aurait dû préciser une chose essentielle : la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme implique une rupture décisive dans l’ordre économique et social. Cette rupture, c’est « l’expropriation des expropriateurs », comme l’écrivait Marx. C’est la nationalisation des banques, de la grande industrie, de la grande distribution, de la terre – et la planification de l’économie, sous le contrôle démocratique des salariés, dans l’intérêt du plus grand nombre. Par ces mesures, la classe ouvrière « devient la classe dominante », comme le rappelle un amendement adopté lors du récent congrès des Jeunes Communistes. Soit dit en passant, ce n’est pas le seul point sur lequel le document de congrès des JC est plus clair et plus concret que les Pistes de travail. Il serait excellent que la direction du parti s’en inspire !

Le Front de gauche

La Riposte n’est pas hostile aux alliances – ou aux « fronts » – entre le PCF et d’autres formations de gauche, que ce soit aux élections ou dans des mobilisations telles que lutte contre la « réforme » des retraites. Cependant, pour qu’une alliance ou un « front » renforce le PCF et les idées communistes, au sein du mouvement ouvrier, il nous faut d’abord un programme clair. Or, nous l’avons vu, les Pistes de travail renvoient l’élaboration de ce programme à plus tard. Le Front de gauche lui-même est conçu – parallèlement aux fameuses « auditions » – comme un moyen de parvenir à un « projet alternatif ». Encore une fois, ce n’est pas la bonne méthode. Et l’impression qui se dégage des Pistes de travail, c’est que les dirigeants du parti cherchent des expédients organisationnels et stratégiques à des problèmes d’ordre idéologique et programmatique. C’est faire fausse route. Le problème est tout simplement transféré au niveau du Front de gauche, qui souffre de la même inconsistance idéologique et programmatique que la politique officielle du parti.

Les Pistes de travail se félicitent des résultats du Front de gauche aux élections régionales. Le texte parle d’un « acquis précieux et prometteur » qui a « réinstallé dans le paysage un nouveau chemin d’espoir à gauche ». Certes, après des décennies de recul électoral du PCF, les résultats des élections régionales et européennes semblent marquer une stabilisation. Mais il faut se garder de l’attribuer trop vite à la stratégie du Front de gauche. La carte des élections régionales montre assez clairement que le Front de gauche n’a pratiquement pas débordé les zones d’influence traditionnelles du PCF. Par ailleurs, lors des élections cantonales de 2008, qui se déroulaient sur une seule moitié du pays, les candidats du PCF ont recueilli 1,15 million de voix, soit un peu plus que les listes du Front de gauche dans 17 régions sur 22. Ces données suffisent à réfuter l’idée – formulée par des dirigeants du parti – selon laquelle des listes du PCF auraient recueilli beaucoup moins de voix que les listes du Front de gauche.

Mais au-delà de la question des performances électorales, de nombreux camarades s’inquiètent du risque d’effacement du PCF. Ce risque existe effectivement, comme nous l’avons montré dans un autre article. Sur ce point comme sur tant d’autres, les Pistes de travail ne nous éclairent pas beaucoup. Ses auteurs écrivent : « Nous ne voulons pas faire travailler le Front de gauche comme un cartel, ni comme un nouveau parti, mais comme une démarche politique citoyenne et populaire ouverte. » Ailleurs, le texte évoque la nécessité de « faire franchir à notre démarche [du Front de gauche] un saut quantitatif et qualitatif ». Tout ceci est très vague. Le PG et Mélenchon sont beaucoup plus concrets. Ils proposent des comités locaux du Front de gauche, une véritable direction nationale et des adhésions « directes » au Front de gauche, sans adhérer à l’un des partis qui le constituent. En un mot, ils proposent la formation d’un nouveau parti. La Riposte y est fermement opposée, car cela se traduirait par une liquidation de facto du PCF. Mais que préconisent les auteurs des Pistes de travail ? En quoi consisterait, précisément, le « saut quantitatif et qualitatif » qu’ils proposent de franchir ? Le texte, hélas, n’en dit rien de concret. Chacun mettra ce qu’il voudra dans l’idée d’une « démarche politique citoyenne et populaire ouverte ». Cette imprécision permet sans doute de satisfaire les différentes tendances qui s’affrontent, au sommet du parti. Mais cela n’éclaire pas les militants et sympathisants communistes.

Enfin, il y a la question de la candidature aux présidentielles de 2012. Les Pistes de travail renvoient la décision au Congrès de 2011. Il va de soi que le Congrès de 2011 se prononcera sur le sujet. Mais cela ne devrait pas empêcher la direction du parti de prendre position maintenant sur une question concrète : la nécessité – ou non – d’une candidature issue du PCF. Selon nous, cette question se pose dans des termes très simples. Il faut, en 2012, un candidat qui défende un programme et des idées communistes. Le PCF a été créé pour défendre ce programme et ces idées. Il doit donc présenter un candidat, qu’il soit ou non soutenu par le Front de gauche. Des camarades nous répondent : « Mais Jean-Luc Mélenchon est plus à gauche que la direction du parti ! » Cela se discute, car Mélenchon est passé maître dans l’art de dire tout et son contraire. Mais admettons que ce soit le cas. La conclusion qui s’impose n’est pas de soutenir Mélenchon en 2012 ; c’est de faire en sorte que le parti défende un véritable programme communiste – c’est-à-dire « plus à gauche » que celui, réformiste, de Jean-Luc Mélenchon.

Par ailleurs, si le PCF, avec ses dizaines de milliers de militants et la position qu’il occupe dans la conscience collective du mouvement ouvrier, ralliait une candidature issue d’une formation récente de quelques milliers d’adhérents (le PG), il enverrait le message négatif d’un parti qui a perdu confiance en lui-même et en son propre avenir. Nous avons, nous, confiance dans l’avenir du PCF, à condition qu’il renoue avec les idées fondamentales du communisme.

L’« alternative » et le Parti Socialiste

Les auteurs des Pistes de travail se prononcent pour un « rassemblement majoritaire », en 2012, ou encore pour une « majorité de changement » – en clair, pour un gouvernement de gauche qui mette en œuvre une politique en rupture avec celle de Sarkozy et de sa clique. Cela pose évidemment la question de l’éventuelle participation du PCF – ou du Front de gauche – à un gouvernement dominé par le Parti Socialiste. En effet, à part Jean-Luc Mélenchon, qui se croit doté de super-pouvoirs, personne n’imagine que le PCF ou le Front de gauche puisse passer devant le PS, aux élections de 2012. L’évolution du rapport de force politique, à gauche, ne peut pas être aussi rapide. Les auteurs des Pistes de travail le savent, qui disent mesurer « l’ampleur du chemin qui reste à parcourir », compte tenu « de la situation de la gauche actuelle ».

Cette question est absolument décisive, pour l’avenir du PCF. Les militants communistes savent bien que le PCF a payé très cher sa participation – entre 1981 et 1984, puis entre 1997 et 2002 – à des gouvernements socialistes qui, sur toutes les questions fondamentales, ont fini par se soumettre aux intérêts de la classe dirigeante. Nous ne voulons pas que le PCF tombe à nouveau dans ce piège. Malheureusement, la façon dont les Pistes de travail posent cette question n’est pas satisfaisante : « Le chemin réalisé avec le front de gauche ne représente donc que les premiers pas vers l’ambition qui nous anime et que les échéances de 2012 rehaussent. Si la tentation des alliances avec le Modem se trouve aujourd’hui mise à mal, les risques de voir notre démarche buter sur un seuil qui la marginaliserait à gauche, ou l’empêcherait de peser réellement sur les choix majoritaires restent importants. Un double écueil stratégique demeure devant nous : celui d’un enfermement dans une “autre gauche” qui ne nous permettrait pas de peser sur la recomposition politique de la gauche et celui d’une gauche dite “solidaire” où la solidarité se traduirait en fait par l’impossibilité de peser sur les orientations politiques du rassemblement. » Après quoi les auteurs reviennent sur la nécessité de « construire un Front de gauche d’une nouvelle dimension », voire même « un Front social et intellectuel d’actions et de projets », quoi que cela puisse être. Le texte ne dit rien de plus concret, sur cette question.

Que signifie le paragraphe que nous avons cité ? C’est assez difficile à dire. Relevons cependant l’idée d’un « seuil » en deçà duquel le Front de gauche serait « marginalisé » et ne pourrait pas « peser réellement sur les choix majoritaires ». On suppose – et force est de supposer, dans l’épais brouillard de cette prose – que les auteurs veulent parler d’un seuil électoral, d’un pourcentage de voix, d’un rapport de force électoral entre le PS et le Front de gauche. A quel niveau se situerait ce seuil ? 8% ? 15 % ? Davantage ? Le texte ne le dit pas. D’ailleurs, ce serait absurde. Car en fait, le problème est mal posé. Aux législatives de 1981, le PCF avait recueilli 16 % des voix, puis 10 % aux législatives de 1997. Mais cela n’avait pas empêché la direction du PCF de cautionner le « tournant de la rigueur », le gel des salaires, la désindustrialisation, les privatisations massives, etc. Le passage que nous avons cité fait complètement abstraction de l’élément le plus important de l’équation : le programme d’un futur gouvernement de gauche. Tel est le « seuil » déterminant, pour parler comme les auteurs des Pistes de travail.

Le PCF doit publiquement présenter aux socialistes un programme sur la base duquel il accepterait de participer à un futur gouvernement de gauche. Par exemple, ce programme devrait comprendre la nationalisation des toutes les banques, comme Marie-George Buffet en défend l’idée. Il devrait également proposer la renationalisation de toutes les entreprises privatisées au cours de 25 dernières années ; une augmentation substantielle des salaires du public et du privé ; la lutte contre le chômage sur la base d’une authentique réduction du temps de travail, sans flexibilité ni réduction de salaire ; la nationalisation des entreprises dont les patrons résistent aux augmentations de salaire et à la réduction du temps de travail ; la nationalisation des entreprises qui licencient, ferment ou délocalisent ; l’abrogation de toutes les contre-réformes mises en œuvre par la droite dans le domaine des retraites, de la santé, de l’éducation et du logement ; un vaste plan de construction de logements sociaux ; une régularisation massive des travailleurs sans-papiers – et d’autres mesures de cet ordre. En deçà de ce« seuil » programmatique, un gouvernement de gauche ne pourrait pas améliorer sérieusement les conditions de vie de la masse de la population. Dès lors, si les socialistes refusent de s’engager sur de telles mesures, le PCF doit renoncer à participer au gouvernement. Cette éventualité ne signifierait pas notre « enfermement dans une “autre gauche” », pour reprendre la formule des Pistes de travail. Il signifierait le refus de cautionner l’impuissance politique d’un gouvernement de gauche qui renonce à s’attaquer aux intérêts capitalistes. Cela n’affaiblirait pas le PCF, mais, au contraire, en renforcerait la crédibilité aux yeux de millions de jeunes et de travailleurs.

On pourrait relever bien d’autres faiblesses des Pistes de travail. Dans l’ensemble, c’est un mauvais texte qui s’attirera beaucoup de critiques, dans les sections du parti. Sans le vouloir, ses auteurs livrent eux-mêmes l’explication de leur contre-performance, lorsqu’ils écrivent qu’ils voient une « difficulté »dans l’objectif de « redonner sens au communisme et à un parti vivant pour le porter ». En effet, que leur prose est difficile – pénible, même – et si souvent dénuée de sens ! Pour notre part, nous ne voyons aucune difficulté à « redonner du sens au communisme » et au PCF, pour la simple raison qu’ils n’ont jamais perdu ce « sens ». Certes, le PCF a été gravement affaibli par les erreurs et les capitulations de ses directions successives. Ce faisant, elles ont également discrédité l’idéal communiste aux yeux de nombreux travailleurs. Mais cet idéal conserve toute sa force. Il est la seule alternative au capitalisme en crise et à ses conséquences sociales désastreuses. Et si les militants communistes parviennent à le réarmer, politiquement, le PCF jouera un rôle déterminant dans le renversement de ce système et la transformation socialiste de la société.

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