Où en est France Télécom-Orange ?

D’abord il ne faudrait pas dissocier ces deux entités, qui n’en font qu’une. Aujourd’hui, dans les médias, les suicides c’est France Télécom – et la réussite économique, c’est Orange.

Le grand nombre de suicides, en 2009, a légèrement éclairé la direction sur le mal-être des agents, que la CGT dénonce depuis longtemps. Mais peu de choses ont bougé, depuis. Certes, la nomination du nouveau PDG – Stéphane Richard, un proche de Sarkozy – a été accélérée. Mais Didier Lombard – autre proche de Sarkozy – est toujours présent, de même que Mr Wiénes, ex-directeur des opérations France, responsable des réorganisations, et qui malgré sa démission reste conseiller du président. L’arrivée de Christine Albanel, ex-ministre de la Culture, n’annonce rien de bon. En résumé, des proches de Sarkozy remplacent d’autres proches de Sarkozy. Ainsi vont les choses au sommet de l’Etat.

Certes, les réorganisations et les délocalisations sont bloquées, ce que la CGT demandait depuis longtemps. On assiste même à des retours d’agents sur des sites abandonnés par l’entreprise. Cette situation est due à la fois aux luttes et à une médiatisation importante de la multiplication des suicides. Mais malgré les alertes des instances (DP, CE, CHSCT) et des syndicats, dont la CGT, la gravité de la situation n’a pas été prise en compte par la direction. Depuis le début de l’année, 10 salariés se sont suicidés. Par ailleurs, comment la direction explique-t-elle les démissions de nombreux médecins du travail ? N’est-ce pas un signe évident que le malaise persiste ?

La procédure pénale engagée contre le PDG n’est-elle pas l’arbre qui cache la forêt ? La seule réponse de la DRH, sur cette action judiciaire, a été de dire que France Télécom-Orange ferait tout pour ralentir les procédures. La lutte n’est donc pas terminée !

Des négociations ont été ouvertes. Cinq axes sont en phase d’élaboration, dont deux ont été validés. Le premier concerne l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Dans ce domaine, on réclame les mêmes droits pour tous les salariés, quel que soit leur statut ou leur situation conjugale. Un accord a été signé, qui fera l’objet d’un bilan et de nouvelles rencontres au deuxième trimestre 2010. Le deuxième axe concerne l’emploi et la mobilité : réinternalisation, pertinence des mobilités, stabilité des postes, etc. Il sera intégré à la négociation GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences) de 2010.

Ces négociations se nourrissent des cahiers revendicatifs que la CGT a mis en place dans chaque site. Mais les directions refusent de faire des avancées locales. La mentalité de certains directeurs n’a pas trop évolué.

France Télécom-Orange était un fleuron de l’industrie française ; c’est devenu une machine à broyer les salariés et à générer des dividendes pour les actionnaires. La CGT réclame toujours un grand service public de la communication, en réintégrant toute la sous-traitance. Il faut emmener la fibre optique au plus près des gens. Il faut favoriser l’emploi et l’investissement, et non la plus-value des actionnaires. Tout cela ne sera possible que s’il y a une grande mobilisation des salariés, des usagers et des élus. Beaucoup de travail reste à faire.

Bernard Coste (CGT France Télécom)

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