Trois questions à Salvatore Rinoldo, syndicaliste chez IKEA

Ikea Greve

Nous publions ci-dessous une interview de Salvatore Rinoldo, syndicaliste CFDT chez IKEA, à Toulouse. Elle date de fin février. La grève des salariés d’IKEA n’a pas permis d’arracher l’augmentation de salaires réclamée. Elle n’en reste pas moins symptomatique d’un climat social de plus en plus tendu. IKEA n’avait jamais connu de mouvement de grève cette ampleur.

La Riposte : Quelle sont les motifs de la grève des salariés d’IKEA ?

Salvatore Rinoldo : Le motif immédiat, c’est le refus de la direction d’octroyer aux salariés une augmentation de salaire décente, dans le cadre des NAO (Négociations Annuelles Obligatoires). D’entrée de jeu, la direction annonçait la couleur : elle proposait du 0% d’augmentation collective, plus une enveloppe moyenne de 0,5% d’augmentations individuelles. Lors de la deuxième réunion, ils ont proposé 0,5% de collectif et 1,2% d’individuel, puis 1% de collectif et 1% d’individuel. Ce n’était pas acceptable. Nous, on demandait 4% d’augmentation. IKEA France a quand même réalisé 52 millions de bénéfices net, en 2009. Et le chiffre d’affaire est en progression de 6,3%.

La direction d’IKEA nous a dit : « ça fait pour les salariés une augmentation, sur l’année, de 4%. » Mais pour en arriver à ce chiffre en trompe l’œil, ils ont intégré, dans leur calcul, les primes d’ancienneté et d’autres acquis. Ce n’est pas une augmentation, c’est de l’intox !

LR : Quelles sont les conditions de travail, chez IKEA ?

SR : Il y a de moins en moins d’embauches. Il y a des personnes qui ne sont pas remplacés. Et souvent, la direction remplace des salariés à 35 heures par des salariés à 20-25 heures. Donc, on diminue la masse salariale, les heures travaillées. Tout cela conduit, aujourd’hui, à la dégradation des conditions de travail. Au niveau national, les trois départements les plus touchés sont : le restaurant, la logistique, les caisses. Quand on est en période de forte affluence, par exemple pendant les vacances, les salariés peuvent tourner, en moyenne, à 38-40 heures par semaine. En ce moment, les caissières à temps complet tournent à 40 heures. Parce qu’on est « modulables ». On a donc un « tunnel de modulation » qui va de 24 heures à 41 heures par semaine.

LR : Où en êtes-vous, au niveau des négociations ?

SR : Les négociations sont officiellement terminées depuis hier. La direction n’a rien lâché. IKEA, aujourd’hui, tire les salaires vers le bas. 65% des salariés sont concernés, en premier lieu les agents de maîtrise. La direction d’IKEA nous dit que les salaires y sont de 7 % au-dessus de SMIG. Mais il faut savoir qu’en 2000, ils étaient au-dessus de 14% au-dessus du SMIG. IKEA fait des profits, son chiffre progresse, il prend des parts de marché supplémentaires à Conforama, But… Aujourd’hui, c’est le numéro 1 de l’ameublement, en France et dans monde. Les salariés demandent leur part de gâteau.

Les salaires régressent d’année en année. Les participations c’est pareil. Les primes d’intéressement, c’est pareil. Et quand le fondateur de l’entreprise, Ingvar Kamprat, prenait des royalties qui représentaient 3% sur le chiffre d’affaire, aujourd’hui il s’en prend 4%. On ne peut pas nous demander de nous se serrer la ceinture pendant qu’ils s’engraissent, là-haut.

Propos recueillis par Jacquy Labadens

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