Les morts de la rue

Dans la France de « l’égalité des chances » (selon Sarkozy), un capitaliste dénommé Mikhail Prokhorov a déboursé 496 millions d’euros pour s’offrir la villa Leopolda, une propriété de Villefranche-sur-Mer qui domine la Méditerranée, entre Nice et Monaco. Ancien PDG d’une compagnie minière, Prokhorov dirige aujourd’hui un fonds d’investissement spécialisé dans les nouvelles technologies. Peut-être a-t-il d’autres occupations. En 2007, par exemple, il a fait l’objet d’une interpellation dans le cadre d’une enquête sur un réseau de prostitution.

A l’autre bout de l’échelle sociale, les choses ne se présentent pas de la même façon. En 2008, en France, au moins 359 SDF sont morts – de maladie, de froid, de solitude ou de violences –, soit près d’un par jour. Le chiffre réel est sans doute plus élevé. Mais l’Etat refuse de mesurer cette tragédie. Quand on vit dans la rue, on meurt en moyenne à l’âge de 49 ans. Le collectif Morts de la rue, qui publie ces chiffres, avait recensé environ 200 morts en 2006 et en 2007. La forte augmentation du chiffre, en 2008, s’explique sans doute par la remontée de davantage d’informations provenant des différentes associations actives dans la lutte contre la misère. D’après Christine Boutin (qui, elle, ne dort pas dans la rue), la politique du gouvernement n’est pas en cause. Elle affirme que les capacités d’hébergement, en France, sont suffisantes pour la prise en charge de tous les sans-abri. Mais les sans-abri eux-mêmes, les secouristes et les associations sont d’un autre avis.

Tout le monde a besoin de se loger. Mais il y a une véritable crise du logement en France, qui traduit l’incapacité d’un système fondé sur le profit à répondre aux besoins les plus élémentaires de la population. Des centaines de milliers de familles pauvres vivent dans la crainte d’une expulsion. Au mois de septembre dernier, à Istres (Bouches-du-Rhône), Morgane S., 33 ans, une mère de trois enfants âgés de 11 ans à 18 mois, s’est défenestrée parce qu’un huissier s’apprêtait à l’expulser de son HLM. Elle n’a pas survécu à cette chute du troisième étage.

La Riposte

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