Contre l’offensive des « refondateurs » : maintenir et renforcer le PCF !

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La préparation de l’Assemblée extraordinaire du PCF, qui se tiendra en décembre, a fourni l’occasion à Patrick Braouezec (photo), Roger Martelli, Jean-Claude Gayssot et autres « refondateurs » de redoubler leur offensive – complaisamment relayée par les médias capitalistes – pour aboutir à ce qui reviendrait, dans les faits, à la dissolution du PCF. Ils remettent en cause ce qu’ils appellent « la forme parti », lui préférant une vague « mouvance sociale ». En substance, les « nouvelles logiques d’organisation » qu’ils proposent reviendraient, dans la pratique, à une réédition des « forums anti-libéraux » – mais, cette fois-ci, sans le PCF.

Dans une interview publiée dans L’Humanité, Gayssot déclare qu’il est favorable à l’abandon du mot « communiste », dans le nom du parti, avant d’ajouter : « Mais je pense honnêtement qu’il faut surtout en finir avec la conception de l’organisation qui a prévalu jusqu’ici. À mes yeux, la force transformatrice qu’il faut créer ne peut l’être sous le label ou la houlette du parti ! » Quelques lignes plus loin, il explique qu’il faut être « indépendant », mais« ne pas négliger la conquête de positions dans les institutions. » Autrement dit, Gayssot et consorts ne refuseraient pas des positions confortables dans les « institutions », mais ne voient pas la nécessité d’une étiquette communiste ou d’un parti auquel il faudrait rendre des comptes. Ce sont effectivement des choses encombrantes dans le milieu bourgeois des « institutions ». Autrement dit, le PCF était « utile » lorsqu’il hissait l’ex-ministre Gayssot vers les sommets. Mais s’il ne permet plus cela, à quoi sert-il ?

Rappelons que lorsqu’il était Ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot qualifiait la privatisation d’Air France de « grand succès populaire ». Il n’a jamais levé ne fut-ce qu’un petit doigt contre les projets de privatisation du gouvernement Jospin, sous lequel le transfert de biens publics vers le secteur capitaliste a été le plus important de toute l’histoire du pays (31 milliards d’euros).

Et maintenant, après avoir affaibli l’assise sociale et électorale du parti par ce genre de capitulation, par des révisions successives du programme qui l’ont vidé de son contenu communiste, et par la campagne « boviste » menée contre la candidate du parti aux présidentielles, les refondateurs prennent prétexte d’un affaiblissement dont ils sont responsables, même s’ils ne sont pas les seuls, pour inciter les communistes à détruire leur organisation ! Ce ne sont pas des refondateurs, mais des liquidateurs.

Le parti, c’est un outil indispensable dans notre lutte contre le capitalisme. Il permet d’élaborer notre programme, de discuter des questions de stratégie, d’organiser et de financer nos activités, d’élire nos représentants et candidats. Sans cette organisation, les communistes ne seraient rien. Il faut résister de toutes nos forces au discours démoralisé et démoralisant des liquidateurs, et engager la lutte au niveau des idées pour contrecarrer leurs arguments et réduire leur influence. Les médias se font largement écho de leurs idées. Il faut que les militants et sympathisants du parti entendent un autre son de cloche. Les sections qui refusent la liquidation du parti devraient s’exprimer, par voie de résolutions et de textes.

Lors des élections au congrès de 2008, nous appelons toutes les sections et fédérations du parti à éliminer des instances nationales et fédérales tous les représentants de cette tendance liquidatrice. Un parti qui installe dans sa direction des gens qui veulent sa mort – risque fort d’en mourir, justement. Martelli, Braouezec, Gayssot et compagnie ont parfaitement le droit de ne plus vouloir du PCF et de ne plus se réclamer du communisme. Mais le PCF n’a jamais forcé personne à en être membre. S’ils veulent partir, qu’ils partent ! Nous autres maintiendrons le parti et travaillerons pour le renforcer, sur le plan des idées comme sur le plan organisationnel.

Le programme du parti

L’affaiblissement du parti n’est pas dû à des causes externes. Il n’est pas dû à des « évolutions sociologiques », comme le prétendent les soi-disant refondateurs. Il est dû à l’abandon des idées et objectifs révolutionnaires dont il se réclamait, dans le passé. Le remplacement de ces idées par les notions soporifiques de l’« anti-libéralisme » réformiste a eu comme conséquence de desserrer les liens entre le parti et la couche la plus militante, la plus politiquement consciente de la jeunesse et des travailleurs. Ils ont besoin d’idées claires, d’analyses et d’explications solides, de théorie marxiste, de perspectives et d’un programme sérieux pour mettre fin au capitalisme.

Mais le programme que présente actuellement le parti ne contient aucune mesure qui constitue une remise en cause de la propriété capitaliste de l’économie. Il se limite à de petits bricolages superficiels : des crédits moins chers pour les employeurs qui embauchent, des amendes pour les mauvais patrons, de vagues allusions à une « nouvelle citoyenneté » et d’autres notions sur le thème d’un meilleur « vivre ensemble » ou encore d’une réorientation « équitable » de l’économie capitaliste.

Ce charabia « anti-libéral » se veut plus moderne que le marxisme. Mais en réalité, il constitue un retour en arrière, un retour aux idées réformistes, naïves et utopistes du début du XIXe siècle, avant Marx.

Le comportement des dirigeants communistes, lors des participations gouvernementales de 1981-1984 et de 1997-2002, a convaincu la masse de l’électorat populaire que même si le discours du PCF est plus radical et plus militant que celui des socialistes – dans la pratique, leur politique est au fond la même.

Expliquer le « stalinisme »

A cette expérience collective s’ajoute la confusion créée par l’effondrement des régimes totalitaires du bloc de l’Est, régimes que les dirigeants du parti ont présenté comme autant d’exemples du « socialisme » à plusieurs générations de travailleurs. A ce jour, aucune tentative sérieuse de fournir une explication à la dégénérescence de la révolution russe et au phénomène du stalinisme n’a été entreprise par le parti, ce qui laisse la porte ouverte à l’idée, relayée massivement par les apologues du capitalisme, que le communisme est synonyme de dictature totalitaire.

La politique de plus en plus ouvertement réformiste défendue par la direction du parti ne permet pas au PCF de se distinguer nettement du réformisme du PS, et le transforme, objectivement et dans la conscience populaire, en une annexe politique de ce dernier. Mais l’affaiblissement du PCF n’a rien d’irréversible. Il est entièrement à la portée des militants du parti de reconstruire son influence et son implantation dans le mouvement syndical, chez les jeunes et chez les travailleurs en général. Mais pour cela, il est nécessaire de revenir aux idées fondamentales du communisme – aux idées du marxisme révolutionnaire.

La Riposte

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