Le 10 septembre, bloquons le gouvernement Bayrou ou le suivant !

26 août 2025

Le 10 septembre deviendra-t-il un nouveau jour de congé ? En tout cas, c’est la réponse ironique que donne une frange de la classe ouvrière à la série de propositions pour le moins réactionnaires du 1er Ministre Bayrou pour endiguer un déficit budgétaire de 43,8 milliards d’euros. En effet, ce dernier a mis sur la table la suppression de 2 jours de congés, un gel des dépenses de l’État, la suppression de 3000 emplois publics en 2026, une ponction supplémentaire de 5 milliards d’euros sur le budget de la Sécurité Sociale et un ratiboisement programmé des services de l’État par le biais de la suppression d’une partie non négligeable des agences publiques qui en assurent le fonctionnement.

Selon le site de France Bleu, les premiers appels à l’organisation d’une journée de protestation le 10 septembre remonteraient au mois de mai, pour se populariser en juillet à la faveur des annonces du 1er Ministre. Si au départ la couleur politique du mouvement penchait clairement vers le brun avec des revendications souverainistes et complotistes, elle s’est  « rougie » depuis avec l’apparition d’un site internet concurrent à celui de départ, affichant clairement une orientation à gauche. Le mouvement est ainsi divisé en deux. D’un côté, la matrice d’origine complotiste et souverainiste est représentée entre autres par le site « les essentiels de France ». De l’autre, un des sites qui représentent la frange de gauche se trouve sur l’url www.indignonsnous.fr et c’est ce dernier qui polarise l’attention médiatique et militante, en plus de proposer des groupes de discussion Telegram par région très fréquentés. Dans une vidéo remarquable de ce site, on voit un peuple français multiculturel se faire exploiter par une élite politique et sociale. Et on entend en voix off un discours qui encourage ce peuple à s’unir dans ses différences face à ses oppresseurs. Et ce dans le droit fil du populisme de gauche de LFI.

Dans les médias et la classe politique, c’est cette frange la plus à gauche qui retient désormais l’attention et focalise les sujets d’interview. D’ailleurs le Rassemblement National ne s’y trompe pas, puisqu’il rejette clairement le mouvement par la voix de son député Mathieu Valet sur France Inter le 18 août dernier en qualifiant le 10 septembre prochain de “journée nationale des gauchos”. Quoi de mieux pour inciter à y participer ? En tout cas, les partis de gauche ainsi que les bases syndicales et certaines fédérations de la CGT appellent à se mobiliser, tandis qu’une seule confédération, FO en l’occurrence, a déposé un préavis de grève entre le 1er septembre et le 30 novembre, mais sans mentionner l’initiative de mobilisation pour le 10 septembre. Sophie Binet quant à elle note sur France Inter le 22 août dernier « des revendications sociales et la dénonciation de ce budget Bayrou, ce qui rejoint (…) [l’]analyse [de la CGT]. Mais pour le reste, les choses sont très nébuleuses. » Elle craint des « tentatives de noyautage et d’instrumentalisation de l’extrême droite qui, à certains endroits, essaie de développer des discours antisyndicaux ». Une réunion intersyndicale est prévue pour le 29 août  afin d’établir une position commune par rapport à cette journée du 10 septembre et plus globalement préparer la riposte sociale au projet du gouvernement.

Certes, ce mouvement a bien des origines réactionnaires et il est indéniable qu’il existe localement des possibilités de son instrumentalisation par l’extrême-droite, là où elle dispose de forces suffisantes. Mais à l’inverse, les forces de gauche et au premier plan les bases locales de la CGT ont vite fait de soutenir cette journée du 10 sans attendre les consignes de la Confédération, appliquant la leçon de l’épisode des Gilets Jaunes où ce mouvement « spontané » avait fini par épouser les revendications sociales des syndicats après des débuts tout aussi réactionnaires. Ce qui est certain, c’est que l’absence de forces de gauche pourrait devenir à terme la cause de cette récupération du mouvement par l’extrême-droite et non plus sa conséquence, tant est grande la colère sociale actuelle et les possibilités de sa canalisation vers une mobilisation de masse propre à enrayer la machine capitaliste. Par ailleurs, les échecs répétés des syndicats et des partis de gauche à stopper la casse sociale acharnée que nous vivons depuis 2016 avec les Lois Travail peuvent expliquer en partie le désamour profond de certaines franges du salariat qui cherchent des débouchés extra-syndicaux et extra-parlementaires à leurs colères.

Le 10 septembre est une date importante. Mais au niveau parlementaire, les députés des partis de gauche doivent jouer leur rôle et prendre leurs responsabilités. Il faut provoquer la chute de Bayrou avec le vote de confiance le 8 septembre à l’Assemblée nationale. Et si le gouvernement qui lui succède s’engage sur la même voie, il faudra le faire chuter, lui aussi. La crise parlementaire et présidentielle débouchera à terme sur des élections présidentielle et législative. Ce dont nous avons besoin, c’est un gouvernement de gauche qui applique une politique audacieuse de réforme sociale, à contre-sens des politiques d’austérité de la droite, un gouvernement qui répond à l’inévitable sabotage des capitalistes par des mesures décisives pour briser leur pouvoir économique.

Nos organisations syndicales et politiques restent une arme précieuse que doivent se réapproprier les forces militantes pour se défendre et s’organiser et lutter contre le capitalisme. Donc rendez-vous dans la rue le 10 septembre et au-delà et dès aujourd’hui sur les réseaux sociaux, dans nos lieux de vie et de travail, pour organiser la lutte et lui insuffler nos idées révolutionnaires !

Rafik B. PCF Paris

1 Comment Laisser un commentaire

  1. Salut camarades de La Riposte,

    Excellent article !

    C’est à la base dans des comités que notre classe ouvrière doit aussi s’organiser pour diriger le mouvement sans récupérations d’où qu’elles viennent !

    Oui, il faut bloquer le pays dans l’unité, pour faire trembler le capitalisme, le faire tomber demain, et démontrer que sans les travailleurs rien ne tourne ne s’allume ou fonctionne dans les taules et ailleurs !

    De plus c’est pas à la gauche de renaitre, sous les coups de la lutte des classes qui monte, elle a tant trahi et échoué, que les morts enterrent les morts, que les roses enterrent les roses, et restent sur les tombes des bureaucrates et des politiciens professionnels, au service des bourgeois, si j’ose dire, le 10 septembre, ce qui doit renaitre c’est pas la gauche, mais le mouvement ouvrier politique !

    Fraternellement
    Laurent Gutierrez

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