Protestations et répression en Iran

Par Greg Oxley, PCF Paris 10e

Avec les événements en Égypte, en Irak, au Liban et au Soudan – sans parler des nombreux autres mouvements dans le monde, en Amérique Latine, Hong Kong, etc. – où les peuples sont descendus dans la rue en masse pour contester les régimes ont place, l’Iran est à son tour en ébullition.

Le rationnement de l’essence et l’augmentation de son prix de l’essence à la pompe (+50%) ont été l’étincelle qui a provoqué un mobilisation de masse contre le régime iranien. L’embargo imposé par les États-Unis a eu un impact majeur sur l’économie du pays, mais la dégradation des conditions de vie n’ont fait que rendre encore plus insupportable le caractère réactionnaire et oppressif du régime, ainsi que la corruption à tous les échelons de l’État.

Le chômage de masse, le non-paiement des salaires des fonctionnaires et la vie chère sapent les bases du régime

L’administration Trump, ayant rompu avec l’accord conclu par l’équipe présidentielle précédente avec l’Iran sur la question de l’armement nucléaire, organise un blocus contre le pays afin de le soumettre à ses exigences et sans contrepartie. Le régime et les capitalistes iraniens veulent faire porter le fardeau de la crise aux travailleurs et à la jeunesse. Le chômage de masse, le non-paiement des salaires des fonctionnaires et la vie chère sapent les bases du régime. L’augmentation du prix de l’essence entraînera une augmentation des prix des produits alimentaires.

Ainsi, à Téhéran, Mechhed, Tabriz, Behbahan, Shiraz, Sanandaj, et dans pratiquement toutes les principales villes du pays, une vaste lutte est en cours. « Le chef suprême vit comme un dieu, nous vivons dans la misère ! » scandent les manifestants. Commissariats, banques, stations d’essence et bâtiments administratifs ont été pris pour cible. La réaction du régime a été féroce. A maintes reprises, le régime a fait ouvrir le feu sur des manifestants. Bien plus d’une centaine de manifestants ont été tués par les forces de l’ordre. Des centaines d’autres ont été blessés, incarcérés. L’accès à internet a été suspendu.

Il est impossible de savoir jusqu’où ira cette nouvelle vague de protestations massives en Iran, qui est pour le moment moins importante que celle qui s’est produite il y a une dizaine d’années. Il n’en reste pas moins que ce soulèvement devrait servir de leçon aux courants politiques sectaires « de gauche », ici en Europe, qui sont prêts à soutenir le régime iranien et lui attribuer un caractère « progressiste » sous prétexte qu’il est en conflit avec les États-Unis. Certes, les États-Unis sont un pays impérialiste qui se sert de son immense pouvoir pour défendre et étendre ses sphères d’influence dans le monde. Mais l’Iran est aussi une puissance impérialiste, à l’échelle régionale, et son régime n’a absolument rien de progressiste, ni sur le plan intérieur, ni sur le plan extérieur. Dans la hiérarchie des impérialismes, l’Iran est en dessous des États-Unis, mais nous ne devons jamais tomber dans le piège de « campisme » selon lequel l’ennemi d’un ennemi est forcément un ami, et qui revient à soutenir un impérialisme contre un autre.

Nous sommes en solidarité avec tous les Iraniens en lutte contre l’injustice du régime et pour une société plus démocratique et égalitaire

Évidemment, comme dans tout soulèvement populaire important, il y aura certains éléments qui chercheront à remplacer un régime oppressif par un autre. Ici et là, des cris favorables au retour de la monarchie ont été entendus. Mais cette tendance n’est que très marginale et ne caractérise pas le mouvement dans son ensemble. Nous sommes en solidarité avec tous les Iraniens en lutte contre l’injustice du régime et pour une société plus démocratique et égalitaire. L’Iran est un pays extrêmement riche. Mais cette richesse est entre les mains d’une minorité capitaliste. Pour réellement transformer le pays, il faudrait à terme parvenir à soumettre ses vastes ressources naturelles et productives au contrôle démocratique de la population, ce qui implique l’expropriation des capitalistes. Il faudra aussi que le mouvement populaire parvienne à remplacer l’État actuel par une administration démocratique, issue du peuple travailleur et soumise à sa volonté. Cette émancipation sociale et politique porte un nom : le socialisme.

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