Vision d’un congressiste du 52ème congrès de la CGT – Jour 2

La journée de Mardi a débuté par le rapport d’activité.

Les syndiqués seraient en droit d’attendre d’un rapport d’activité qu’il puisse faire un bilan critique et objectif des décisions et actions de la direction confédérale, et qu’il analyse les échecs et les réussites sur les 3 ans écoulés et qu’il amorce les perspectives, les orientations de notre syndicat pour les 3 ans futurs.

En 3 ans le contexte économiques a évolué, une légère reprise s’est faite jour en France, au niveau mondial aussi, sans arriver à retrouver un niveau équivalent à celui d’avant 2008. Cette légère reprise est en très grande partie due à une injection massive de capitaux fictifs pour « booster » l’offre. En clair les Etats ont fait « tourner la planche à billets ». Mais cette reprise économique n’a pas apaisé le sort des travailleurs, bien au contraire ! Les capitalistes ont à la fois profité de la planche à billets et du zèle de nombreux gouvernements à détruire toutes les conquêtes sociales passé.

Nous aurions pu attendre de ce rapport d’activité qu’il remette dans le contexte économique les actions de défense que la CGT a menées.

Malheureusement, pour l’heure, la mise en perspective du contexte économique qui est le moteur de toute la société et qui permet d’appréhender les aspects sociaux et politiques est absente du congrès………

Cela donne l’impression que la CGT ne pense que par « l’actualité » du moment.

Dans les 3 ans écoulés il y eut beaucoup de luttes interprofessionnelles notamment en 2016 contre la loi travail et malheureusement aucune victoire d’ampleur !

Cette attaque de 2016 aurait mérité qu’on s’y attarde autant sur les raisons économiques qui ont poussé Hollande à poursuivre la casse des droits des travailleurs commencée avant lui que sur les conséquences politiques qui en ont découlé (Lepen au 2me tour, victoire de Macron, disparition électorale du PS et de LR etc).

Ces mêmes raisons économiques et conséquences politiques qui expliquent pour partie les GJ.

Si le contexte économique et politique est à peine abordé dans le rapport, l’analyse de notre stratégie générale et nos tactiques de luttes ne sont guère plus évoquées.

Reconnaissons tout de même que certaines questions sont abordées et que de timides esquisses de réponses sont présentées.

Pourtant le bilan est plutôt négatif, défaite en 2016, défaite sur le conflits de la SNCF, perte de la première place devraient nous pousser à « creuser » les raisons de ces échecs qui trouvent des explications sur un plan interne mais aussi (là encore) dans un contexte du capitalisme qui est à une période particulière !

Tout n’est pas de la responsabilité de la CGT et de sa direction sortante, mais justement nous devrions faire cette analyse de manière très sérieuse pour définir ce que nous devons et pouvons changer et ce qui est relève de raisons extérieures!

Après la présentation du texte, la parole était donnée aux congressistes.

Le néo-congressiste que je suis (comme 80% d’entre nous) espérait que montent de la salle des demandes d’explications, des tentatives de critique constructive, de remise dans le contexte etc

Ce ne fut malheureusement que peu le cas, comme nous le constatons souvent dans nos réunions syndicales, chacun vient présenter et expliquer sa lutte, ses difficultés, ses succès…..mais peu vont au-delà du constat. Bien sûr il est intéressant, enrichissant et motivant de voir des camarades venir exprimer leurs luttes, mais le constat des difficultés à mettre dans la lutte les salariés, les possibilités de victoire dans des combats dans les boites, la description des horreurs que nous font vivre les capitalistes ne nous donneront pas les armes pour les faire reculer……..

Là aussi je fais un constat, celui qu’on ne fait que trop de constats sans en tirer le fil conducteur général qui nous permettrait à tous d’avancer.

Alors pourquoi ces camarades sincères, combatifs, motivés, plein d’abnégation, vivant leurs luttes dans leurs tripes ne passent pas de la liste exhaustives de nos malheurs à une réflexion pour faire en sorte qu’ils cessent ?

Il est fort probable que nous avons tous l’impression que notre lutte est trop méconnue, qu’elle mériterait d’être mieux partagée par la société entière. Comme, chacun de notre côté, nous n’arrivons pas à faire partager notre lutte à ceux qui nous entourent, aux politiques (enfin quelques uns quand même, mais trop peu nombreux !), aux journalistes, que nous avons l’impression d’être seuls face à un patronat qui ne prend même plus la peine de contre-argumenter. Et bien nous espérons convaincre nos camarades CGT du bienfait de notre lutte, peut-être que nous espérons secrètement que la confédération pourra agir sur notre combat particulier, que des camarades d’ailleurs viendront nous soutenir et nous aideront peut-être à avoir un rapport de force favorable………Malheureusement, nous (et je me mets dans le lot !) renversons les choses…..car notre lutte ne pourra être réellement victorieuse quand par la victoire d’une lutte globale !

D’ailleurs il est à mettre au crédit de Philippe Martinez qu’il est très souvent auprès des camarades en lutte, il se déplace énormément et va à la rencontre des syndiqués, des salariés et son discours est combatif.

Pour autant partager nos luttes, entre nous, sans en tirer des conséquences pratiques pour l’ensemble de notre classe, ne nous donne pas de solutions………..

La parole des camarades partageant les luttes en en oubliant presque que nous devrions débattre du bilan des 3 ans passés, vient probablement aussi du fait que l’analyse donne un paysage assez sombre au premier abord, les motifs d’inquiétude sont nombreux et peuvent inquiéter ! Pour autant, s’ il y a des motifs d’inquiétude, à y regarder de plus près les motifs d’espoir sont nombreux ! le capitalisme n’a pas connu de telle crise depuis très longtemps et les perspectives positives qu’il offre à l’humanité sont nulles, seul un changement de société peut nous sauver ! Alors quel plus beau futur pouvons-nous espérer que celui que d’être obligés de changer de système ?

Nous ne réglerons pas la question aujourd’hui sur les raisons du peu d’interrogations et d’ébauches de perspectives lors de nos débats.

Pour autant quelques unes ont porté le débat.

Comme cette camarade qui trouve un peu léger l’analyse sur l’irruption des GJ et de leur méfiance vis-à-vis de nous, si dans le rapport il est dit (à juste titre) que beaucoup d’entre eux viennent de secteurs où la CGT est peu ou pas présente, elle réfute que ce soit la seule explication (à juste titre aussi !). Sans qu’elle puisse réellement développer son point de vue (et oui 4 min d’intervention c’est peu même si ce « timing » permet à plus de camarades de prendre la parole ), mais on sent poindre une critique sur une sorte d’assimilation de la CGT dans le « système ».

Quelques interventions soulignent que la stratégie des grèves « saute-moutons » ne fonctionnent pas, qu’il faut une grève d’ampleur (sans expliquer comment nous devrions faire !), qu’il faut en finir avec les manifs « plan plan «  etc

Mais je resterais sur ma faim, le débat est conclu par la direction qui serait censer répondre aux interrogations, oppositions, demandes d’explications. Mais il est difficile de répondre au débat avec une conclusion écrite avant le débat……

Bref, nous passons au vote : environ 15% d’abstention (2% de plus qu’en 2016), 71% pour (3% de plus qu’en 2016), 29% contre (3% de moins).

Le résultat est somme toute relativement le même qu’en 2016 avec une légère hausse de l’abstention et une baisse du vote contre, on sent que les « oppositions » ne semblent pas avoir réussi à aller au-delà des positions de 2016 (il sera aussi intéressant d’essayer d’analyser ces oppositions qui pour certaines sont plus que visibles !).

L’après-midi débutera par le rapport financier, de la CFC et du comité de gestion de cogétise.

Il est à noter que nous perdons encore des adhérents, ce n’est pas massif mais c’est répétitif…

Sur l’aspect financier, les cotisations représentent 29% des rentrées. Cela interroge, car plus de 70% de nos recettes proviennent de l’extérieur et sont, donc, soumises à des décisions que nous ne maitrisons pas et qui se retrouvent dans les mains de nos ennemis de classe………

L’institutionnalisation est dénoncée, à juste titre, par notre secrétaire général, mais cette part importante de nos revenus qui dépendent pour une grande part de ces mêmes institutions devrait être traité de manière politique.

Comment nous garantir une indépendance pleine et entière vis-à-vis de l’institutionnel lorsqu’il nous rapporte de l’argent ? Même si il est certain qu’il ne faut pas hésiter à prendre le pognon qu’on peut au patronat et au système, il nous faut nous garantir que la majeure partie de notre activité ne soit soumise aux décisions financières de nos ennemis, et faire en sorte que l’aspect financier ne soit jamais un argument pour participer, négocier ou signer quoi que ce soit !

Le rapport financier est adopté à une très large majorité par un vote à main levée !

Le reste de l’après-midi sera consacré au thème 1 du document d’orientation.

Mais juste avant nous avons eu le droit à un excellent film réalisé par l’Institut d’Histoire Sociale de la CGT sur le travail. Ce petit film devrait être vu par tous les syndiqués car il remet en perspective certaines notions qui parfois sont oubliées sur la vision CGT du travail. Pour nous, le travail est émancipateur, c’est-à-dire qu’il permet à l’homme de se réaliser, et nous nous battons depuis plus de 120 ans pour l’émancipation des travailleurs. Cela induisant la « libération » du travail du carcan capitaliste et c’est pourquoi nous sommes pour l’abolition du salariat. Cela voulant dire que nous devrions mettre en avant que nous voulons la fin du capitalisme et la fin de la division de la société en classes sociales. La CGT veut libérer le travail, cela implique de le libérer du capitalisme !

L’autre moment fort fut l’instant de soutien aux lycéens qui avaient été contraints de se mettre au sol mains derrière la tête par la police, tout le congrès s’est levé et a tendu le poing pour démontrer notre solidarité avec ces jeunes mais aussi notre détermination à lutter contre la répression ! Et tout ça au cri de « Castaner démission ! » !

Un bon moment de fraternité et de solidarité qui démontre notre union malgré les diverses idées qui nous traversent !

J’essaierai de vous faire un petit compte-rendu du thème 1 et donc de cette fin d’après-midi de mardi en y incluant le débat de mercredi matin………

Pas sûr que cela soit possible ! Car le congrès est aussi la possibilité d’échanger entre camarades et cela fait du bien de rencontrer tant de syndiqués qui veulent en découdre !

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