Pour une alternative révolutionnaire à l’Europe capitaliste !

Les prochaines élections européennes, qui se tiendront le 26 mai 2019, suscitent à minima de l’indifférence mais principalement de la défiance. Une partie de la population voit dans cette Union Européenne une machine bureaucratique broyant leurs conquêtes sociales et tirant leurs conditions de vie vers le bas ou le moins-disant socialement en Europe. Le ressenti est très fort que le Parlement européen n’est pas un outil entre leurs mains mais dans celles de profiteurs de ce système – les capitalistes – représentés comme il se doit par des politiques à leur service. Le profit d’une minorité ne tolère aucun obstacle.

Face à ces diktats de l’Union Européenne, qui ne sont en définitive que les exigences des capitalistes dominant l’Europe, une partie de la population se laisse tenter par le discours démagogique et fourbe des nationalistes qui présentent le problème sous l’angle des frontières alors qu’il s’agit d’un problème de classe. Cette présentation trompeuse rencontre d’autant plus de succès qu’aucun parti de gauche n’explique clairement le caractère de classe de l’Union Européenne et les moyens d’en finir avec ce système. Le PCF se veut le porte-parole de la France qui souffre et fait au gouvernement dix propositions. Ces propositions, si elles étaient mises en application, mènerait certainement à une amélioration des conditions de vie de la population. Cependant, si elles rendraient plus vivable le système économique dans lequel nous sommes, elles ne permettraient pas  de prendre en main notre destin car, tout simplement, les grands leviers de l’économie appartiendraient encore aux capitalistes.

L’Union Européenne est présentée comme un rempart contre la guerre, mais elle a surtout été pensée comme un rempart contre le communisme. La création d’une zone de libre-échange européenne était, au départ, un projet américain. Elle faisait partie du « Plan Marshall » mis en place au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et prônait la création d’un « large marché domestique [européen] sans barrières commerciales internes » et la mise en place « d’une organisation conjointe et d’un effort commun » pour sa réalisation, selon les déclarations du gouvernement des Etats-Unis, à l’époque. La CEE a été créée en 1957 avec le Traité de Rome. Les pays membres étaient la France, l’Allemagne, l’Italie, la Hollande, la Belgique, et le Luxembourg. En 1991, il y avait douze pays dans l’union, dont l’Espagne, le Portugal et la Grèce. Le Traité de Maastricht a été rédigé. Progressivement, un appareil bureaucratique de plus en plus vaste a été mis en place. Le parlement européen n’a que des pouvoirs vagues et assez incompréhensibles. Les vrais pouvoirs sont entre les mains d’une caste de bureaucrates réactionnaires, au service des capitalistes, des grands groupes de l’industrie, de la finance et du commerce.

En définitive, l’Union Européenne sert à organiser l’exploitation des ressources humaines et matérielles et à imposer la régression sociale à l’échelle européenne. Son caractère de classe n’est donc plus à démontrer, et tous les communistes l’ont plus ou moins analysé de cette façon.

Actuellement l’Allemagne est clairement la puissance dirigeante et dominante de l’Union Européenne. Derrière la façade de la « coopération », les Etats n’ont pas les mêmes intérêts et s’efforcent d’utiliser l’UE à leurs propres fins. Les plus faibles subissent la loi des plus forts. Si le capitalisme allemand n’obtient pas nécessairement tout ce qu’il veut de la bureaucratie européenne, il faut dire que jamais aucune décision importante ne peut être prise sans son accord ou en contradiction avec ses intérêts. Cette domination constitue, par la force des choses, une atteinte à la souveraineté de pays plus faibles économiquement.

Mais s’il est besoin de préciser une chose, c’est que L’Union Européenne est dominée par les capitalistes allemands et non par les travailleurs allemands, qui subissent la même exploitation que les travailleurs des autres pays et luttent de la même manière. Quant à la France, qui est la deuxième puissance continentale, elle n’a jamais eu gain de cause contre l’Allemagne sur une question importante.

Les courbes de tous les indicateurs économiques montrent que l’année 2008 marque un tournant majeur dans l’évolution des économies européennes. La promesse de croissance et de stabilité s’est complètement évaporée. La réalité du capitalisme européen à notre époque est que les profits des capitalistes ne peuvent être assurés qu’en exerçant une pression permanente sur les travailleurs européens. La seule perspective que l’Union Européenne ouvre aux peuples est celle de l’« austérité ». C’est ce qui se passe partout en Europe. L’Union Européenne engraisse les capitalistes, mais pour les peuples, elle signifie la régression sociale permanente.

Les grandes banques et notamment la BCE constituent le socle même de tout l’édifice de la finance capitaliste européenne. Ian Brossat propose une réorientation et une démocratisation de la BCE, mais ne réclame que la nationalisation d’une seule grande banque privée. La démonstration de la nocivité des banques dans un système capitaliste est imparable : spéculation, financement des délocalisations, évasions fiscales, investissements dans des secteurs sans intérêt social ou destructeurs etc… Alors pourquoi s’arrêter à revendiquer la nationalisation d’une seule banque privée ? Comment une seule banque nationalisée pourrait-elle changer le fonctionnement du système bancaire au milieu des autres restées privées ? Car soit elle serait rapidement absorbée, ou dans le meilleur des cas elle serait dans l’obligation d’aligner son fonctionnement sur celui de ses concurrentes.

Le PCF et Ian Brossat doivent se montrer moins timides et revendiquer la nationalisation de toutes les grandes banques, sous le contrôle des salariés de ces banques et de leurs organisations syndicales. C’est tout le système bancaire qui doit être géré en commun. Il faut savoir frapper au cœur du système. La prise de contrôle public de l’ensemble du secteur financier permettrait l’utilisation des ressources financières nationales dans l’intérêt des usagers et de l’ensemble de la population et porterait par la même occasion un coup à l’édifice financier de l’Union Européenne.

Pour faire entendre la voix du monde du travail, Ian Brossat et le PCF devraient également expliquer aux travailleurs que les propositions faites pour améliorer leur quotidien, si elles ont une chance d’être appliquées, seraient immédiatement combattues par les capitalistes car elles vont à l’encontre de leurs intérêts. Pour ne pas y renoncer, il n’existera pas d’autre issue que de nationaliser toutes les entreprises capitalistes qui dominent l’économie. En rapport avec les luttes pour améliorer leurs conditions de travail et de vie, c’est une approche qui serait comprise par beaucoup de salariés, et notamment par les plus combatifs. Tous les grands leviers de l’économie doivent être placés entre les mains des travailleurs !

Certains camarades posent la sortie de l’Union Européenne comme un préalable, comme une façon de briser la chaîne de l’Union Européenne. Nous ne partageons pas ce point de vue. Le Brexit et les conséquences négatives sur les travailleurs anglais devraient d’ailleurs aider à comprendre que retrouver sa “souveraineté” ne signifie rien quand toute la souveraineté économique est aux mains des capitalistes. Autant le constat est évident que l’Union Européenne défend les intérêts des grands capitalistes, autant sortir de l’Union Européenne signifierait demeurer dans un système capitaliste dans des frontières bien françaises ! Les conditions de vie des salariés français seraient sans doute encore plus difficiles et le repli nationaliste encore plus important.

Les communistes sont toujours internationalistes. Comme le disait Marx dans le Manifeste du Parti Communiste :  “Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat.” Le combat des communistes français est de convaincre les salariés de la nécessité vitale d’exproprier les capitalistes, de prendre le contrôle de l’économie du pays, et de se servir du Parlement Européen comme d’une tribune pour appeler les salariés des autres pays d’Europe à la coopération et à mettre un terme à la concurrence qui leur nuit à tous. Le retentissement d’un mouvement révolutionnaire dans un pays qui tendrait la main aux travailleurs des autres pays serait un coup terrible aux profiteurs du système actuel, qui jouent sur la division en exacerbant les différences de nationalités ou de religions. Une lutte massive et victorieuse contre le capitalisme en France entrerait nécessairement en conflit avec les traités et dispositions légales de l’Union Européenne. Elle signifierait, compte tenu de la place qu’occupe la France en Europe, la fin de l’Union Européenne sur ses bases actuelles, et ouvrirait la voie à la mise en place d’une véritable coopération économique libre, fraternelle et mutuellement bénéfique entre tous les pays du continent.

Eric Jouen, CGT, PCF 76

  1. “Les 10 propositions du PCF pour la France – Site Internet du P.C.F..” 16 mars. 2019, http://www.pcf.fr/actualite_les_10_propositions_du_pcf_pour_la_france. Date de consultation : 23 avr.. 2019.
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