Le 26 janvier dernier, la grève héroïque des agents de nettoyage de l’hôtel Holiday Inn de Clichy avait atteint la barre symbolique des 100 jours. Le jeudi 8 février, après 111 jours de grève, un accord de fin de conflit a été trouvé entre les grévistes et le duo d’exploiteurs Hemera-Holiday Inn. Ils ont repris le travail ce lundi 12 février, la tête haute face aux patrons.
L’année avait commencé par un raidissement du patronat, mettant à profit ses contacts dans le monde politique bourgeois, que ce soit en ayant comme avocat le cabinet de l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve ou encore les tentatives d’intimidations de la part de la municipalité LR déjouées par le seul conseiller municipal PCF, Hicham Daad. La stratégie de convergences des luttes avec différents secteurs du monde du travail d’une part et de médiatisation d’autre part, avec des rassemblements à Marseille, Lyon ou encore à Genève devant les hôtels fleurons du groupe Intercontinental, a fini par porter ses fruits.
Les grévistes ont su faire face jusqu’au bout. Le 31 janvier, lors d’un rendez-vous de médiation à la préfecture des Hauts de Seine, le patronat, avec tout son mépris de classe, est allé jusqu’à demander la tête de la figure de la lutte, Mirabelle Nsang, avant de négocier ! Restés fermes sur leurs positions malgré cette énième tentative d’intimidation, les grévistes ont arraché des engagements de la direction d’Hemera dès le vendredi suivant cette première rencontre, dont la fin de la menace contre Mirabelle, déléguée CNT-SO. Mettant en œuvre une autre stratégie, les patrons d’Hemera et Intercontinental, ont tenté de diviser le mouvement en proposant une internalisation partielle et progressive, d’abord des équipiers et des plongeurs puis seulement des femmes de chambre et gouvernantes. Ce piège a été habilement évité par les grévistes : ils sont restés unis jusqu’au bout.
Concrètement, après une dernière tentative de pression patronale, les travailleurs obtiennent la réintégration de 2 salariées mutées précédemment, la suppression du paiement à la tâche (remplacé par un paiement horaire), la disparition des contrats ultra-précaires, c’est-à-dire qu’aucun contrat en dessous de 30 heures hebdomadaires ne peut- être signé dans cet hôtel, le versement d’un panier repas de 7€14 par jour travaillé, la garantie de deux jours de repos consécutifs hebdomadaires et la suppression de la clause de mobilité. Seul bémol : l’internalisation, c’est à dire la fin de la sous-traitance, devra être négociée ultérieurement pour entrer en vigueur totalement en août 2019.
Cette victoire est un énorme coup contre l’arrogance patronale dans la sous-traitance hôtelière. Et leur victoire a déjà des répercussions : un mouvement de grève a été amorcé à l’hôtel Formule 1 de la Porte de Montmartre durant la lutte acharnée et sans faille à Clichy. La direction du Formule 1 a alors immédiatement engagé des négociations avec les salariés, qui revendiquent un 13e mois, le paiement des heures supplémentaires et une proposition de contrat à au moins 30 heures par semaine.
JSB PCF 92