La mascarade de la motion de censure

L’Humanité« les opposants de gauche ont échoué à réunir les 58 signatures nécessaires au dépôt d’une motion de censure pour rejeter la loi El Khomri ». Même si la motion de censure avait pu être présentée, la droite ne l’aurait probablement pas votée, par crainte de voir le projet de loi retoqué après quatre mois de contestation dans la rue.  La loi est critiquée par la droite. Mais elle va dans le sens de la casse sociale voulue par la droite. Les sénateurs de droite ont d’ailleurs durcie la loi lors de son passage au Sénat, notamment sur la flexibilité du temps de travail.

Parmi les 56 signataires de cette motion de censure, on trouve 10 députés sur 10 du groupe Front de Gauche, 10 députés sur les 17 du groupe écologiste, 2 députés sur 2 du groupe Modem. Les autres sont des socialistes. Mais la plaisanterie, c’est que, parmi les signataires socialistes qui avaient signé  la précédente motion de censure (lors du premier passage de la loi travail à l’assemblée), quatre ne l’ont pas signé cette fois-ci et ont été remplacés par quatre autres. Qu’y a-t-il de différent entre la première présentation de la loi et la seconde ? Rien. Clairement, la stratégie des soi-disant frondeurs est de contester le gouvernement en façade, sans le remettre sérieusement en cause.Le frondeur Christian Paul annonce, fier de lui :« Ce qui est important, c’est de défendre haut et fort ses convictions ».Mais les convictions de ses députés socialistes, frondeurs ou non, sont bien qu’il faut défendre et protéger ce gouvernement complètement soumis aux intérêts capitalistes. Les frondeurs sont les « idiots utiles » du gouvernement. Avec cette motion, ils ont montré leur vrai visage.
La Loi El Khomri représente un enjeu énorme pour la classe capitaliste. La faire passer de force est contraire aux intérêts personnels de nombreux élus du PS et compromet la réélection possible de François Hollande. Pour 2017, le PS se condamne à une défaite assurée. Mais le gouvernement persiste tu de même. Bien entendu, les socialistes chercheront à nous servir la soupe du danger du FN et de la nécessité de « voter utile » pour le contrecarrer, mais peu de travailleurs verront une différence réelle entre le PS et la droite. Si, au second tour, il y a le choix entre Hollande et Sarkozy (ou Juppé), ce sera plutôt un non choix.
Le groupe « Les Républicains » avait la capacité de déposer une motion de censure. Cette motion aurait probablement abouti avec le vote du groupe « Front de Gauche » et peut-être quelques écologistes. Mais la droite est empêtrée dans ses luttes internes et ne veut pas de l’élection anticipée qui résulterait d’une motion de censure.Après quatre mois de combats acharnés, de blocages, de manifestations, de grèves, le gouvernement n’a pas bougé. Il imposera sa loi. Mais notre combat n’est pas terminé. Pour le mouvement ouvrier, il ne reste plus que deux options : accepter défaite après défaite ou changer de stratégie. Il faut tirer les enseignements de la lutte qui a été menée. Il est surtout nécessaire de prendre conscience de ce qui s’impose à nous. La lutte entre les représentants de la classe capitaliste et les travailleurs est une lutte qui doit être menée jusqu’au bout. Les capitalistes et leurs représentants politiques sont absolument implacables. Des manifestations, des blocages et des grèves isolées ne suffisent plus pour les faire faire reculer. La peur de perdre les élections non plus. Il ne nous reste plus qu’une seule solution, celle de préparer les conditions matérielles et psychologiques d’une véritable grève générale et illimitée, autour d’un programme d’action pour  mettre fin au pouvoir des capitalistes.

Fabien Lecomte CGT 78, PCF 28

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