Le texte qui suit est une contribution des camarades de La Riposte de Seine-Maritime proposée à leur fédération. Il s’inscrit dans le cadre des élections régionales et se veut constructif afin de renforcer le parti communiste du point de vue idéologique et stratégique. Sans doute, il comporte des carences au niveau programmatique mais il a le mérite de lancer le débat au sein du parti plus que jamais nécessaire sur les méthodes de construction d’un mouvement qui puisse ouvrir concrètement la perspective de la capacité à lutter contre le système capitaliste en posant les bases du socialisme.
Nous vivons actuellement une époque très tourmentée dans laquelle les reculs sociaux n’ont jamais été aussi présents. Nous assistons à un détricotage minutieux et permanent des conquêtes sociales orchestré par le MEDEF et dont le parti socialiste se fait actuellement le vecteur politique. Le capitalisme n’est plus en mesure historiquement de hisser la société vers le haut, mais son maintien plonge toujours plus les travailleurs, retraités et étudiants dans la précarité, l’insécurité sociale et la misère.
Le gouvernement « socialiste », sans le dire, applique l’austérité pour les salariés et leurs familles, sous le diktat de l’idéologie de la classe capitaliste qui impose la régression sociale pour maintenir sa position de classe dominante dans un régime en crise.
Hollande, élu en 2012 avec un programme qui ne remettait pas en cause le régime capitaliste, a pris fait et cause d’un système où la défense des intérêts des plus puissants deviendrait inéluctablement sa mission. Le pouvoir politique n’est qu’au service du pouvoir économique, et sans remettre en cause les causes fondamentales de ce pouvoir économique, à savoir la propriété privée des moyens de production et d’échange, le pouvoir politique ne fait que gérer les conséquences du capitalisme dont l’austérité est un facteur inéluctable.
Le libéralisme n’est que la suite logique d’un système qui œuvre pour son maintien en tant que système dominant. Le capitalisme des 30 glorieuses avec les grandes avancées sociales dont notre parti en a été un acteur majeur n’est plus qu’un lointain souvenir. Ce serait une grave erreur d’analyse que de penser à la possibilité de retrouver les facteurs ayant permis nos avancées sociales. Nous ne sommes plus dans une période de croissance mais de contraction de l’économie. La production capitaliste a saturé les marchés : la part des richesses revenant aux salariés est devenue trop faible pour relancer l’appareil productif qui appartient à la classe capitaliste, bien que les besoins, y compris les plus vitaux, ne soient pas satisfaits. Tous nos acquis sociaux, obtenus par les luttes mais tolérés par un système économique en expansion pendant une période exceptionnellement longue, sont devenus des obstacles au bon déroulement du capitalisme.
Aujourd’hui le capitalisme fait état de son pourrissement, de sa faillite à élever l’Humanité. La crise du système n’en est que la preuve et cette crise n’a pas été créée par des personnes de nature malveillante ou comploteuse mais bel et bien par le système lui-même dont une minorité veut préserver ses profits.
Nous pouvons en tirer la conclusion que pour sortir de ce marasme, pour défendre tout progrès social, nous devons alors combattre le système lui-même. A l’intérieur de ce système nous ne pouvons plus espérer le moindre progrès comme ce fut le cas par le passé. Il faut s’attaquer à la racine du mal, la propriété capitaliste, par la socialisation des moyens de production, d’échanges, la socialisation des banques ! Ce sont les fondements d’un programme communiste qui nous permettra d’ouvrir une vraie perspective de changement.
Ce sont là bien sûr de grandes idées générales.
Renouer avec notre électorat, relancer la dynamique
Ce gouvernement appliquant contre-réforme sur contre-réforme, répondant ainsi aux exigences du MEDEF, s’est décrédibilisé aux yeux de la majorité de la population. Néanmoins au moment des élections présidentielles de 2012 nous avions créé une dynamique et suscité l’espoir dans cette colère qui jaillissait des tréfonds de la société, parmi les travailleurs les plus conscients et les syndicalistes qui cherchaient une issue politique à leurs luttes qui bien souvent se terminaient en défaites. Malheureusement nous n’avons pas réussi à donner une continuité et une stabilité à ce mouvement par la suite.
Cette responsabilité nous incombe. Face à la position du parti socialiste, face à sa politique, nous aurions dû être beaucoup plus sévères, avoir des positions plus fermes dans les faits.
Face aux attaques qu’elle subit quotidiennement, la population attend d’un parti comme le notre un programme implacable avec le système qui l’écrase, comportant des mesures qui mettent les capitalistes sur la défensive. Dans bien trop d’élections, les alliances électorales ont pris beaucoup plus d’importance qu’une simple stratégie.
Même si certaines alliances ont permis d’arracher certaines concessions, nous avons été petit à petit assimilés à un parti dont le programme consisterait à rendre supportables les conséquences d’un système, mais en beaucoup moins important que le PS.
Il est temps désormais que nous soyons perçus comme une force alternative, une force capable de montrer à la majorité de la population là où se situe le cœur du système pour qu’elle prenne le pouvoir sur la société.
Sans cette fermeté et cette clairvoyance dans notre programme et ses mesures concrètes, la voie sera davantage ouverte à la droite et surtout à l’extrême-droite qui n’a jamais gouverné, en apparaissant comme des solutions à tenter pour sortir enfin de cette situation.
En 2012 notre campagne énergique autour des slogans forts « prenez le pouvoir », avec l’ébauche d’un programme « l’humain d’abord » qui critiquait les positions bien trop conciliantes du PS, avait suscité l’enthousiasme. Nous devons renouer avec cette dynamique, ouvrir des perspectives claires, notre parti a les capacités mobilisatrices plus que n’importe quel autres parti à gauche pour mener une lutte ouverte contre le capital, pour peu que nous adoptions la bonne stratégie et que nous ne nous arrêtions pas à des stratégies électorales à court terme. Il nous faut une vision stratégique à long terme, nous gagnerons ainsi la confiance de la population, ce qui nous permettra de peser dans la lutte politique qui nous oppose aux défenseurs du capital de tous bords.
Election régionale comme levier d’une politique à très large échelle
Compte tenu de la situation décrite plus haut et dans l’hypothèse la plus favorable, c’est-à-dire que nous ferions un bon score et de ce fait que nous augmenterions notre nombre d’élus, les Régionales ne constituent pas en soi un levier suffisant pour inverser la tendance à la dégradation sociale. L’essentiel du pouvoir est entre les mains des capitalistes, par leur domination économique ils imposent leurs exigences dans le seul but de préserver leurs intérêts et continuer à accroitre leurs profits, pourtant dans une situation où la croissance économique oscille entre récession et stagnation.
Néanmoins l’importance de nos élus à défendre les attaques en tous genres contre les services publics, contre les collectivités, à dénoncer la politique réactionnaire de la droite et de l’extrême droite, à dénoncer l’alignement des élus socialistes sur les intérêts du capital, est essentielle. Il est indéniable que l’austérité imposée par le gouvernement sur le plan national se retrouve à l’échelle des régions. Le rôle de nos élus régionaux est de combattre cette mise à mal qui touche à la qualité de vie quotidienne de la population, des travailleurs, des chômeurs, des étudiants, des retraités, des femmes au foyer ou des mères célibataires. Le gouvernement donne tous les leviers du pouvoir dans les mains des capitalistes, n’hésite pas à remettre en cause les droits des salariés durement acquis par les luttes syndicales et politiques. Telle est la vraie nature de ce gouvernement et de la politique menée par le parti socialiste. Il n’y pas de différence fondamentale entre un élu socialiste à l’échelle nationale et à l’échelle locale. Si l’un peut appliquer l’austérité à l’échelle nationale, l’autre peut la décliner à l’échelle locale.
Notre campagne doit dénoncer ces pratiques qui ne diffèrent guère de la droite, là réside l’importance des élections régionales. Pour gagner en crédibilité, faire entendre notre voie, être reconnus comme l’alternative, nous devons marquer notre différence face au parti socialiste et utiliser ces élections comme tremplin pour les élections suivantes. Nos élus sont de véritables porte-voix qui nous permettent de faire le lien entre les institutions de la république, qui pour le moment ne sont que des instruments du grand patronat, et la masse de la population. Il est fondamental que nos élus conservent ce lien mais cela doit s’articuler autour de la démocratie interne du parti qui facilite la connexion avec la masse de la population, essentiellement grâce au travail quotidien de nos militants dans les entreprises, les associations et les syndicats. De cette manière notre travail politique sera mieux compris. Associé à un programme offensif, cela ouvrira des perspectives pour tous ceux qui subissent les attaques permanentes du grand patronat, et les souffrances de leurs conditions sociales.
Cette voie est la voie de la radicalisation, le système capitaliste nous l’impose sous peine de capitulation. La capitulation nous écartera des travailleurs et ouvrira un boulevard à l’extrême droite. Plus que jamais le rôle du parti a une importance cruciale sur la suite des évènements et nous devons saisir toutes les opportunités qui s’ouvrent à nous, pour construire les forces sociales qui puissent mettre à mal un système qui nous asservit aux intérêts du capital et dont l’humain n’est plus qu’un objet corvéable et jetable au service de l’économie. Les Régionales comme les autres élections ne sont que des jalons dans la construction d’une véritable force d’opposition permettant d’être le pôle d’attraction de la colère latente en souterrain et en surface de la société.