En 2013 dans le monde, plus de 50 millions de femmes, hommes et enfants se sont vus obligés de quitter précipitamment leurs lieux de vie habituels pour fuir guerres, persécutions et famine.
Dans ce nombre qui compte à la fois ceux qui sont restés dans leurs pays et ceux qui se sont expatriés, plus de 16 millions sont déclarés comme réfugiés par l’ONU. Plus de 6 millions de ces réfugiés sont loin de leurs foyers depuis au moins 5 ans. On compte près de 25.000 enfants séparés ou non accompagnés de leurs parents.
La moitié de ces réfugiés viennent d’Afghanistan, Syrie et Somalie, pays où l’impérialisme occidental a fait des ravages.
Ils sont accueillis majoritairement au Pakistan, en Iran et au Liban. L’Europe quant à elle accueille une infime partie de cette population en détresse, alors qu’une bonne partie des états qui la composent sont parties prenantes dans les conflits secouant la région. Ainsi, à peine plus de 280.000 demandes d’asile ont été acceptées en 2014 à l’échelle du continent, soit moins de la moitié des demandes déposées.
L’hystérie médiatique actuelle autour de la prétendue porosité des frontières européennes contraste avec la réalité. Présentée comme une invasion dangereuse pour les comptes publics et la sécurité des habitants, l’arrivée des réfugiés en Europe est en réalité beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît. L’opération Triton, menée par l’agence Frontex chargée de la surveillance des frontières européennes, consiste à refouler les bateaux de réfugiés vers leurs lieux de départ et à détruire les embarcations sur les rivages avant qu’elles ne prennent la mer. Depuis début 2015, plus de 2500 personnes se sont noyées en Méditerranée faute de secours. En une décennie, 20.000 personnes sont mortes dans ces conditions atroces.
Pour éviter de passer par la mer, les réfugiés passent par la région des Balkans. Mais une fois arrivés à la frontière hongroise, ils se retrouvent encore une fois bloqués par un dispositif drastique de refoulement. Le gouvernement hongrois a en effet érigé une clôture tout le long de sa frontière avec la Serbie. La Grèce, la Bulgarie et l’Espagne ont fait de même avec leurs frontières qui épousent le pourtour de l’Union Européenne.
En France, l’année 2014 a vu 14.512 personnes se faire accorder le statut de réfugiés.
Cela est très peu comparé aux besoins réels. Pourtant, le pays a maintes fois prouvé par le passé qu’il a les capacités d’accueillir les populations malmenées par les soubresauts de l’Histoire. Ainsi en 1939, les Républicains espagnols furent 440.000 à trouver refuge de notre côté des Pyrénées. En 1962, 700.000 « pieds noirs » ont gagné le sol français après la signature de l’accord d’Evian qui a mis fin à la guerre d’Algérie. En 1979, 120.000 Cambodgiens, Laotiens et Vietnamiens ont été secourus et accueillis par la France. Ces faits prouvent que lors d’événements historiques, la population française est capable d’absorber des arrivées massives de réfugiés en un court laps de temps.
D’ailleurs, l’attitude de la population en France et dans toute l’Union Européenne contraste avec celle de la clique bureaucratique qui nous gouverne. Ainsi, des initiatives citoyennes fleurissent un peu partout sur le continent pour venir en aide aux réfugiés. Le long de la route terrestre reliant la Grèce à l’Allemagne, les habitants se mobilisent pour offrir vivres et soins aux marcheurs exténués. En Italie, un village s’est entièrement dévoué à l’accueil de réfugiés, provoquant du même coup sa propre résurrection. En Espagne, des villes tenues par Podemos et d’autres formations de gauche se sont constituées en réseau dans le but d’accueillir les réfugiés arrivant sur le territoire. En Allemagne, les réfugiés nouvellement arrivés sont accueillis avec des soins et de la nourriture. En France, une association a lancé un appel aux particuliers pour qu’ils accueillent des réfugiés au sein de leurs foyers. En une semaine, elle a reçu 3500 mails de familles se portant volontaires ou du moins demandant des précisions.
De 1870 à 1910, les Européens ont été des millions à quitter le Vieux Continent pour gagner les Etats-Unis et l’Amérique du Sud. Aujourd’hui, des populations opprimées tentent de rejoindre l’Europe pour vivre une vie meilleure. Demain, les catastrophes climatiques jetteront sur les routes des millions de réfugiés d’un nouveau genre. Les déplacements de populations font partie intégrante du fonctionnement de l’espèce humaine. Pour que ces déplacements soient voulus et non plus subis, encore faut-il en finir avec ce système économique qui dresse les peuples les uns contre les autres et saccage la nature, et le remplacer par un système qui unisse l’Humanité à elle même et à sa planète.