Le 26e congrès de The Struggle – « La Lutte » – s’est tenu, du 30 mars au 1er avril dernier, dans l’auditorium du Centre Iqbal, à Lahore. A cette occasion, la section pakistanaise de la Tendance Marxiste Internationale a réuni près de 2200 délégués venus des quatre coins du pays : du Punjab, du Baluchistan, du Sindh, de Karachi, du Kashmir, de Pukhtoonkwa et même du Waziristân, la zone tribale à la frontière de l’Afghanistan, où une guerre fait rage. Pour se payer le voyage les menant au congrès, de nombreux délégués ont dû faire d’énormes sacrifices, et notamment vendre des biens personnels.
Des visiteurs d’une dizaine de pays ont fait le déplacement. La délégation indienne, composée de 16 camarades, a reçu un accueil particulièrement enthousiaste. Les années précédentes, nos camarades indiens n’avaient pas pu obtenir de visas. Etant donnés les conflits qui opposent les classes dirigeantes indienne et pakistanaise, la présence de communistes indiens était un événement d’une grande importance.
Le congrès s’est ouvert sur un hommage à notre camarade Ted Grant, qui nous a quitté en juillet dernier. Lal Khan a rappelé sa lutte acharnée, depuis la fin des années 30, pour défendre les idées du marxisme contre le stalinisme et le réformisme. Les délégués ont observé une minute de silence en sa mémoire.
La composition du congrès était très majoritairement ouvrière. Un certain nombre de militants occupent des positions syndicales dirigeantes, dans différents secteurs de l’économie pakistanaise. Mais un grand nombre de lycéens et étudiants étaient également présents. Il y avait aussi une centaine de camarades femmes, ce qui un est bon résultat au regard de la monstrueuse oppression que subissent les femmes dans ce pays, et de tous les obstacles qui les tiennent à l’écart de l’activité politique. Cependant, le congrès a souligné la nécessité absolue de développer ce terrain d’activité et d’avoir une plus grande proportion de femmes, lors du prochain congrès.
Il est impossible de rendre compte, ici, du détail des discussions politiques qui ont eu lieu. Mais toutes les interventions soulignaient l’extrême instabilité de la situation politique et sociale, dans cette région du monde. Lors de la session sur les perspectives mondiales, Alan Woods a démontré que les impérialistes se trouvent dans une situation intenable, en Afghanistan, ce qui constitue une menace directe pour la stabilité du Pakistan. Washington exerce une énorme pression sur le gouvernement d’Islamabad pour qu’il participe à la guerre au Waziristân (à la frontière du Pakistan et de l’Afghanistan), et ce alors que l’armée pakistanaise y a déjà perdu 800 hommes. Le nombre de civils tués est incalculable. Les sentiments anti-américains, dans le pays, atteignent des sommets.
Lal Khan, qui introduisait les débats sur les perspectives pour le Pakistan, a exposé les éléments de la crise révolutionnaire en maturation, dans ce pays. La bourgeoisie pakistanaise, complètement corrompue, est incapable de développer l’économie du pays. Pris en tenaille entre les éléments fondamentalistes de l’appareil d’Etat, la pression de Washington et celle, croissante, du mouvement ouvrier, le régime de Musharraf est extrêmement affaibli. Il ne tient que par un fil, et Musharraf lui-même a été la cible de plusieurs attentats.
La discussion sur les tâches organisationnelles était introduite par Manzoor Ahmed, député à l’Assemblée Nationale et secrétaire national de la Campagne pour la Défense du Syndicalisme Pakistanais (PTUDC). En l’espace de deux décennies, dans des conditions extrêmement difficiles, The Struggle s’est transformée d’un petit groupe de militants en une organisation nationale reconnue, bien implantée dans le mouvement syndical et qui commence à jouer un rôle décisif dans un certain nombre de luttes. Elle attire sous son drapeau les meilleurs éléments de la jeunesse et de la classe ouvrière, mais aussi des vétérans du mouvement communiste. Récemment, l’ex-secrétaire général du Parti Communiste Pakistanais, Jam Saqi, qui jouit d’une très grande réputation dans le sous-continent indien, a officiellement rejoint notre organisation.
Inévitablement, dans la période à venir, le PPP – le Parti du Peuple Pakistanais – reviendra au pouvoir. Les idées et le programme de ses dirigeants seront alors soumis à une épreuve sévère. Dans ces circonstances, nos camarades de The Struggle, qui constituent la tendance marxiste du PPP, auront la possibilité de devenir une véritable organisation de masse, capable de mener le peuple pakistanais à la victoire – c’est-à-dire à la transformation socialiste de la société. Lors de la vague révolutionnaire de 1968, il manquait aux travailleurs et aux paysans pakistanais une authentique direction révolutionnaire. La prochaine fois, ils trouveront cette direction, que nos camarades construisent avec un courage, une audace et une énergie exemplaires.