Esclaves domestiques et “importation” de prostituées en France

Depuis sa création, il y a six ans, le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM) a traité plus de 200 dossiers d’esclavage domestique. Sur 142 victimes identifiées, 24 étaient des mineures. Elles sont le plus souvent originaires d’Afrique, d’Inde, des Philippines ou d’Europe de l’Est. Séquestrées, coupées du monde, elles n’ont aucune connaissance de leurs droits. Une “chappe de silence”, pour reprendre l’expression d’Yvette Roudy, ancienne ministre des Droits de la Femme, couvre cette forme moderne d’esclavage, pratiquée par des employeurs richissimes, dont bon nombre (23% des employeurs répertoriés par le CCEM) sont des diplomates. Ceux-ci sont en effet protégés contre des poursuites par l’immunité diplomatique. Mal payées et mal nourries, les victimes sont parfois aussi battues ou violées. Le cas de Joséphine B., une congolaise née en 1961, donne une idée du calvaire quotidien de ces femmes. Maintenue en esclavage pendant 17 ans à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, elle aurait subi de nombreux sévices, y compris des viols et des coups de couteaux, sans jamais percevoir le moindre salaire. Le CCEM est intervenu en sa faveur. Mais le juge en charge du dossier a prononcé un non-lieu “faute de charges suffisantes”.

Plus grave encore que cet esclavage domestique est l’activité des filières mafieuses de séquestration et de vente des femmes destinées à la prostitution. Aujourd’hui, on estime que plus de 80% des prostituées en France sont sous la tutelle d’éléments mafieux, qui les “tiennent” sous la menace de violences, voire de mort. De nombreux reportages télévisés ont été réalisés sur ce sujet. Les femmes sont “importées” en France d’Albanie, de Russie, d’Europe de l’Est, d’Afrique ou encore d’Amérique latine. Des jeunes femmes en provenance d’Albanie sont généralement vendues pour 1500 francs à des revendeurs qui fournissent les proxénètes à un prix de 5000 à 10 000 francs par femme. Au niveau du gouvernement, on affiche une indifférence totale, et en tout cas une inaction totale, face à ce phénomène abominable qui prend des proportions de plus en plus importantes.

La Rédaction

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