Samedi 18 octobre à Rouen se déroulait « la marche des Normands », sorte de commémoration historique dont l’objectif est de mettre en avant l’identité normande. Mais les références à l’histoire normande, notamment au passé Viking de la région peine à masquer que derrière cette commémoration se trouve une myriade de groupuscules xénophobes et autre identitaires d’extrême droite. Parmi eux, les très probables organisateurs, « Les Normaux », organisation fondée sur les cendres du groupe nationaliste et islamophobe Génération Identitaire qui avait été dissous par le gouvernement en 2021, après avoir mené des actions contre les migrants. Dans leur marche, Les Normaux ont été rejoint par des groupes venus d’autres villes.
Cette manifestation se déroule dans un contexte lourd où différents groupes, dont Action française, ont agi ces dernières semaines par diverses agressions sur Rouen. Tous ces groupuscules se sentent portés par les événements, diffusant leur haine par des actions contre tous ceux qui ne représentent pas leurs idées et discours nationalistes et suprémacistes blancs. Ils sont encouragés par les discours et les lois anti-immigration portés par l’ensemble de la droite (macroniste compris) et la poussée électorale du Rassemblement National.
L’ensemble des organisations politiques de gauche, de jeunesse ainsi que les syndicats (CGT, SUD, FSU) ont appelé à une contre-manifestation pour s’opposer non seulement politiquement, mais physiquement. Les procédures administratives comme les dissolutions n’ont que peu d’effet face à des groupes qui aussitôt dissouts se reforment sous d’autres noms. En dernière analyse, la solution pour faire face à ces groupes ne pourra provenir que par la mobilisation des travailleurs, de la jeunesse et de leurs organisations. Il faut souligner ici que la jeunesse constituait une part très importante du cortège, consciente des dangers que représente l’extrême droite de manière générale.
Bien que les discours nationalistes et démagogiques de l’extrême droite laissent croire que la responsabilité de la dégradation de nos conditions vie est liée aux « flux migratoires non maîtrisés » et « aux politiques laxistes en termes de délinquance », dans tous les pays où elle est arrivée au pouvoir, la situation ne s’est pas tellement améliorée, elle s’est même dégradé. Les services publics ont été détruits, les libertés et les droits piétinés, le pouvoir d’achat des travailleurs rogné et la haine de l’autre érigée en valeur morale.
Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen et opposant droitier d’Olivier Faure au sein du PS, a tenté de saisir le préfet pour interdire cette marche, mais elle a été finalement autorisée par ce dernier. La contre-manifestation s’est lancée vers la marche des Normands qui « possédait » un sérieux service d’ordre. Le préfet avait mis en place un dispositif de « maintien de l’ordre » autour du site où se déroulait la marche, en empêchant l’accès à la contre-manifestation.
L’opposition s’est aussi manifestée du coté de l’Université de Rouen où le département d’histoire à cosigné avec d’autres structures (La Cité Immersive Viking, Les enfants de Rollon et le Carnaval Da Rouen) un communiqué : « Nous, animateurs du patrimoine, guide-conférencières, historien.ne.s, spécialistes passionnés de l’histoire et de la culture normande, n’avons rien à voir avec “La marche des normands ». Nous refusons catégoriquement que l’image de notre région soit associée à une identité réactionnaire, de rejet et d’exclusion ».
Gauthier HORDEL