Crise économique et sociale, crise de régime : édito du n°73

Editorial, La Riposte n°73

Le gouvernement mis en place par Hollande et Valls est un gouvernement dans l’intérêt exclusif du patronat.

Le changement n’est pourtant pas énorme. Pour dire les choses comme elles sont, la politique mise en œuvre avant ce dernier remaniement n’avait rien de « socialiste ». Plus de 40 milliards ont été versés dans les coffres du patronat. Et pour quel résultat ? Les dividendes des grandes entreprises ont augmenté de 30 %. Mais le nombre de chômeurs n’a cessé de croître. Chaque mois qui passe voit une immense masse de travailleurs sans emploi – peut-être 6 millions, voire plus – s’enfoncer davantage dans la misère. Ceux qui ont un emploi s’appauvrissent aussi. La nouvelle équipe gouvernementale poursuivra cette même politique antisociale. Les quelques voix ministérielles timidement dissonantes ont été mises à l’écart. L’allégeance au capitalisme est assumée plus ouvertement que jamais. Voilà ce qui a changé.

Comme un capitaliste ne fait jamais trop de profits, le MEDEF salue les efforts du gouvernement comme un « premier pas » dans la bonne direction. Il l’exhorte à aller plus loin. Valls a déclaré à Jouy-en-Josas qu’il ne supportait pas la notion de « cadeaux au patronat ». Il prétend que ces cadeaux profiteront à tous. D’après lui, si l’on veut aider les pauvres, il faut d’abord enrichir davantage les riches !

Ainsi le gouvernement se présente en ennemi aux travailleurs – ceux-là mêmes qui l’ont porté au pouvoir. En qu’avons-nous à mettre en face ? Le paradoxe est que les travailleurs de ce pays représentent potentiellement une force invincible. Ils se comptent en dizaines de millions. Ils assurent pratiquement toutes les fonctions essentielles de l’organisme social et économique. Sans eux, sans leur assentiment, rien n’est possible. Et pourtant, face à un petit nombre de parasites capitalistes, cette masse potentiellement puissante demeure relativement passive. Pourquoi ? Pour partie, c’est que la mise en action de toute une classe ne peut être que l’aboutissement d’un processus plus ou moins long. Mais il faut aussi que les travailleurs soient armés d’idées, d’un programme, d’une stratégie. A quoi bon se mettre en action si, de toute façon, il n’y a pas d’alternative possible au capitalisme ?

Marx nous disait que des idées, une fois appropriées par les masses, deviennent une force matérielle. C’est ici que le PCF, les Jeunes Communistes, et plus généralement, la couche la plus militante, organisée et politiquement consciente des travailleurs se trouvent face à leurs responsabilités. Valls, Hollande, le MEDEF et tous les idéologues de l’ordre existant nous disent, en substance, que le fonctionnement de la société capitaliste exige la destruction des conquêtes sociales du passé, l’austérité sans fin. Thatcher parlait de « sang, sueur et larmes ». Les capitalistes et le gouvernement actuel ne nous disent pas autre chose. Ils affirment que le plein emploi, la sécurité sociale, les retraites, les droits syndicaux, des conditions de vie décentes, sont devenus complètement incompatibles avec les besoins de l’ordre capitaliste, et qu’il faut être « réaliste » et accepter cette vérité.

Acceptons-la, donc. Surtout que toute l’expérience collective de notre classe la confirme. Les notions d’une possible « réorientation » de la rapacité capitaliste sont illusoires. Nous ne manquons pas de « réformistes » qui partagent cette illusion. Mais la régression sociale est devenue une nécessité incontournable pour les capitalistes. Le MEDEF a raison sur ce point. Militants du PCF, jeunes communistes et syndicalistes que nous sommes, nous devrions fonder notre propre programme et définir notre propre stratégie à partir de ce même constat. Plus que jamais, tournons-nous résolument vers les travailleurs, vers la jeunesse exploitée, vers toutes les victimes du capitalisme. Expliquons-leur dans les termes les plus clairs que la sortie de la crise sociale passe par le renversement de l’ordre capitaliste, et que leurs luttes pour la défense de l’emploi et sur tous les autres fronts doivent s’inscrire désormais dans un combat pour l’expropriation des capitalistes. Les banques, l’industrie, les rouages de l’économie et de l’Etat ne doivent plus appartenir aux exploiteurs qui nous ruinent.

L’alternative au capitalisme, c’est une société où l’économie et l’Etat sont sous le contrôle collectif et démocratique des travailleurs eux-mêmes.

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