La crise du NPA

Le 22 avril dernier, le NPA et Lutte Ouvrière ont réalisé le plus mauvais résultat de l’« extrême gauche » à une élection présidentielle depuis 1969. Avec 0,56 % des voix, soit dix fois moins qu’en 2002, la direction de Lutte Ouvrière affiche une satisfaction sans faille. Il en va sans doute autrement à la base, où des critiques et des interrogations ne peuvent manquer de surgir. Quant au score de Philippe Poutou (1,15 %), il marque une nouvelle étape dans la crise interne qui secoue le NPA depuis deux ans et qui, à terme, pourrait aboutir à sa dislocation.

Le NPA compte dans ses rangs de nombreux militants dévoués à la cause des travailleurs. S’ils veulent contribuer de la façon la plus efficace à la lutte pour la transformation socialiste de la société, ils doivent réfléchir sérieusement aux causes fondamentales de l’impasse dans laquelle se trouve leur parti.

Lors de sa création, en 2009, les fondateurs du NPA – c’est-à-dire les dirigeants de l’ex-LCR – lui prévoyaient un avenir grandiose. Fort de plusieurs milliers d’adhésions en quelques mois, le NPA devait poursuivre sur cette voie et supplanter à court terme le PCF, décrit comme « mourant ». A l’époque, La Riposte n’accordait pas le moindre crédit à cette perspective. Nous expliquions que l’ascension du NPA serait de courte durée et que le parti finirait par sombrer dans une crise sévère. Pourquoi ?

Avant 2009, déjà, les dirigeants de la LCR ne prenaient pas les idées du marxisme très au sérieux. Ils n’attachaient pas une grande importance aux questions de programme, de perspectives et de théorie. La création du NPA a aggravé cette erreur. Ses dirigeants espéraient qu’en « assouplissant » davantage les idées de la LCR et en ouvrant l’organisation à toutes sortes d’éléments confus (anarchistes, réformistes divers, « éco-socialistes », « décroissants », etc.), ils allaient attirer beaucoup plus de monde sous leur bannière. Le nom même du nouveau parti soulignait cette démarche opportuniste : l’« anticapitalisme » a remplacé le « communisme révolutionnaire ». En réalité, ceci ne pouvait que préparer les éléments d’une décomposition ultérieure. Aux premières difficultés, l’absence de stabilité idéologique a précipité le parti dans d’interminables dissensions internes et provoqué une hémorragie de militants d’autant plus « déçus » qu’ils avaient cru naïvement que le parti volerait de succès en succès.

L’opportunisme des dirigeants du NPA était une tentative de rompre leur isolement en s’adaptant à la confusion et aux préjugés des masses (c’est l’essence même de l’opportunisme). Mais en fait, les masses ne s’intéressent pas aux petites organisations comme le NPA. Elles n’en voient pas l’utilité. Face à l’Etat, aux partis et aux médias capitalistes, elles ressentent instinctivement le besoin de puissantes organisations. Aussi se tournent-elles nécessairement vers les grands partis et les grands drapeaux qui, dans la conscience collective du mouvement ouvrier, sont associés à la lutte contre les injustices et l’oppression.

C’est exactement ce qui s’est passé lors de la campagne électorale. Seuls quelques experts pourraient expliquer en détail toutes les différences entre le programme du Front de Gauche et celui du NPA. Mais ce n’est pas ce qui a déterminé le choix des 4 millions de personnes qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon. Le Front de Gauche ne tombe pas du ciel. C’est une alliance du PCF et d’une scission du Parti Socialiste (le PG). Autrement dit, il bénéficiait d’emblée d’immenses réserves sociales héritées d’une longue histoire. Dans le contexte d’une crise profonde du capitalisme, la campagne offensive de Jean-Luc Mélenchon a réussi à mobiliser ces réserves sociales – ou plus exactement une partie de ces réserves. En faisant un pas sérieux vers la gauche, le candidat du Front de Gauche a coupé l’herbe sous les pieds du NPA et de Lutte Ouvrière. Et si, comme nous le souhaitons, le Front de Gauche mène une lutte sérieuse contre la politique de rigueur que prépare le gouvernement socialiste, ses effectifs et sa base de soutien continueront de se développer, ce qui aura tendance à miner davantage la position du NPA et de Lutte Ouvrière.

Quelle conclusion un militant révolutionnaire du NPA – ou de LO – doit-il en tirer ? Un marxiste doit tenir compte du mouvement réel de la classe. Or le fait majeur de cette campagne, à gauche, c’est que la couche la plus consciente et la plus active de la classe ouvrière a massivement soutenu – avec enthousiasme – la campagne du Front de Gauche. Il faut donc développer l’influence des idées marxistes au sein du Front de Gauche. C’est l’objectif que se fixe La Riposte.


En photo : Christine Poupin et Myriam Martin, les deux porte-parole du NPA

La Riposte

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