Premières remarques sur la Conférence Nationale du PCF

La Conférence Nationale du PCF s’est prononcée pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon, à 63,6 % des voix. Ce n’est pas une surprise. La composition de la Conférence assurait d’avance une majorité à la direction nationale du parti. Le seul élément d’incertitude concernait le bulletin de vote qui sera soumis au suffrage des militants, les 16, 17 et 18 juin. Plusieurs dirigeants nationaux, dont Pierre Laurent, s’étaient prononcés contre le principe d’une « primaire » pour départager les candidatures de Chassaigne et Mélenchon. Autrement dit, de ces deux noms, seul celui Mélenchon devait figurer sur le bulletin de vote. Cette hypothèse était renforcée par plusieurs déclarations d’André Chassaigne lui-même, qui avait affirmé qu’il n’irait pas « au-delà » de la Conférence Nationale, si celle-ci se prononçait pour Mélenchon.

Finalement, André Chassaigne a annoncé qu’il souhaitait figurer sur le bulletin de vote. Le fait est que beaucoup de camarades le lui demandaient – et demandaient à la direction nationale d’y faire droit. Cette exigence a fait l’objet d’un grand nombre d’interventions à la Conférence Nationale. Au cours des dernières semaines, le mécontentement de nombreux camarades s’est exprimé de plus en plus fortement, dans les sections et fédérations du parti. Ce mécontentement s’alimente à plusieurs sources. A travers la candidature de Chassaigne, beaucoup de camarades défendent la nécessité que le PCF – et les idées du communisme – figurent au premier plan de la campagne électorale. C’est aussi le point de vue de La Riposte. Par ailleurs, la position de Mélenchon sur la guerre en Libye a choqué de nombreux camarades. Mais même des camarades plutôt favorables à Mélenchon, initialement, ont eu le sentiment – parfaitement fondé – que la direction du parti cherchait à imposer cette candidature au détriment d’un débat pleinement démocratique, au sein du parti. A cela se sont ajoutées les prétentions disproportionnées du Parti de Gauche et de la Gauche Unitaire sur les candidatures aux élections législatives. Au final, si la Conférence Nationale avait adopté un bulletin de vote ne comprenant pas la candidature de Chassaigne, ce serait très mal passé à la base du parti. Et ni Chassaigne, ni la direction nationale ne voulaient prendre la responsabilité de déclencher une crise interne sur cette question.

André Gerin a annoncé qu’il retirait sa candidature. Il appelle les militants à voter pour André Chassaigne. Ce sera évidemment compris et apprécié par les camarades qui soutiennent la candidature de Chassaigne. A l’inverse, Emmanuel Dang Tran a annoncé qu’il maintenait sa candidature. Nous reviendrons plus tard sur les idées politiques de Dang Tran, avec lesquelles La Riposte a des divergences de fond. Mais dans l’immédiat, le fait qu’il maintienne sa candidature apparaîtra à beaucoup de communistes comme une division qui risque de favoriser la candidature de Mélenchon. Les centaines de voix – et peut-être plus – qui se porteront sur le nom de Dang Tran pourraient manquer à la candidature d’André Chassaigne.

Dans les jours à venir, on entendra certainement l’argument suivant : « si les militants communistes désignent Chassaigne, le Front de Gauche explosera ». Pourquoi ? Parce que Mélenchon maintiendrait tout de même sa candidature à la présidentielle. Il est vrai que Mélenchon l’a suggéré à plusieurs reprises. Mais ceci n’est pas vraiment un « argument » ; c’est du chantage. Et cela fait précisément partie des choses qui ont irrité la base du parti, car cela revient à dire que la désignation de Mélenchon est une condition sine qua non de l’existence du Front de gauche. Or, ce n’est évidemment pas ainsi que l’écrasante majorité des militants communistes comprennent le Front de gauche.

La Riposte avait demandé que Chassaigne figure sur le bulletin de vote. A présent, nous appelons à soutenir sa candidature. Mais surtout, nous insistons sur la nécessité de mener campagne sur un programme communiste. Le fait que la Conférence Nationale se soit concentrée sur la question des candidatures, au détriment du programme, était sans doute inévitable. Mais la question du programme demeure absolument décisive. La candidature d’André Chassaigne ne prendrait tout son sens qu’à condition de reposer sur un programme défendant une alternative révolutionnaire au capitalisme en crise. A ce stade, le « programme populaire et partagé » comporte de nombreuses propositions positives. Mais il doit être complété par des mesures visant à briser le pouvoir d’une poignée de capitalistes sur l’économie, à commencer par la nationalisation de l’ensemble du secteur bancaire sous le contrôle des salariés et de leurs organisations.

La Riposte

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