Sonovision Itep : « 300 euros, tout de suite ! »

Nous avons rencontré Jean Marc Isnard, élu du personnel et délégué CGT de Sonovision Itep, lors du mouvement de grève du vendredi 4 mai 2007, sur le site de Colomiers, à l’entrée d’Airbus. L’interview suivante remonte à cette époque. Mais depuis le 18 juin, l’entreprise est de nouveau en grève, toujours pour des questions de salaire.

Quelle est l’activité de Sonovison Itep ?

On fait de la documentation technique. On travaille à 80% pour Airbus, sur Colomiers. Il y a environ 280 salariés sur le centre technique, qui est le plus important de France.

Pourquoi êtes-vous en grève ?

Ce mouvement est vraiment parti de la base. Il y a un ras-le-bol général sur les salaires. Cela fait 3 ans qu’on demande des augmentations générales significatives, en vain.

Sonovision-ITEP a ensuite été racheté en juillet 2006 par une « LBO [1] », structure financière qui prend sur les bénéfices pour rembourser les emprunts qui ont permis le rachat de l’entreprise. Si une telle opération a été montée, c’est que les rentrées d’argent sont assurées pour quelques années. Donc, de l’argent, il y en a.

Quelles sont vos revendications ?

On demande 300 € d’augmentation net. C’est ce qui correspond au manque à gagner depuis des années. De plus, la boîte peut largement le supporter, et ça nous ferait énormément de bien.

Nous avons commencé par des Assemblées générales, puis des courriers envoyés à la direction, à Paris. Aujourd’hui, nous avons réussi à faire descendre le DRH, qui devrait avoir toutes les cartes en mains pour négocier directement avec nous.

Quelles ont été les positions de la direction, jusqu’à présent ?

Il n’y a pas eu de réponses réelles, sauf lors des négociations annuelles obligatoires. Mais on ne pouvait pas vraiment parler de « positions ». Aujourd’hui, le fait que le DRH descende nous laisse espérer que ça ira plus loin que les habituelles considérations générales.

Quels ont été les bénéfices réalisés, l’an passé ?

La direction affiche des bénéfices de l’ordre de 8 à 9 millions d’euros. Mais en réalité, nous ne savons rien du détail.

Quel est le salaire moyen, dans l’entreprise ?

Il se situe aux alentours de 1700 euros brut. Mais les salaires les plus bas se situent à 1500 euros brut.

Le plan Power 8 prévoit de faire du ménage chez les sous-traits d’Airbus. Est-ce que vous craignez d’être touchés ?

Du travail, il y en a, et donc, a priori, il n’y aura pas de répercutions chez nous. Par contre, j’en profite pour demander aux salariés d’Airbus de vraiment se mettre en colère, car ce serait beaucoup plus facile, y compris pour les sous-traitants. Quand on voit les quelques mouvements spontanés qui ont eu lieu à Nantes et à Saint-Nazaire, et qui ont suffit à faire bouger la direction, on peut imaginer ce qui se passerait s’il y avait un mouvement de grande ampleur. Ça aiderait tout le monde : les salariés d’Airbus comme les sous-traitants.

La CGT d’Airbus s’efforce d’organiser l’union des salariés de sous-traitants. Avez-vous lié des contacts avec d’autres sociétés ?

On a pris contact avec d’autres boîtes de documentation, et on va sûrement se réunir dans les semaines à venir. On veut montrer que nous ne sommes pas en concurrence, contrairement à nos patrons.

La Riposte mène campagne pour la nationalisation d’Airbus sous le contrôle des salariés sans indemnités des gros actionnaires. Avez vous discuté de cette revendication avec le personnel ?

Dans l’immédiat, on se demande comment faire gagner notre mouvement, et on se concentre là-dessus. Mais en ce qui me concerne, je suis plutôt favorable à cette revendication.

La Rédaction

 

[1] « Levering Buy Out » : « Investissement à effet de levier ». Quelques actionnaires (généralement pris parmi les hauts dirigeants d’une entreprise) empruntent de l’argent à des banques, des fonds de pension ou autres, et créent une structure financière leur permettant de racheter leur boîte (pour Sono, elle s’appelle « Financière Sono »). Les bénéfices de l’entreprise remontent à cette structure et servent en grande partie à rembourser les dettes contractées par les actionnaires. Le reste, c’est pour les dividendes ou de nouvelles opérations.
Lorsque toutes les dettes sont remboursées (entre 5 et 7 ans), les actionnaires sont propriétaires de l’ensemble, alors qu’au départ, ils n’ont mis que 10 à 20 % sur la table… Effet de levier. A ce moment-là, ils revendent généralement leurs actions et empochent une énorme plus value…

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