Libération de Georges-Ibrahim Abdallah : la fin d’un déni de justice

La cour d’appel de Paris a ordonné jeudi 17 juillet, la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Le prisonnier politique le plus ancien dans une prison française a été expulsé ce vendredi 25 juillet vers le Liban, qui s’était dit prêt à l’accueillir. La Riposte se réjouit de sa libération.

Né à Kobayat au Liban en 1951, instituteur dans un village de la plaine de la Bekaa, Georges Ibrahim Abdallah avait rejoint le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) avant de participer en 1979 à la création de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL).

Incarcéré depuis 1984, Georges Ibrahim Abdallah avait été condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d’assassinat de l’attaché militaire de l’ambassade américaine Charles Ray et du diplomate israélien Yacov Barsimentov, abattus à Paris en 1982, ainsi que pour complicité dans la tentative d’assassinat de Robert O. Homme, consul américain à Strasbourg. Les FARL avaient revendiqué ces attentats commis en réaction à l’invasion du Liban par Israël en 1982, avec le soutien des États-Unis.

Lors de son procès, Georges Ibrahim Abdallah, d’abord défendu par l’avocat Jean-Paul Mazurier – qui avouera ultérieurement avoir trahi son client et pris contact avec la DGSE – n’a jamais reconnu son implication dans les assassinats des diplomates à Paris, mais les a toujours qualifiés d’« actes de résistance » contre « l’oppression israélienne et américaine ».

Dans un entretien accordé à France 24 en 2011, Yves Bonnet, l’ancien directeur de la DST, les services de contre-espionnage français, avouait que « La France a subi tout au long de cette affaire d’énormes pressions diplomatiques pour que celui qui a assassiné non pas des diplomates mais en réalité un agent de la CIA et un membre du Mossad (services secrets israéliens) reste en prison ».

Libérable depuis 1999, Georges Ibrahim Abdallah, qui était incarcéré à la prison de Lannemezan, avait déposé de nombreuses demandes de libération conditionnelle, toutes rejetées.

Ainsi, en novembre 2003, alors que le tribunal de Paul avait ordonné sa libération, Dominique Perben, ministre de la Justice de l’époque, avait fait appel de la décision et avait été suivi par la Cour d’appel. Six ans plus tard, en mai 2009, une autre demande de libération était également rejetée par la cour d’appel de Paris, s’appuyant sur la loi Dati sur la rétention de sûreté promulguée l’année précédente, pour considérer que le détenu est un « activiste résolu et implacable », risquant de récidiver dans son combat révolutionnaire, en cas d’expulsion vers le Liban.

Au total, entre 2004 et 2020, neuf des demandes de libération conditionnelle ont ainsi été refusées par la justice française.

De nombreuses organisations, dont le PCF, la CGT ou la LDH appelaient à la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Plusieurs municipalités avaient également apporté leur soutien à l’ancien chef des FARC en faisant adopter des motions en conseil municipal, à l’image de la municipalité communiste de Grenay (Pas-de-Calais).

Les soutiens de Georges Ibrahim Abdallah se sont réjouis de sa libération. Ainsi, la Ligue des droits de l’homme (LDH) observe que « La durée de sa détention est la conséquence d’un traitement d’exception manifestant un acharnement à son égard, avec les refus successifs des ministres de l’Intérieur d’ordonner son expulsion vers le Liban qui aurait permis sa libération plus tôt et avec les appels systématiques du parquet contre les décisions de justice qui lui étaient favorables. Il aura fallu plus de 20 ans à la justice pour faire droit à cette demande de libération ».

L’acharnement de l’État français, mais aussi des États-Unis et d’Israël, qui étaient parties civiles dans le procès, se sera poursuivi jusqu’au bout puisque dans un communiqué lundi 21 juillet, le parquet général de Paris avait annoncé se pourvoir en cassation, estimant que cette décision « n’est pas conforme à la jurisprudence de la chambre criminelle de la cour de cassation selon laquelle une personne condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits de terrorisme ne peut bénéficier d’une libération conditionnelle sans mesure probatoire ».

La cour d’appel de Paris avait néanmoins rappelé que « cette voie de recours ne suspend pas l’exécution de la décision ». Georges Ibrahim Abdallah, sorti de prison ce vendredi 25 juillet, a donc pu prendre un avion à l’aéroport de Roissy en direction de Beyrouth. C’est la fin d’un déni de justice dont La Riposte se réjouit.

Si l’histoire des FARL appartient désormais au passé, le Liban est aujourd’hui un pays divisé et meurtri. Pour la gauche libanaise et les marxistes, le combat pour un Liban laïc, démocratique et socialiste se poursuit.

David NOËL

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