Les enjeux de la question démocratique dans le PCF

Les votes sur les textes d’orientation dans le PCF ont montré que les instances dirigeantes perdent la confiance de la base. Le texte d’orientation de la direction n’a obtenu que 51% des voix, sachant que parmi les camarades qui ont voté pour ce texte, il n’y en avait qu’une minorité qui le trouvait satisfaisant en l’état. Que ce soit sur les démarches insensées des « primaires » dans le but déclaré de réunir « toute la gauche » (PS compris) autour d’un candidat unique dès le premier tour, sur le soutien des députés PCF, à l’Etat d’urgence et à la guerre au Moyen-Orient ou sur le programme général du parti, la direction ne parvient pas à rassembler une nette majorité autour de ses positions.

L’instance dirigeante du PCF, le Conseil National, n’est pas mise en place par une procédure électorale digne de ce nom. Avant le Congrès National et dans le plus grand secret, une liste de noms est préparée par l’entourage du secrétaire national. Les adhérents du parti ne sont pas du tout impliqués dans l’élaboration de cette liste et n’en prennent connaissance qu’après sa validation par le Congrès National.

Au début du Congrès, même les délégués ignorent l’identité des chefs futurs que les chefs actuels ont choisis pour eux. Ils doivent attendre jusqu’au moment où la distribution de la liste leur annonce la décision, un peu comme l’apparition de la fumée blanche au dessus de la Chapelle Sixtine annonce la décision des cardinaux pour l’« élection » papale. Il faut dire que le suspense n’est pas énorme, puisque dans quasiment tous les cas, anciens chefs et nouveaux chefs sont les mêmes. Un peu plus de 24 heures plus tard, la liste est votée par le Congrès selon une procédure qui ne laisse rien au hasard. Les délégués qui approuvent la liste la placent dans une urne. Les autres ne font rien. La liste recueille donc nécessairement 100% des voix, indépendamment du nombre de délégués qui l’approuvent.

Ainsi, la composition du Conseil National est déterminée essentiellement par les chefs du parti, qui sélectionnent ses membres en fonction de leurs propres critères. Dans des arbitrages qui ne doivent pas être simples à gérer, les dirigeants essaient de placer leurs amis et alliés respectifs. Ainsi, un grand nombre de membres du CN qui sont finalement sélectionnés savent que c’est grâce au regard favorable que certains chefs portent sur eux. Beaucoup de membres du CN sont rémunérés au titre des positions qu’ils occupent. Ils peuvent être ou espérer être des élus. Ils peuvent travailler pour des élus de diverses façons. D’autres sont des permanents dans les structures du parti. Puisque le parti manque d’argent, on encourage l’obtention de mandats électifs de la part des secrétaires fédéraux. Il y a donc des intérêts particuliers à défendre à différents niveaux. Il ne s’agit pas seulement d’emplois ou d’argent, mais aussi de pouvoir et de prestige. C’est une situation qui favorise la docilité politique. Contenter les chefs, c’est conforter sa petite place au soleil.

L’exigence du reversement des indemnités des élus communistes est une très bonne chose. Elle tend à limiter le risque de dérives et de corruption parmi les élus. Mais elle n’est pas et ne peut pas être d’une efficacité absolue. Les sénateurs, les députés, les élus régionaux et les maires sont exposés à bien des tentations. Les institutions et la société capitaliste peuvent leur ouvrir des portes, leur offrir des facilités, leur faire des « cadeaux » déguisés qui sont parfois très intéressants : voyages, invitations, petits services et avantages en tout genre. Certains résistent, d’autres pas. L’arme la plus efficace contre des dérives possibles, c’est l’instauration d’un régime interne démocratique où les militants de base élisent les dirigeants à tous les niveaux.

Si le Conseil National du PCF est très autonome par rapport à la base, les députés le sont encore plus. Après les attentats du mois de janvier 2015, les députés du parti ont bruyamment rallié les appels à l’« union nationale » de François Hollande, soutenu l’État d’urgence et exigé la création d’une coalition de grandes puissances pour intensifier la guerre au Moyen-Orient. Les communistes qui critiquaient ces orientations se sont vus rappeler que selon les statuts du parti, les parlementaires sont complètement autonomes et ne sont nullement obligés de tenir compte de l’avis des communistes. Le même argument a été avancé lorsque les ministres communistes approuvaient les privatisations massives mises en œuvre à l’époque du gouvernement Jospin ou quand ils ont approuvé, à la même époque, la participation française à l’invasion de l’Afghanistan.

En ce qui concerne la présentation de textes et la gestion des amendements pour le Congrès, la direction, en vertu du contrôle de l’appareil et des moyens de communication interne, bénéficie d’avantages majeurs par rapport aux camarades qui cherchent à porter des textes alternatifs à la connaissance des militants. La commission qui traite les amendements fonctionne comme un centre de tri au service de la direction. Il écarte d’emblée les amendements qui ne lui plaisent pas et se permet de réécrire et dénaturer d’autres. Les amendements et formulations d’origine ne sont connus ni de l’ensemble des militants, ni des délégués au congrès. Ils ne voient que ce que la commission les autorise à voir. Jamais aucun amendement modifiant de façon significative le contenu de la « base commune » n’a pu passer.

Il faut bien se dire que ces différents dispositifs n’existent pas par hasard. Ils correspondent à un besoin. Ils sont autant de mécanismes d’autodéfense de la direction, pour protéger sa position de toute remise en question « d’en bas ». Une réforme du PCF faisant en sorte que les membres du Conseil National seraient directement élus par les adhérents du parti, en fonction des effectifs des fédérations, serait un énorme progrès du point de vue de la démocratie interne, mais elle ne plairait pas à tout le monde. Au contraire, elle serait vécue comme une catastrophe par une bonne partie des dirigeants actuels. Si les dirigeants nationaux, au lieu d’être « pistonnés » d’en haut, devaient désormais gagner la confiance non pas du sommet, mais de la base, combien d’entre eux conserveraient leur place ? Nous ne le savons pas. Ce que nous savons, par contre, c’est qu’ils sont très peu nombreux à vouloir tenter l’expérience !

A l’inverse, la démocratisation du parti, donnant aux adhérents le droit et le pouvoir de déterminer la composition des instances dirigeantes, ainsi que le programme et les orientations stratégiques du parti, mènerait à une véritable transformation de sa vie interne du parti. Elle donnerait une forte impulsion à son développement sur tous les plans. Un parti où les décisions et le comportement des chefs ne seraient plus « à prendre ou à laisser », comme c’est le cas actuellement, serait beaucoup plus attrayant aux yeux de travailleurs et des jeunes. Cela nous aiderait à augmenter les effectifs du parti et à reconstruire sa base sociale et électorale. Par contre, le maintien d’une politique réformiste et d’un régime non démocratique et sclérosé condamnerait le parti à poursuivre son déclin et mènerait, à terme, à sa disparition.

L’enjeu du problème démocratique dans le PCF est donc vital. La démocratisation du parti ne se fera pas sans une lutte interne. La direction actuelle s’y opposera. Cependant, il est clair que la réorientation politique du PCF et son renforcement organisationnel rendent cette réforme démocratique absolument indispensable.

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One thought on “Les enjeux de la question démocratique dans le PCF

  1. bonjour . bien REÇU tout ceux que vous avez fait PARAÎTRE sur les RÉSEAUX , et fait partager avec mes camarades ,nous ESPÉRONS que les amendement DÉPOSER par les textes alternatifs , pour revoir cette B . C . qui ne REPRÉSENTE pas le vrais P .C .F .soit AMÉLIORER en profondeur , ici dans le var la B . C . est PASSÉE a 58% , mai avec beaucoup d abstentions , le 21 et 22 mai , il y a la CONFÉRENCE de notre fede , on va voir ceux qui vont proposer pour l AMÉLIORER , et pour voir ceux qu ils vont DÉFENDRE au congres , DÉBUT juin , mai , sommes pessimistes sur la conclusion DÉFINITIVE ,et tout ceux qui va etre ÉLU ,pour la suite et la REPRÉSENTATIVITÉ du P .C .F .en france , nous somme en cellule et n avons aucun REPRÉSENTANT , car rattacher a une SECTION ou nous avons beaucoup de PROBLÈMES d entente politique , et faisons le forcing pour passer en section , pour mieux travailler , on attend la fin du congres , bon courage a tous les camarades . UNE camarade qui y croit encore . Annie . A . T .

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