ADP parasité par les actionnaires : Communiqué de la CGT Aéroports de Paris

Suite à la récente prise de participation d’ADP dans des sociétés gestionnaires d’aéroports en Turquie, le syndicat CGT d’Aéroports de Paris (Sictam CGT ADP) nous a transmis le communiqué de presse suivant dans lequel il condamne le rôle parasitaire des capitalistes qui détiennent leur entreprise. Alors qu’ils trouvent des millions à investir à l’étranger, les propriétaires d’ADP imposent en effet la rigueur à leurs salariés et des suppressions d’emplois depuis plusieurs années. Le Sictam CGT ADP revendique la nationalisation et la socialisation d’ADP – c’est-à-dire une nationalisation sous le contrôle des salariés, à la différence de la précédente nationalisation – comme en témoigne la banderole (en photo) qui était en tête de son cortège le 1er mai dernier à Paris.


COMMUNIQUE DE PRESSE

ACQUISITION TAV PAR AEROPORTS DE PARIS
La logique actionnariale : de la prédation à la nocivité sociale et économique

L’acquisition, sur deux entreprises turques, de 38% du capital de la TAV Airports et de 49% de TAV Constructions, par Aéroports de Paris (ADP) a été financée par un emprunt obligataire qui pèsera sur les capacités de l’entreprise. Elle représente un coût de 700 Millions d’euros.

Cette acquisition, souhaitée par les principaux actionnaires d’ADP (Etat et institutionnels), n’est qu’une opération financière et, selon les médias de la finance, « une bonne manière de doper le chiffre d’affaires d’ADP ». Cette opération, qui permettrait au groupe français « de devenir le deuxième opérateur au monde dans la gestion aéroportuaire », amènent quelques réflexions.

Aéroports de Paris se « mondialise » en privilégiant dorénavant la « croissance externe » qui contribue à l’accélération de la mise en concurrence des salariés au niveau national et international.
Lors de la privatisation d’ADP, en 2005, l’argument majeur du gouvernement, pour expliquer l’ouverture et l’augmentation du capital, était de dire : « les entreprises pour se financer ont besoin d’argent. La meilleure solution consiste à s’engager dans la plus noble des formes de financement externe, la logique actionnariale ».

Mais avec l’acquisition d’une part de TAV Airports & Constructions, les questions viennent naturellement : Que devient la logique actionnariale ? Où sont les fonds propres de nos chers investisseurs qui prennent des risques pour cette acquisition ?
Le bilan de cette mascarade c’est, qu’en bout de course, à ADP comme dans toutes les grandes entreprises cotées, elles ne s’y résolvent qu’avec une grande difficulté … Non pas que ces entreprises aient une réticence de principe, mais simplement parce que ce sont leurs actionnaires eux-mêmes qui les en découragent !

Et pour cause, à ADP comme ailleurs, pour se financer, les actionnaires en place (les vrais, pas les petits porteurs), savent qu’émettre de nouvelles actions aurait pour conséquence de répartir le profit existant sur un plus grand nombre de parts, donc de faire baisser mécaniquement le bénéfice par action… et le cours de Bourse avec lui.
En clair, nos actionnaires voguent tout simplement sur la supercherie historique qui est à l’origine du système actionnarial : la soi-disant utilité sociale de la fortune privée, celle des pseudo-investisseurs qui envoient leurs épargnes à la Bourse, pour être la providence de l’économie réelle !

Ainsi, en France, sur les 200 milliards d’investissements annuels nécessaires réalisés par nos 1650 entreprises cotées (hors banques), seuls 14 milliards viennent de la Bourse. Le réel pourcentage de financement boursier pour l’investissement productif ne dépasse pas les 7 %… Le reste provient essentiellement de prêts bancaires ou des marchés obligataires.

Le bilan de cette logique est édifiant, en effet les entreprises du CAC 40, pour la seule année 2011 ont distribué 39 milliards d’euros à leurs actionnaires et au cours des cinq dernières années ont détruit 48.000 emplois. Parmi les entreprises cotées, Aéroports de Paris, n’échappe pas à ce bilan alors que ses actionnaires ont été largement remboursés. La chute des effectifs, année après année, de la maison mère ADP s’aggrave et le Groupe vient de se débarrasser encore de 5,4% de ses effectifs en 2011. Pour autant, les dividendes versés aux actionnaires dont l’Etat majoritaire pour la même année ont encore progressé de 15,9% !

Le nouveau gouvernement annonce vouloir faire de la « croissance » et de l’emploi ses priorités vertueuses. Si tel est le cas, il serait de bon sens que cette logique et ses conséquences cessent, en commençant par toutes les entreprises historiquement publiques, dont la nôtre, car il est temps de s’interroger sur le fait contradictoire que l’Etat s’arroge le droit d’être, à la fois un actionnaire sans scrupule (droit privé) et vouloir représenter les intérêts publics de la Nation.

Pour le Sictam CGT d’Aéroports de Paris, cette logique actionnariale, berceau du libéralisme et de sa mondialisation, a démontré sa nuisance prédatrice vis-à-vis de la croissance économique et sociale en détournant une partie croissante de la richesse créée dans l’entreprise par le Travail vers des actionnaires qui ne servent que leurs intérêts. Notre organisation syndicale s’opposera toujours à cette logique.

Paris, le 5 juillet 2012

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